Speaking of the Devils | Justine Vanhaevermaet: « Les Diables vont gagner le Mondial »
Quatre mois après le quart de finale historique des Red Flames à l’EURO 2022, c’est au tour des Diables rouges de porter haut les couleurs belges sur la scène internationale. À quelques heures d’un Mondial qui risque d’en dire beaucoup sur l’avenir de la sélection masculine, la parole est aux Flames, pour évoquer leurs Diables de référence. Aujourd’hui, Justine Vanhaevermaet, la Red Flame sans limite.
On va gagner le Mondial. » Le ton est donné. Pour Justine Vanhaevermaet, le constat est clair : les Diables rouges peuvent offrir le grand frisson effleuré en 2018 à la Belgique. Entre des nations favorites qui débarquent avec des joueurs en méforme et un « collectif belge qui se connaît sur le bout des doigts », tout est possible pour une ex-première sélection mondiale qui de prime abord apparaît bel et bien sur le déclin. « Nous aussi on a des blessés, mais tout le monde connaît son rôle sur le terrain. Et ça va jouer à partir du moment où il n’y a qu’une semaine de préparation », assène la numéro 10 des Red Flames. « Ils ont le même coach depuis des années. En plus, ce sont des gars qui ont faim, ça se sent. Ils sont déjà passés tout près à quelques reprises et ils ont la dalle. On a le meilleur gardien du monde, le meilleur médian du monde, un des meilleurs avants du monde. Alors oui, j’y crois. Et je me réjouis de voir ça. »
On critique Axel Witsel en disant qu’il joue trop latéralement mais c’est ça, son rôle: savoir conserver la balle et stabiliser le jeu. Il est très important pour l’équilibre de l’équipe.
Justine Vanhaevermaet
La dernière fois qu’on s’était retrouvé face à une JVH aussi convaincue de son fait, c’était huit mois avant l’EURO 2022, quand elle nous avait affirmé sans sourciller que le dernier carré européen n’était pas une utopie. Au final, seul un coup de casque fatal de la Suédoise Linda Sembrant dans les arrêts de jeu aura eu raison de la prophétie de JVH… Et si comme sur le terrain, la Pythie de Saint-Nicolas voyait les choses avant tout le monde ?
La ressemblance Witsel, la sensation Onana
JVH. Une joueuse qui a vécu une première saison d’excellente facture à Reading, même si les Royals connaissent un début de championnat un peu poussif en FAWSL. Justine Vanhaevermaet, elle, poursuit ses missions tant en club qu’en équipe nationale, malgré la douloureuse élimination en barrages pour la Coupe du monde 2023 face au Portugal (2-1). Son rôle dans la salle des machines la rapproche naturellement d’Axel Witsel. « C’est vraiment lui qui dicte le tempo, qui sert de courroie de transmission entre la défense et l’attaque », explique-t-elle. « Il est très fort pour conserver le ballon possède une grande intelligence de jeu… »
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Forcément, c’est aussi le sens du passing du Rojiblanco qui tape dans l’œil de l’internationale. « Il ne rate jamais une passe ! Alors OK, on le critique en disant qu’il joue trop latéralement mais c’est ça, son rôle : savoir conserver la balle et stabiliser le jeu. Il est très important pour l’équilibre de l’équipe. Les Diables possèdent de super médians offensifs, mais c’est important d’avoir quelqu’un qui sait exactement où se placer et s’assure que tout le monde est en position au moment d’armer une contre-attaque, bref qui bosse dans l’ombre. » Un peu le genre de boulot qu’abat Vanhaevermaet sous la houlette d’Ives Serneels, elle qui figure régulièrement dans les Flames qui avalent le plus de kilomètres sur le pré.
À 33 ans, Witsel va bien devoir un jour laisser sa place d’aiguilleur du ciel. Et à ce poste, Amadou Onana s’annonce comme son héritier, lui qui est passé en quelques mois de cinquième roue du carrosse à Lille à titulaire en puissance à Everton. « J’avoue que je ne le suivais pas trop quand il jouait au Losc, mais depuis qu’il est en Angleterre, il m’impressionne », raconte Vanhaevermaet sur son coup de cœur du moment. « Il est immense (1,95 mètre, ndlr), mais ça ne l’empêche pas d’être mobile. Il est athlétique, mais rapide. Il a pas mal de body control. » Une qualité que partage Justine, qui elle aussi sait comment déplacer ses 186 centimètres sur la pelouse. « Et Onana n’évite pas les ballons, il sait prendre ses responsabilités balle au pied. Il n’a pas peur que les choses tournent mal. À un si jeune âge (21 ans, ndlr), c’est une preuve de maturité. »
L’évidence Vanaken et un avenir pas si sombre
Mais la médiane ne se contente pas d’utiliser ses grands compas pour récupérer des ballons. « Sa force, c’est de jouer vers l’avant », expliquait son ancienne équipière Heleen Jaques (97 caps internationales) à Sport/Foot Magazine en mars dernier. Un trait de son jeu qui aurait tendance à la rapprocher de Youri Tielemans. « C’est vrai que sans avoir le même profil, on se ressemble un peu : on a cette envie d’être les détonateurs des attaques de notre équipe, de toujours penser offensivement, de repérer les espaces pour y glisser le ballon », acquiesce la joueuse de trente ans. « Faire une passe latérale ou vers l’arrière n’arrivera qu’en dernier recours avec Youri. Son autre force, c’est son tir de loin. Dès qu’il approche les seize mètres, il devient une menace. »
On dit de Hans Vanaken qu’il est trop raide, mais il est très fort balle au pied et toujours bien positionné, donc pour moi, c’est un faux problème.
Justine Vanhaevermaet
Mais si finalement, ce n’était pas Witsel qui était le pendant diabolique de Justine ? Et si la gémellité était à chercher du côté du Club Bruges et d’Hans Vanaken ? « Oui, on me dit souvent que je lui ressemble… », rigole la principale intéressée. Même dégaine élancée, même profil de « fausse lente », il y a quelque chose à creuser de ce côté-là. « Les gens s’imaginent parfois que je suis lente, mais je ne pense pas que ça soit le cas. On a ça en commun », dit la Red Flame. « On est grands tous les deux. On parle sans arrêt de ma taille, ce qui m’ennuie un peu parfois, car j’estime apporter plus que ça », souffle-t-elle, avant de revenir sur le fait que le double Soulier d’Or reste sous-estimé chez nous. « Il est considéré comme un bon joueur, sans plus. On dit qu’il est trop raide, mais il est très fort balle au pied et toujours bien positionné, donc pour moi, c’est un faux problème. Il n’a pas l’air d’être le gars le plus athlétique du monde, mais il parcourt un nombre incalculable de kilomètres, dispose d’une très bonne technique et va toujours là où il y a de l’espace. Et puis bon, quand tu joues à Bruges depuis des années, ça veut quand même dire que tu as quelque chose. En tout cas, moi, quand on me compare à lui, je le prends comme un compliment. Les gens doutent de lui, mais je ne me rappelle par exemple pas avoir vu quelqu’un lui chiper le ballon. »
Au moment d’analyser le compartiment médian des Diables rouges, Vanhaevermaet voit donc pas mal de raisons de se réjouir. Y compris au-delà de ce Mondial que l’on annonce comme la dernière danse de la « Génération dorée ». « Mais oui, il y a Onana et Tielemans. Lui, il fait partie des ces Diables qui vont faire la différence à l’avenir en termes de leadership et d’efficacité », affirme-t-elle. « D’accord, il n’est pas au niveau de Kevin De Bruyne, qui est l’un de mes Diables préférés. Mais honnêtement, quel milieu de terrain l’est vraiment en ce moment ? Il est juste injouable ! »
Injouable, oui, et il reste à espérer que ça sera le cas pour un mois de plus. Histoire que Justine Vanhaevermaet puisse passer un 18 décembre aussi cool qu’elle le présume aujourd’hui.
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