Simon Mignolet, mains gantées et pieds dorés ?
Le favori du Soulier d’or a brillé dans une année où les Blauw en Zwart ont plus que jamais eu besoin de ses gants pour continuer à s’imposer dans les grands rendez-vous.
Il y a des regards qui parlent bien plus que tous les mots. Celui de Simon Mignolet, installé entre ses perches face à Dante Vanzeir lors du premier duel crucial des play-offs entre l’Union et Bruges. Big Si s’agite pour troubler l’attaquant saint-gillois, mais a surtout les yeux d’un homme prêt à faire pencher la balance de son côté. Le but semble devenir minuscule. Trop petit, en tout cas, pour que Vanzeir parvienne à cadrer. Quatre ans après un titre glané sous Ivan Leko sans jamais trouver un dernier rempart indiscutable, Bruges soulève son troisième trophée national de rang en donnant l’impression que son Diable rouge ganté en est le protagoniste majeur.
Paradoxalement, c’est en encaissant plus que Simon Mignolet est devenu plus précieux. Si le Club n’avait encaissé que quatorze fois (en 29 matches) lors de la phase classique pour sa première saison en bleu et noir, l’addition a grimpé pour se chiffrer à 26 buts la saison suivante, puis 37 en 2021-2022. Une tendance à se retourner souvent qui suivait alors les chiffres européens des Brugeois, toujours fébriles défensivement sous Philippe Clement avec 42 buts encaissés en 18 rencontres de poules en Ligue des Champions, loin des cinq buts subis en six sorties lors de la campagne menée par Ivan Leko.
Souvent protégée par les courses d’Odilon Kossounou en Pro League, la surface brugeoise est démesurément exposée suite à la vente du véloce Ivoirien à Leverkusen et l’absence de couverture supersonique à la base du bloc blauw en zwart. C’est là que Mignolet doit apparaître. Pas toujours irréprochable à la fin de l’année 2021, il enchaîne les grosses prestations en même temps que les clean-sheets sur la route du titre. Dans la foulée de l’élimination contre Gand en Coupe, la doublure de Thibaut Courtois chez les Diables n’encaisse que cinq fois en onze sorties, avec des play-offs d’exception pour brûler la politesse à l’Union. En six matches, Big Si facture 4,37 prevented goals, soit un peu plus de quatre buts « arrêtés » selon les post shot expected goals qui évaluent la qualité des frappes adverses. La défense fragilisée de Bruges a besoin de lui, et le dernier rempart répond présent, de plus en plus au fur et à mesure que ses gants chauffent.
S’il sort encore quelques prestations remarquées en championnat lors du début de saison 2022-2023, contre Genk ou Anderlecht, c’est surtout en Ligue des Champions que s’écrit la suite de l’histoire. Après les quatre premières sorties, synonymes de qualification, Mignolet affiche 5,11 prevented goals. Personne d’autre, dans la reine des compétitions de clubs, ne fait mieux que le Belge, marquant les esprits en même temps que des points pour ses couleurs. Le dernier rempart est l’artisan majeur de la qualification d’un Bruges plus déséquilibré qu’il n’y paraît. Paradoxalement et logiquement à la fois, c’est au terme de l’année récente la moins aboutie de ses couleurs que le Club devrait retrouver le Soulier d’or. Parce que son organisation défensive trop fébrile a obligé Simon Mignolet à rappeler qu’il était un grand gardien.
Un article réalisé en collaboration avec Vision du Jeu.
Vision du Jeu, c’est une analyse de données pertinentes basée sur le décorticage de plus de 250.000 buts, permettant de déchiffrer le modèle de jeu de chaque club, d’identifier avec certitude les forces et les faiblesses de chacun, au service de tous les acteurs et observateurs du football.
Dans le cadre de notre partenariat, Vision du Jeu nous fournit un soutien statistique et analytique, via son créateur Christian Schaekels, qui nous permet de confirmer ou d’infirmer nos observations de terrain, dans un échange permanent entre les chiffres et le jeu.
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