La déception du Qatar ne sera pas la dernière histoire belge de la carrière d’Axel Witsel. © BELGA PHOTO BRUNO FAHY

Simeone, une blessure et des amicaux inquiétants: pourquoi les Diables avaient besoin de Witsel

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Axel Witsel est de retour chez les Diables rouges, dans la peau d’un défenseur. Le signe d’une relève qui peine à éclore pour protéger les buts belges.

La surprise n’en était plus vraiment une, la presse quotidienne ayant éventé les coulisses du retour chez les Diables d’Axel Witsel bien avant que Domenico Tedesco, polo terne et sourire éclatant, ne s’asseye face aux questions du Proximus Basecamp de Tubize. Encore fallait-il en entendre les raisons. Parce que si la cure de rajeunissement est criante dans le secteur offensif, où les vétérans Mertens et Hazard se sont éclipsés au profit de Bakayoko ou Lukebakio, la défense emmenée par les Diables à l’Euro se construit sur un paradoxe: avec 28,1 ans de moyenne, elle sera plus âgée que la défense unanimement qualifiée de trop vieille sélectionnée par Roberto Martinez pour le voyage au Qatar (27,1).

C’est le signe que ce retour en grâce d’Axel Witsel dans le giron national, quatorze mois après une première sélection dont il ne faisait pas partie et qui l’avait incité à claquer la porte des Diables en annonçant sa retraite internationale, n’est pas seulement dû au haut niveau que le Liégeois affiche à l’Atlético de Madrid, récent quart de finaliste de la Ligue des Champions. Nuance majeure, c’est d’ailleurs dans une robuste organisation défensive, au cœur d’une dernière ligne à cinq têtes (alors que Tedesco a ramené la défense à quatre au menu diabolique) que Witsel s’est mis en évidence cette saison. Il y avait suffisamment de bonnes raisons pour ne pas faire marche arrière, comme le sélectionneur a d’ailleurs toujours choisi de le faire quand des joueurs avaient annoncé ranger le maillot des Diables au placard. Pourtant, Domenico Tedesco s’est rendu à Madrid, après un coup de téléphone initial adressé au «Colchonero». Il devait y avoir de très bonnes raisons.

Les déclencheurs de mars

«J’ai rencontré Axel avant la blessure de Jan (NDLR: Vertonghen)», place d’emblée le coach italo-allemand, défaisant la réflexion facile du back-up de luxe. «Je voulais le voir, parler de la situation avec lui parce qu’on avait besoin de lui. On a décidé de prendre un peu plus d’expérience au sein de l’équipe, surtout à cette position où Vertonghen est notre seul joueur de métier.»

S’il affirme que la porte a toujours été ouverte pour un retour de l’ancien milieu défensif des Diables, Domenico Tedesco n’avait pas saisi l’opportunité des matchs amicaux de mars, en Irlande et en Angleterre, pour rappeler l’un des tauliers de la génération dorée. Pourtant, Witsel s’était alors déjà mis en évidence au sein de la défense madrilène, notamment face à l’Inter lors de l’affiche des huitièmes de finale de Ligue des Champions.

Une dizaine de jours après ce récital sur la piste aux étoiles, Koni De Winter (contre l’Irlande) et Zeno Debast (face à l’Angleterre) reçoivent tour à tour leur chance au cœur de l’axe central des Diables. Deux partages amicaux, mais trop d’occasions concédées: les modestes Irlandais frappent sept fois depuis l’intérieur de la surface belge, alors que les coéquipiers de Jude Bellingham cumulent 19 tirs, dont quatorze dans la zone de vérité. Beaucoup trop, aux yeux de Domenico Tedesco: «Bien sûr, l’Angleterre est l’une des meilleures équipes d’Europe, mais on doit faire mieux que ça. Lors des deux derniers mois, on a regardé ce match dans les détails et on a maintenant des entraînements et des amicaux très importants pour améliorer ça.»

Même s’il affirme que «les matchs de mars n’ont pas été la raison principale de mon voyage à Madrid», le sélectionneur semble avoir vu en Witsel la clé pour adoucir la transition brutale vécue par le secteur défensif après le Qatar. Pointée du doigt avant le début du Mondial, l’arrière-garde avait finalement été l’une des rares satisfactions de la morne fin d’automne dans le Golfe. Si Wout Faes est devenu l’associé privilégié de Vertonghen lors de la campagne qualificative, Koni De Winter et Zeno Debast ne semblent pas avoir convaincu Tedesco qu’ils étaient déjà prêts pour l’éventualité d’une charnière centrale sans vétéran. Contrairement à Ameen Al-Dakhil, dont le sélectionneur a déploré la blessure alors que «c’était l’un des jeunes qui nous avait satisfait en défense».

Le retour en grâce d’Axel Witsel semble donc bel et bien être un désaveu quant aux trop faibles progrès effectués par la nouvelle génération de défenseurs centraux. Préféré à Toby Alderweireld en raison de sa polyvalence, le «Colchonero» doit pourtant à son replacement un cran plus bas par Diego Simeone sa présence dans la liste belge pour l’Euro. Et un poste de titulaire? Domenico Tedesco n’a pas exclu sa présence aux côtés de Jan Vertonghen dans l’axe défensif. Au vu de la sélection, c’est plutôt le fait d’envisager de débuter un match important sans aucun des deux hommes dans la charnière qui semble exclu.

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