RWDM: cinq hommes pour un titre
Chacun à leur manière, sur le terrain ou en coulisses, ils ont pesé sur le titre du RWDM. Analyse.
Victoire, confettis et petit envahissement de terrain: le RWDM est champion de Challenger Pro League, l’antichambre de l’élite belge et gagne le droit de monter en première division. Après la fête, l’heure est au bilan de la saison dans les travées du stade Machtens. Focus sur les cinq hommes décisifs dans le sacre final des Bruxellois.
Le réveil tardif de Kylian Hazard
Alors que la saison régulière du Brainois fut très moyenne, le premier ticket aurait très bien pu être attribué aux seize goals de Mickaël Biron ou à l’explosion du jeune Zakaria El Ouahdi. Miné par quelques pépins physiques, le cadet de la fratrie Hazard s’est rapidement rendu compte que ses stats d’un petit assist en douze rencontres disputées n’étaient pas suffisantes pour mener ses couleurs vers le titre. Kylian a décidé d’activer la machine au bon moment, dès le premier match des Promotion Playoffs, où il marque un but et délivre deux assists face au Lierse dans la victoire 3-1. Au final, l’ailier facture la dernière ligne droite du championnat à 6 goals et 7 assists et aligne la saison la plus prolifique de sa carrière. Percutant grâce à des dribbles courts et une grosse vitesse d’exécution, Kylian en a également profité pour glisser quelques délicieuses galettes des 20 mètres pour définitivement s’installer parmi les cuisiniers de cette accession au gratin du football belge.
Théo Defourny, monsieur fiable du RWDM
Lorsqu’on termine une saison avec 100 % de temps de jeu, c’est soit que la doublure n’est pas au niveau, soit qu’on fait partie de la catégorie des joueurs indéboulonnables. Pour Théo, la réponse se trouve évidemment dans la deuxième proposition, tant le gardien franco-belge fait partie des bases du rectangle vert placé vers la rue Charles Malis. Capitaine depuis le départ de Gilles Ruyssen, le portier est clairement l’un des leaders du groupe et fait partie des joueurs les plus appréciés du vestiaire molenbeekois, comme en témoignent les chants “Théo, Théo, Théo” repris en cœur par ses coéquipiers juste avant qu’il ne brandisse le trophée de champion. Formant un duo de confiance avec l’entraineur des gardiens Thierry Berghmans, Defourny s’est montré impérial à plusieurs moments de la saison et est la fiabilité incarnée de la défense coalisée qui garde ses filets inviolés presque 1 match sur 3.
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Vincent Euvrard et son changement gagnant
Le début de saison fut en demi-teinte et le bilan de 9/21 ne reflétait que les nombreux changements qui s’opéraient en coulisses, avec un noyau qui devait encore se former. Après l’échec de l’année dernière, les ambitions carnivores de Textor obligeaient Euvrard à devoir travailler sous une pression constante pour assouvir les désirs de montée de tout un peuple noir et rouge. Alors qu’il mit du temps à trouver son système, le coach flandrien finit par trouver la formule magique grâce à un 3-4-3 Tuchelesque où l’organisation était l’un des maitres mots. Très inspiré par l’école allemande, le jeune coach bâtit son équipe sur un jeu très direct où les mouvements des joueurs offensifs dérèglent toutes les défenses de Challenger Pro League, laissant très souvent le ballon à ses adversaires. Une belle remise en question pour celui qui gardait plutôt le ballon lors des premiers matches. Une faculté rare qui débouche vers un sentiment de devoir accompli.
Jake O’Brien, la tour de contrôle
Le colosse irlandais est l’un des artisans du succès molenbeekois. Imbougeable derrière, le défenseur arrivé sur la pointe des pieds en fin de mercato en provenance de Crystal Palace, le fruit le plus mûr de la chaine de clubs de John Textor. Très solide dans le jeu aérien et très bon dans les duels au sol, le géant défenseur a rapidement poussé Gilles Ruyssen vers la sortie, accessoirement capitaine et joueur le plus capé du club. Au milieu du trident défensif, accompagné par Jonathan Héris et Florian Le Joncour, Jake bouscule toutes les pointes de l’antichambre et s’accorde même à planter une petite rose pour semer les bases d’une victoire dans le jardin du Machtens. Alors que la Challenger Pro League est déjà bien trop petite pour son mètre 97, O’Brien ne ferait pas tache dans la plupart des clubs de l’élite belge. Adulé par les supporters du Daring, Jake et sa mentalité de gagnant devraient néanmoins retourner à Londres.
Thierry Dailly, le messie du RWDM
Il est sans conteste LA personnalité de ce sacre. Ce brusseleir pur jus a ressuscité le club en 2015 et lui a permis d’atteindre le Graal moins de huit ans plus tard. Une performance remarquable tant le club a souffert, les années précédentes, de gestions chaotiques, accumulant les soucis financiers qui ont finalement eu raison des 4 lettres magiques. Après avoir cédé plus de 80 % de ses parts à l’actionnaire américain John Textor, Dailly avec qui il a eu quelques querelles internes qui l’ont mené vers un clash, le président bruxellois a finalement mis son orgueil de côté pour le succès de son club, voyant comment son départ aurait pu mettre le feu aux poudres à tous les étages du Stade Machtens.
Dailly a avorté l’idée de tout départ en plein milieu de la saison pour pérenniser les vœux d’accession à l’élite belge, connaissant l’affect que certains joueurs lui portent, Kylian Hazard en tête. Après ce week-end couronné par un succès, l’avenir du célèbre dirigeant molenbeekois ne serait pas aussi certain que prévu, et pourrait voir son travail à la tête du RWDM se conclure sur un triomphe.
Par Robin Maroutaëff
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