Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier | Rudi Garcia dans les stades belges, pour voir ou pour être vu?
Rudi Garcia découvre la Belgique à travers ses stades. Compte-t-il vraiment redonner une place de choix aux joueurs de l’élite belge pour autant?
Au gala du Soulier d’or, remporté pour la troisième fois par Hans Vanaken, une bonne partie des projecteurs furent rivés sur Rudi Garcia. Le nouveau sélectionneur est encore au début de son règne, la période où ses mots ont le plus de valeur aux yeux des médias. Alors, sur le tapis rouge, le Français a raconté son week-end dans les tribunes de Belgique: «Je suis allé un peu partout dans les stades de Pro League: vendredi, samedi et dimanche. C’est comme ça que nous pourrons nous ouvrir aux jeunes Belges qu’on connaît moins. Il faut que j’apprenne encore à connaître votre pays, votre histoire, votre culture et plus encore, votre football.»
La visite des enceintes nationales s’est poursuivie en semaine, quand on a vu Rudi Garcia s’installer dans les travées du stade Jan Breydel le mercredi, puis au Bosuil anversois le jeudi afin d’assister aux demi-finales de la Coupe. Un soir aux côtés de Vincent Mannaert, ancien homme fort du club brugeois, et le lendemain entre Marc Coucke, Wouter Vandenhaute et Paul Gheysens, trois des patrons du football belge. Prévenus lors du gala du Soulier d’or, les photographes ont évidemment tourné leurs objectifs dans un sens inhabituel: il ne fallait pas rater ça.
Sur les deux pelouses, pourtant, il n’y avait que très peu de joueurs présents sur les dernières listes de Domenico Tedesco, enclin à donner sa préférence aux talents belges ayant déjà vécu l’expérience d’un club à l’étranger. Garcia changera-t-il vraiment les choses?
Ce n’est en tout cas pas une tournée des tribunes qui y changera grand-chose. Connu pour être minutieusement préparé à chaque fois qu’il se positionne pour un nouvel emploi, l’entraîneur français connaît déjà certainement le vivier belge sur le bout des doigts. Même si ce n’était pas le cas, le travail d’analyse vidéo en profondeur lui offrirait un échantillon bien plus ciblé et précieux des ressources du football noir-jaune-rouge. Certes, il faut laisser la place à une belle découverte, ne pas oublier le charme d’un coup de cœur vécu depuis les gradins. Sans être dupe pour autant: parce qu’un sélectionneur en tribunes est là pour voir, mais surtout pour être vu.
Si la Pro League se positionne de plus en plus haut dans la hiérarchie des championnats européens, la défiance de Domenico Tedesco à l’égard de tauliers du Club de Bruges comme Hans Vanaken ou Brandon Mechele dépeint une réalité à laquelle sont confrontés tous les sélectionneurs de la Belgique: dans le cours normal de l’histoire, un bon footballeur belge ne passe pas la barre des 25 printemps en portant toujours le maillot d’un club de son élite nationale. S’il est toujours là, s’il n’a pas décroché un brillant transfert à l’étranger, c’est logiquement parce qu’il n’est pas assez bon pour partir ailleurs.
Qualifiés en Ligue des Champions, finalistes de la Coupe de Belgique et dans le sillage de Genk en championnat, les Brugeois sont l’exception qui confirme la règle. L’histoire, en revanche, ne raconte pas encore si Rudi Garcia sera de ceux qui acceptent de défier la logique du rajeunissement permanent et de la prime aux voyageurs. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura vu les joueurs de Pro League. Et surtout, que tout le monde aura vu qu’il les a vus.
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