Riemer viré d’Anderlecht: les chiffres qui font mal à l’homme de datas
Brian Riemer n’est plus l’entraîneur d’Anderlecht. Longtemps cachés par les chiffres des bons résultats, ceux des mauvaises performances ont fini par lui coûter son poste.
Aux sifflets qui grincent et aux questions qui fâchent, Brian Riemer décide de répondre avec des chiffres. Des datas comme bouclier d’un homme dont la carrière d’entraîneur semble née dans un laboratoire plus que sur les terrains. Dans la foulée de la défaite contre Genk, le Danois pare donc les coups en trois fois: 14, 3, 1.
Quatorze, car «quand je suis arrivé ici, Anderlecht était quatorzième», explique le coach au moment d’évoquer la menace qui pèserait sur son avenir bruxellois. En fait, les Mauves étaient douzièmes quand l’interim de Robin Veldman a pris fin suite au licenciement de Felice Mazzù. Un homme de chiffres qui les manipule, ça fait un peu désordre, mais le fond de la pensée reste valable: le Sporting va bien mieux avec lui qu’avant son arrivée.
Trois, car c’est la place à laquelle Anderlecht a terminé le championnat la saison dernière. «Et pour la première fois depuis longtemps, nous avons lutté pour le titre», ajoute le désormais ex-coach du Lotto Park.
Un, enfin, parce que la défaite contre Genk était la première de la saison, contre cinq victoires et trois matchs nuls toutes compétitions confondues. Certes, les Mauves restent alors sur un maigre 2/9 en championnat, mais ils ont conclu un été rythmé par un mercato à retardement à la troisième place, à un point de Bruges et quatre de Genk. Ce n’est pas un bilan brillant, mais pas non plus celui d’un licenciement en puissance.
La cruelle vérité des datas
Le problème, c’est que si Brian Riemer connait vraiment les chiffres, il sait que beaucoup ne sont pas vraiment en sa faveur, et pas uniquement depuis ce début de saison. Parce qu’en un coup d’œil sur les statistiques avancées, celles qui permettent de lire les matchs dans les détails au-delà du simple résultat, il constate probablement qu’en sept rencontres de championnat, Anderlecht a concédé 12,5 expected goals (NDLR: chaque tir est évalué en fonction de sa probabilité, entre 0 et 1, de finir en but). Il voit inévitablement que seuls Malines, le Cercle et le Beerschot ont fait pire que ce bilan défensif digne des play-downs, uniquement sauvé en apparence par un Colin Coosemans qui est le gardien le plus décisif du début de saison. Troisième gardien la saison dernière, l’ancien de Bruges affiche une différence de +5 entre les «Post shot expected goals» (buts qu’il aurait «dû» concéder au vu de la qualité des tirs) et les buts encaissés.
L’autre problème, c’est que cette anomalie ne date pas d’hier. La saison dernière, le gardien le plus décisif de la phase classique du championnat était déjà le dernier rempart d’Anderlecht. Kasper Schmeichel affichait une énorme différence de +8,7 entre les «Post shot expected goals» et les buts encaissés. L’incarnation d’un Sporting déjà en surperformance. Au terme des 30 premières journées, les Bruxellois affichaient une différence de buts de +28 (58 buts marqués et 30 encaissés) alors que la différence entre les «expected goals» créés et concédés n’était que de +11,1. Quand cette surperformance a cessé de se produire lors des play-offs, notamment suite aux blessures de certains joueurs décisifs et à la perte de vitesse d’Anders Dreyer (15 buts en championnat avec 10,5 expected goals), Anderlecht est rentré dans le rang, revenant à un niveau de résultats plus proche de celui de ses performances réelles. Avec, à la clé, deux petites victoires lors des neuf derniers matchs.
Un bilan objectif des performances du RSCA de Brian Riemer, plutôt que de ses résultats, aurait déjà pu mener au constat d’une séparation, réclamée par une bonne partie du public déplorant le manque de spectacle du jeu mauve. Le soutien du vestiaire, le lien fort avec Jesper Fredberg et l’euphorie de la lutte pour le titre avaient suffi pour prolonger l’aventure. Quelques mois plus tard, la première défaite aura pourtant signifié le coup de sifflet final du bail du coach danois chez les Mauves. Parce que les chiffres tape-à-l’œil du bouclier n’étaient plus assez solides pour ne pas se briser contre les coups d’épée profonds de l’analyse de données.
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