Qui sont les oubliés du mercato belge ?
Leur départ semblait écrit, mais ils sont toujours là. Ces sept talents de la Pro League n’ont étonnamment pas animé le mercato.
Les dernières semaines de la saison écoulée devaient être leur apothéose dans un club, voire un championnat devenu trop étroit pour leur talent. Personne n’imaginait que la Pro League les accueillerait encore au terme du mercato d’été. Pourtant, leurs crampons foulent toujours les mêmes pelouses après la fermeture des principaux marchés d’Europe, ceux-là même où on leur imaginait un avenir. Focus sur sept joueurs que tout le monde imaginait changer d’air.
Lazare Amani
Si le départ de Casper Nielsen à l’été 2022 avait focalisé l’attention sur les larges épaules de Teddy Teuma, brassard de capitaine au bras et pistolet à la place du pied gauche, la campagne européenne de l’Union a beaucoup fait briller Lazare Amani. Avec son énergie hors-normes, ses courses verticales tranchantes avec ou sans le ballon et sa nouvelle capacité à être décisif (sept buts et neuf assists, toutes compétitions confondues), l’Ivoirien a tapé dans l’œil des observateurs. Pas assez, visiblement, pour s’offrir un grand voyage vers l’étranger qu’ont pourtant obtenu Teuma, mais aussi les plus discrets Bart Nieuwkoop, Siebe van der Heyden ou Senne Lynen. La bonne nouvelle, c’est que le football prôné par Alexander Blessin semble taillé sur mesure pour ses qualités techniques et athlétiques. De quoi faire en sorte que son idylle unioniste ne dure que trois ans ?
Hugo Cuypers
Il y a les attaquants qui ne brillent que par leurs buts. Puis, il y a Hugo Cuypers. Passé de Malines à Gand l’été dernier, on imaginait bien le Liégeois ne passer qu’une seule saison dans le bastion flandrien. Meilleur buteur du championnat grâce à un sprint final impressionnant (18 buts sur ses 19 derniers matches), l’attaquant forme un duo spectaculaire avec Gift Orban et entame la nouvelle saison sur les mêmes bases, avec dix buts en onze sorties.
Pourtant, on l’a dit, il n’y a pas que les buts. Cuypers a les courses généreuses et précises, comprend les espaces et y plonge à merveille, sait s’associer avec ses coéquipiers et même leur offrir des buts qui lui semblent promis. Le package devrait faire saliver une belle majorité des équipes de Bundesliga, mais n’a pas suffi pour l’emmener loin de la Ghelamco Arena cet été. Bonne nouvelle pour les Buffalos, transformés en candidats majeurs au titre.
Abdelkahar Kadri
Voir Abdelkahar Kadri se démener pour créer des occasions dans une équipe de Courtrai assez pauvre en talent individuel a quelque chose d’assez fascinant. Comme Bernd Storck avant lui, Edward Still a logiquement confié les clés du jeu courtraisien à l’Algérien, lui offrant en outre un brassard de capitaine conquis par le respect qu’inspirent ses qualités. Les contrôles sont explosifs et intelligents, et les choix vont toujours dans le sens que le jeu demande. On croirait voir un joueur-franchise au sein d’une équipe de MLS où tous ses modestes coéquipiers seraient sous salary cap.
Kadri a le flair des joueurs qui se vendent pour des montants à huit chiffres, et Burnley fait peut-être une bonne affaire en achetant un club de Courtrai dont la valeur marchande est inférieure à celle de son meilleur joueur. Le stade des Éperons d’or est déjà beaucoup trop petit pour le maître à jouer des Kerels. La Pro League l’est peut-être aussi.
Loïc Lapoussin
Certes, les anecdotes concernant une hygiène de vie parfois loin de l’irréprochable ont pu refroidir certains soupirants. Il n’empêche que le Malgache sort d’une saison à près de 4000 minutes jouées, dix passes décisives et surtout une influence gigantesque sur le jeu de ses couleurs. Sa faculté exceptionnelle à résoudre techniquement des situations compromises a tapé dans l’œil du continent lors de la campagne de l’Union en Europa League, mais n’a pas suffi pour en faire l’un des protagonistes de l’exode saint-gillois de l’été.
Incompréhensible au vu de son panel, qu’il sait exprimer depuis un flanc ou au cœur du jeu, mais bienvenu pour les fans du Parc Duden qui pourront encore s’enflammer sur les exploits individuels et les combinaisons collectives initiés par l’un de leurs chouchous.
Daniel Muñoz
Si les chiffres exceptionnels de Mike Trésor ou Joseph Paintsil l’ont maintenu dans une certaine ombre aux yeux du grand public, il est impossible que Daniel Muñoz n’ait pas attiré le regard d’une bonne série de scouts européens. Si de grands clubs français se sont renseignés sur son cas durant le mercato, le Colombien n’a pourtant pas quitté le Limbourg, deux ans après un flirt appuyé avec la Fiorentina qui aurait déjà voulu l’exfiltrer de Genk en 2021.
Le défenseur avait mis du temps à se remettre de la désillusion, avant de s’éclater dans le football de mouvements permanents prôné par Wouter Vrancken. Présent dans la surface adverse une dizaine de fois par match, le Sud-Américain ne quitte le onze du Racing que lors de ses suspensions, malgré un art impressionnant pour échapper à des cartons mérités. Presque aussi épatant que ses huit buts et sept passes décisives la saison dernière. L’occasion de rappeler que oui, malgré ces stats de meneur de jeu, Daniel Muñoz est arrière droit.
Gift Orban
22 apparitions, et 20 buts. Tout ça sans parler des tirs du milieu de terrain, des coups de reins qui désossent les défenseurs et d’un flair qui semble destiné à envoyer tous ses ballons en direction du cadre. Gift Orban est un buteur, il reste à se demander s’il est un soleil ou une comète. Les recruteurs du Vieux Continent ont visiblement décidé de patienter pour se faire un avis définitif sur la question, laissant Gand profiter de son puncheur nigérian pour quelques mois supplémentaires, jusqu’au prochain mercato.
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Les enchères pourraient donc continuer à grimper, pour autant que la relation entre le Nigérian et son coach Hein Vanhaezebrouck ne se détériore pas. Parce qu’entre deux caractères bouillants, il y a parfois des étincelles. Les défenseurs adverses préfèrent les admirer à distance, sur le banc des Buffalos, plutôt qu’être embarqués dans les incendies que provoque chaque prise de balle de Gift la Terreur.
Adem Zorgane
Tout le monde pensait que la fin de saison prématurée des Carolos, bouclée au terme de la phase classique, serait également le terme de son histoire dans le Pays Noir. Il faut dire qu’avec quatre buts et huit passes décisives, Adem Zorgane avait ajouté des statistiques à une influence sans cesse plus importante sur le jeu zébré. Précisément positionné par Edward Still, puis libéré par Felice Mazzù, le milieu de terrain algérien avait suivi le parcours idéal pour franchir un cap sur le terrain avant de probablement en faire de même sur le mercato. Soulagés par la vente de Joris Kayembe et moins obsédants pour la politique de Mehdi Bayat, les comptes de Charleroi ont permis au club de jouer la montre et de faire monter les enchères pour un maître à jouer pas toujours souverain en ce début de saison, sans doute perturbé par un mercato dont il attendait autre chose. Finalement, c’est au Mambour que son aventure se poursuivra. Au milieu, Felice Mazzù a donc l’embarras du choix. Et il choisit toujours Adem Zorgane.
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