Qui est vraiment João Klauss, le colosse du Standard?
Tandis que l’attaque liégeoise peinait depuis de longs mois, João Klauss est venu remettre de l’ordre dans la boutique. Avec son physique robuste et son activité débordante, il a redonné de l’espoir aux supporters rouches. Portrait de celui qui doit mener le Standard vers les play-offs 1.
« Ce qui a motivé cette décision, c’est le rendement. Le fait que nous possédions la seizième attaque du championnat est assez interpellant. » Par ces quelques mots, Alexandre Grosjean, le directeur général du Standard, justifiait le renvoi dans le noyau espoirs de Felipe Avenatti et Obbi Oulare. Cette mise à l’écart ne laissait plus aucune place au doute: le Standard cherchait un nouvel attaquant, davantage efficace et confiant. « Profiter du mercato pour trouver un attaquant qui réponde à nos attentes sera très important », confirmait d’ailleurs le DG.
Quelques semaines plus tard, la direction semble avoir réussi son pari. Avec déjà quatre buts et trois passes décisives en plus d’une activité de tous les instants sur le front de l’attaque, João Klauss fait l’unanimité auprès des observateurs. Passé par la Finlande, l’Autriche et l’Allemagne après avoir quitté son Brésil natal, le nouveau numéro 14 des Rouches a déjà pas mal bourlingué. À seulement 23 ans.
Sur les traces de ses idoles
Né au Brésil d’une mère italienne et d’un père allemand, João Klauss de Mello a toujours été un passionné de football. Biberonné au rythme des exploits de la Seleçao, il rêve, comme beaucoup de jeunes de son pays, de devenir footballeur professionnel et d’enfiler la célèbre tunique auriverde. Formé à l’Internacional durant sa prime enfance puis à l’EC Juventude, c’est du côté de Grêmio, dans la ville de Porto Alegre, qu’il peaufine ses gammes.
L’attaquant reste pourtant peu connu en Amérique du Sud. Parti très tôt pour l’Europe, direction Hoffenheim, il n’a pas eu le temps de faire son trou à Grêmio et a préféré tenter sa chance sur le Vieux continent pour continuer à progresser vers l’équipe nationale. « Hoffenheim a servi de tremplin idéal à Carlos Eduardo, Luiz Gustavo et Roberto Firmino pour rejoindre la sélection », expliquait-il d’ailleurs sur le site officiel du club allemand durant l’été dernier, avec l’envie de connaître pareil destin chevillée au corps.
Mais l’adaptation n’est pas évidente pour le Brésilien. Malgré ses origines allemandes, il ne parle pas la langue et doit s’adapter à un football, une météo et une culture différents. Cantonné à l’équipe B, il prend part à 23 rencontres lors desquelles il marquera cinq buts et délivrera trois passes décisives. Performant et prometteur, mais barré par Andrej Kramaric notamment, il se voit être prêté d’abord en Finlande, au HJK Helsinki. Le temps pour lui de se faire les dents en première division.
HJK Helsinki, la révélation
C’est dans le froid finlandais, pourtant bien éloigné de son cher Brésil, que João Klauss montre ses qualités et se révèle dans le football professionnel. Arrivé en mars 2018 avant le début du championnat national, il est d’emblée titulaire et martyrise les défenses adverses. Titulaire à 28 reprises en 33 rencontres, il est l’un des grands artisans du titre de son équipe.
Mais ce sont surtout ses performances individuelles qui impressionnent. Avec 21 buts et quatre assists au compteur, il termine meilleur buteur du championnat et est même élu meilleur joueur du pays. Sa palette technique épate les observateurs et ses coéquipiers, qui ne tarissent pas d’éloges. « Ce n’est pas qu’un finisseur. C’est un joueur d’équipe, un gros bosseur. Il me fait un peu penser à Laurent Depoitre« , soulignait Rafinha, ancien Gantois et coéquipier de Klauss à Helsinki, à la DH lors de l’arrivée du buteur en bord de Meuse.
Après cette saison tonitruante en terre finlandaise, Klauss fait son grand retour à Hoffenheim en janvier 2019. Mais malgré la signature d’un nouveau contrat le liant avec le club allemand jusqu’en juin 2022, il n’y reste pas longtemps et est à nouveau prêté, cette fois au LASK, pour un an et demi.
L’as du LASK
En Autriche, Klauss réalise une année et demie très convaincante. En 61 rencontres, il inscrit 24 buts et délivre cinq passes décisives, aidant son équipe à réaliser sa meilleure saison depuis plus de cinquante ans en finissant deuxième du championnat. En qualifications de la Champions League, il se fait remarquer en Belgique grâce à son but à Bruges lors du match retour des barrages. Il joue régulièrement cette saison-là en Europa League, avec, à la clé, un doublé contre le PSV Eindhoven en seulement cinq minutes de jeu.
Cette aventure autrichienne aurait pu ne jamais avoir lieu, car le Standard s’était déjà intéressé au joueur après sa très belle saison du côté d’Helsinki. Conseillé par Olivier Renard, il n’avait alors pas convaincu Michel Preud’homme, toujours assis sur le banc du club liégeois. C’est donc finalement en Autriche, sous les ordres du Français Valérien Ismaël, qu’il fait parler ses qualités et alimente ses statistiques, confirmant sa réputation grandissante de machine à buts.
De retour en Bundesliga à la fin de son prêt, le Brésilien tente durant six mois de faire son trou sur le front de l’attaque d’Hoffenheim avant de se résigner, après seulement quatre petites apparitions en sortie de banc en championnat. Bloqué par le fidèle Kramaric et l’ancien Liégeois Ishak Belfodil, il joue davantage en Europa League. En quatre titularisations, il ne réussit toutefois pas à faire trembler les filets.
C’est alors que Malines d’abord, puis le Standard ensuite, viennent frapper à la porte du club allemand. En recherche de temps de jeu, Klauss est plutôt enclin à l’idée de relever un nouveau défi. Son club n’est pas non plus fermé à un départ tant son temps de jeu est famélique. Finalement, ce sont les Principautaires qui remportent la mise sous forme d’un prêt d’un an et demi avec option d’achat (à hauteur de six millions, dit-on) à la clé. « Quand un grand club comme le Standard s’intéresse à vous, je pense que le choix est vite fait », déclarait le solide attaquant lors de sa présentation, justifiant ainsi son choix de débarquer à Liège. Une décision qui fait beaucoup de bien aux Rouches.
Un profil tant recherché
« Il a les caractéristiques du Standard », avance Igor De Camargo, ancien attaquant brésilien des Rouches. « Il a beaucoup de présence physique et une grande générosité. C’est un point très positif pour un joueur, surtout à Liège. » Depuis son arrivée, João Klauss apporte ce qu’Oulare et Avenatti peinaient à faire: de la conservation de ballon et de la puissance dans les duels. Le Brésilien leur rend pourtant respectivement six et quatre centimètres, mais il semble plus solide et n’hésite pas à se frotter de près aux défenseurs centraux adverses.
Devant le but, João Klauss est létal. Buteur dès sa troisième apparition lors de la victoire du Standard dans le choc wallon, il a très vite rassuré sur ses capacités de finisseur. Même une petite alerte contre OHL, avec une grosse occasion ratée dès les premières minutes de la rencontre, ne l’a pas perturbé. Confiant et volontaire, il s’est remis dans le sens de la marche et a profité d’une nouvelle occasion pour égaliser, ramenant un point pour son équipe.
Mais le plus intéressant reste son infatigable activité. Aligné d’entrée de jeu lors des cinq matches du Standard en quinze jours entre fin janvier et mi-février, il a accumulé 464 minutes de jeu, tout en enchaînant les appels, un gros pressing et de multiples courses défensives. « Sa grande force, c’est sa grinta. Il se donne à fond pour son équipe et se bat pour ses coéquipiers, notamment sur le plan défensif. C’est ça avoir la mentalité Standard », analyse Igor De Camargo.
Même son de cloche du côté des coéquipiers du nouvel attaquant des Rouches: « Il nous a soulagés et son travail défensif est impressionnant. Il est présent physiquement, il sait garder un ballon, il sait faire jouer l’équipe, il est fort techniquement: c’est une belle trouvaille du club! J’espère maintenant qu’il va enchaîner les matches et les buts », déclarait Noë Dussenne après le match contre Malines, avant même le premier but du Brésilien.
Pour envoyer ses couleurs directement en play-offs 1, le nouveau héros de Sclessin n’aura d’autre choix que de continuer sur sa lancée. En concurrence avec Jackson Muleka pour le poste de numéro 9 dans le onze de Mbaye Leye, il semble clairement avoir pris une longueur d’avance. « Il amène une certaine fraîcheur, une certaine combativité, un fighting spirit qu’offensivement, on n’avait pas », ajoutait le coach liégeois après le match de Coupe à Courtrai.
Il ne reste plus qu’à confirmer pour João Klauss. Il a convaincu les observateurs, les supporters et ses coéquipiers, mais doit maintenant maintenir son niveau de jeu pour faire émerger le Standard dans ce championnat si serré. Il en va de la présence même du club parmi les quatre meilleures formations du Royaume.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici