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Qui est Marco Simonini, l’étoile montante de l’arbitrage belge: « Joueur, j’étais mauvais perdant »

Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

Au Referee Department de l’Union Belge, on aime le travail d’équipe, mais il est difficile d’échapper au profil singulier de Marco Matonga Simonini (26 ans), un Bruxellois trilingue d’origine italo-congolaise. Rencontre avec l’un des membres du nouveau groupe Élites de l’arbitrage belge.

Marco Matonga Simonini nous accueille dans son bureau, un espace sombre de la grande bibliothèque de l’ULB à Ixelles, où il est responsable de l’accueil des étudiants en Erasmus. Au mur, des horloges indiquent l’heure qu’il est aux quatre coins du monde.

Lui, du temps, il en a peu. Car en plus de ses études de droit, Matonga Simonini est, depuis le mois de juin, arbitre professionnel à mi-temps. Comme le Flandrien Simon Bourdeaud’hui (25 ans), il a rejoint les Élites du Referee Department. Après quelques matches amicaux de clubs de D1A et un rôle de quatrième arbitre lors de Deinze-Lierse, il a effectué le week-end dernier ses « véritables » débuts en D1B, à l’occasion du match entre le Lierse et Virton.

Avec son mètre nonante, son physique imposant, le fait de parler trois langues et sa couleur de peau, Matonga Simonini ne passe pas inaperçu. Il n’est que le deuxième arbitre noir professionnel depuis Jérôme Efong Nzolo, aujourd’hui rentré au Gabon, où il travaille pour le Ministère du Sport et de la Culture. Pour en finir avec ce thème, il se sent prêt à endosser le rôle d’exemple pour les jeunes issus de cultures différentes, mais il n’est pas plus sensible qu’un autre au racisme, dont il dit ne pas avoir souffert. « Honnêtement, je ne peux pas vous citer un cas qui me soit arrivé », dit-il. « Parfois, dans la chaleur du match, quelqu’un crie quelque chose mais je parviens à relativiser et, quand je suis sur le terrain, je n’entends pas les cris du public. Je ne peux donc pas dire que la question me préoccupe plus qu’un autre, mais je conçois que je peux être un exemple, comme Nzolo l’a été pour moi, car c’est grâce à lui que j’ai compris que je pouvais y arriver. Il arrive souvent qu’après un match, des joueurs me posent des questions sur l’arbitrage. Et jusqu’ici, les réactions qui ont suivi ma promotion ont été très positives. »

Ses exemples ont pour nom Howard Webb, Pierluigi Collina et… Frank De Bleeckere.

Des débuts très jeune

Marco Matonga Simonini parle comme il siffle: il est prévenant et a toujours le sourire mais il est franc et direct. « C’est ma personnalité, j’aime ce qui est clair et droit, j’ai toujours été comme ça. C’est sans doute ce qui explique que j’ai opté pour des études d’avocat et que j’ai commencé à arbitrer très jeune. J’ai d’abord dirigé les matches de mon petit frère, en U7, alors que je n’avais que onze ans. Puis, à seize ans, je suis devenu officiellement arbitre. »

Le jeune homme a grandi successivement à Zellik, Asse, Denderleeuw et Alost, mais il est allé à l’école à Bruxelles et a joué au RSD Jette. « J’étais arrière gauche ou défenseur central. J’étais dur et mauvais perdant, un très grand râleur. Je rouspétais sans cesse sur l’arbitre. J’ai reçu quelques cartes mais jamais pour de vilaines fautes. À un certain moment, je me suis dit: tu râles tellement que tu devrais essayer de montrer que tu peux faire mieux. »

Il s’est rapidement fait un nom dans le football amateur, principalement en Wallonie. En même temps, il effectuait ses études et avait un job d’étudiant à… Walibi. « J’étais affecté aux attractions. C’était très chouette et ça m’a permis d’acquérir de l’expérience en matière de communication et de direction, des qualités qu’un arbitre se doit de posséder. J’essaye de beaucoup communiquer, d’expliquer mes décisions. Les entraîneurs et les joueurs se montrent alors plus compréhensifs. »

« Cet aspect psychologique de la fonction me plaît beaucoup. Il est parfois difficile de trouver l’équilibre entre autorité et communication mais, au fil du temps, on sait quand on doit durcir le ton. Je mets aussi un point d’honneur à parler néerlandais aux néerlandophones, français aux francophones et anglais aux autres. Je constate que les joueurs apprécient. »

Fils d’un père d’origine italienne et d’une mère congolaise, d’où son nom composé, sa langue maternelle est pourtant le français. « Mais j’ai toujours fait de mon mieux pour pratiquer le néerlandais. J’ai pris des cours particuliers, car je savais que cela me servirait un jour. Mes parents sont fiers de mon parcours. Ils estiment que mes études sont importantes, mais ils voient que mes ambitions dans l’arbitrage se concrétisent et ils comprennent mon choix. Avant, ce n’était pas évident. Ma mère, surtout, supportait mal la critique. Mes parents assistaient presque à chaque match mais maintenant, je suis suffisamment grand pour me défendre (Il rit). »

Tout pour le football

Ses exemples ont pour nom Howard Webb, Mark Clattenburg, Pierluigi Collina et… Frank De Bleeckere. « Des hommes qui ont du charisme. Je trouve que c’est important pour un arbitre », dit Matonga Simonini. De Bleeckere fait désormais partie de ceux qui l’encadrent. « Il vient souvent voir des matches. Après le coup de sifflet final, nous analysons mes décisions. Ses conseils me sont très précieux, tout comme ceux d’autres collègues, car il n’y a pas de concurrence entre nous. Je regarde aussi beaucoup de matches et j’observe les arbitres, la façon dont ils évaluent la tension d’un match et comment ils réagissent dans les situations chaudes. J’observe aussi les équipes et les joueurs, pour savoir à quoi m’attendre. Parfois, je regarde en tant que supporter, comme lors des matches des Diables rouges mais généralement, quand nous sommes plusieurs, c’est moi qui défends l’arbitre. J’explique qu’assis dans son canapé et avec tous les ralentis, c’est facile de ne pas se tromper et que l’arbitre évalue parfois certaines situations différemment, en fonction du règlement. »

« On nous reproche parfois de ne pas sentir le jeu mais les consultants et entraîneurs oublient que l’arbitre et les joueurs ont tout simplement une vision différente. Pour ma part, je laisse jouer le plus possible. Le match idéal, c’est celui où je ne distribue aucune carte. Il y a parfois une zone grise, dans laquelle l’arbitre agit selon sa personnalité, mais dans l’absolu, c’est le règlement qui prime. Cette uniformité est nécessaire. Je comprends que des entraîneurs s’énervent parfois mais une fois le match terminé, il faut oublier cela et le respect mutuel doit reprendre ses droits. »

Le football, c’est sa vie. Son objectif est de devenir arbitre professionnel à temps plein. « Lorsque je ne prenais pas encore autant l’arbitrage au sérieux, je profitais de la vie d’étudiant mais maintenant, je consacre toute mon énergie à ma passion. Nous avons beaucoup d’entraînements et de recyclages (réactualiser les compétences, ndlr), nous sommes très bien soutenus par le Referee Department, qui nous suit de près. Je fais aussi beaucoup de musculation et je suis toujours aux études. Je n’ai donc plus le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Parfois, le jeu me manque mais il y a longtemps que j’ai tourné la page et que je mise tout sur l’arbitrage. »

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