En ouverture de la Premier League, Vincent Kompany retrouvera son mentor Pep Guardiola © Gettyimages

Premier League : Kompany au grand rendez-vous des coaches d’élite

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

De retour ce vendredi, la Premier League est incontestablement redevenue le meilleur championnat du monde. Avant tout grâce à ses coaches.

Quand l’histoire change de direction, tous ceux qui plongent un œil dans le rétroviseur cherchent à situer l’emplacement du virage. À l’heure de tracer les limites de la nouvelle ère du football, celle où la Premier League anglaise a retrouvé les sommets, beaucoup placent un jalon au cœur de l’été 2016. Cette année-là, Paul Pogba quitte la Juventus pour rejoindre Manchester United, contre un peu plus de cent millions d’euros. Pour la première fois depuis plusieurs saisons, un joueur convoité par les clubs les plus dominants de la planète lie son destin à une écurie anglaise. Le signe d’un retour en force, permis par les millions de plus en plus nombreux distribués en échange des droits télévisés d’un championnat qui, s’il n’est alors plus le meilleur du monde, reste toujours le plus médiatisé.

Quelques mois plus tard, pourtant, il n’y a que l’étonnant Leicester de Jamie Vardy pour défendre l’honneur anglais en quarts de finale de la Ligue des Champions. La grande fête continentale est devenue un rendez-vous espagnol, où le Bayern et la Juventus sont les rares invités occasionnels. Au tournant des années dix, la Liga s’est effectivement détachée du peloton européen grâce à la convergence de talents et de coaches d’élite sur ses bancs de touche : le Real de José Mourinho sert alors de meilleur ennemi au Barça de Pep Guardiola, dans un duel arbitré par les valeureux Colchoneros de Diego Simeone. La concurrence aiguise ses armes pour tenir le coup face au rythme des trois ténors, et en récolte les fruits sur la plus petite scène continentale. L’Europa League devient alors la chasse gardée des Ibères, emmenés par un FC Séville qui devient l’habitué de l’épreuve.

Lors de la finale du printemps 2016, les Sévillans sont d’ailleurs venus à bout de Liverpool, drivé depuis l’automne précédent par l’Allemand Jürgen Klopp. Après avoir ressuscité Dortmund, emmené jusqu’à deux titres de champion et une finale européenne, le coach qui a popularisé le gegenpressing chamboule une première fois le jeu anglais. En demi-finale d’Europa League, sa lourde victoire contre un solide Villarreal est un avertissement. Le premier signe que l’époque où des effectifs peuplés de joueurs à dix millions dévoraient tactiquement une escouade payée le triple touchait à sa fin. L’Angleterre, de plus en plus souvent aux mains de décideurs étrangers qui apportent leurs méthodes statistiques à la Premier League, semble enfin prête à placer son argent au bon endroit.

2016, le tournant des bancs de Premier League

Au-delà de la symbolique du transfert de Pogba, l’été 2016 est celui d’une nouvelle tendance. Antonio Conte, tout juste sorti d’un Euro qu’il a dominé au tableau noir et perdu aux tirs au but, prend les rênes de Chelsea ; José Mourinho revient dans « son » championnat en posant ses valises à Old Trafford ; quant à l’autre club de Manchester, il confie son avenir à Pep Guardiola. Les coaches locaux deviennent minoritaires (neuf sur les vingt clubs de l’élite) et la Premier League devient internationale jusqu’à ses tendances de jeu.

La suite ne sera qu’une accélération en sortie de virage, avec des bancs de touche de plus en plus prisés. L’an dernier, quand Aston Villa se débarrasse de Steven Gerrard, on entend circuler le nom de Thomas Tuchel avant de voir Unai Emery et son palmarès européen XXL prendre en charge les Villans. Cet été, la quête d’entraîneur de Tottenham charrie le nom de Julian Nagelsmann, tout juste viré du Bayern Munich. Si le wonderboy des bancs allemands n’arrive finalement pas, le pouvoir d’attraction de la Premier League est bien là. Quel meilleur exemple que celui de Carlo Ancelotti, devenu manager du modeste Everton après un échec à Naples au début de la saison 2019-2020 ? C’est comme si tout le monde voulait désormais goûter au gâteau anglais, même sans être assis à la table d’honneur.

Carlo Ancelotti lors de son passage sur le banc d’Everton (Photo by PETER BYRNE/POOL/AFP via Getty Images)

Quand ils changent de manager, les clubs anglais ont désormais le choix entre de grands noms ou des porte-drapeaux de nouvelles tendances du jeu. Les relances chorégraphiées du magicien italien Roberto de Zerbi ont ainsi conquis Brighton, alors que Bournemouth s’est tourné vers le pressing épatant d’Andoni Iraola, sensation de la dernière saison de Liga. Ceux-là auraient probablement pu prétendre à des clubs du (sub)top italien ou espagnol, mais ont opté pour la Premier League, quitte à en occuper un banc moins réputé.

C’est dans cet environnement hyper concurrentiel que débarque Vincent Kompany, premier Belge à s’installer sur un banc de Premier League. Pour s’ouvrir les portes de l’élite anglaise, malgré un nom entouré d’une flatteuse réputation de l’autre côté de la Manche, celui que City surnommait Vinnie a dû passer par la deuxième division et son infernal championnat à 24 équipes et 46 journées. Un chemin qu’avait également emprunté Marcelo Bielsa, vanté par la majorité des meilleurs coaches de la planète mais arrivé dans le championnat devenu sacré en passant par une montée avec Leeds United.

Malgré le départ de Bielsa et la relégation de Leeds, la Premier League ne sera pas orpheline d’Argentin la saison prochaine, suite au retour sur le sol anglais de Mauricio Pochettino. Les Britanniques, eux, ne seront plus que sept, soit seulement deux de plus que les Espagnols (Guardiola à City, Arteta à Arsenal, Lopetegui à Wolverhampton, Iraola à Bournemouth et Emery à Aston Villa) dans un championnat qui comptera neuf nationalités de managers différentes au-delà des locaux. Des valeurs sûres du coaching, mais également des entraîneurs émergents qui pourraient devenir les références de demain. Parce que sur le marché des coaches aussi, la Premier League semble avoir en bonne partie délaissé les ­has-been surpayés pour se tourner vers les talents d’avenir. Quand les plus riches deviennent aussi les plus malins, difficile pour la concurrence de continuer à faire le poids…

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