Guillaume Gautier

Pourquoi Tedesco prend le risque de partir avec «seulement» 24 Diables à l’Euro

Guillaume Gautier Journaliste

La blessure de Thomas Meunier n’occasionnera probablement pas de nouvelle arrivée dans le groupe des Diables. Un choix de Domenico Tedesco qui fait débat.

Le débat était presque éteint. Personne, ou presque, ne s’était offusqué du retour à la maison de Mandela Keita et Arne Engels, invités à Tubize pour préparer l’Euro en compagnie des 25 noms sélectionnés par Domenico Tedesco. Vingt-cinq, seulement, malgré les 26 places offertes par l’UEFA sur les listes nationales. Le chiffre avait déjà fait tiquer quelques suiveurs quand, dans l’auditorium du centre national, le sélectionneur avait égrené les membres de son noyau continental. Pourquoi se priver d’une flèche supplémentaire dans son carquois, laissant notamment à la maison l’impressionnant ratio buts/minutes jouées de Michy Batshuayi?

Le temps avait éteint les premières braises de polémique jusqu’à ce qu’au crépuscule du premier quart d’heure du match amical contre le Luxembourg, Thomas Meunier s’effondre et fragilise un secteur défensif déjà pointé du doigt. Très vite, consultants et supporters évoquent les noms pouvant faire office de remplaçant idéal. Domenico Tedesco ne semble pas du même avis. «Est-ce qu’on appellera un autre joueur s’il faut le remplacer? Numériquement, c’est assez je pense», réfléchit encore le sélectionneur dans la foulée de la victoire 3-0 contre le voisin luxembourgeois. «On prendra le temps de réfléchir à ça si la situation le nécessite. On verra. Vingt-quatre, ça paraît suffisant à mes yeux.»

L’Italo-Allemand n’en avait d’ailleurs pas fait mystère. Au début du printemps, il n’était pas de ceux qui poussaient l’UEFA à prolonger d’un tournoi supplémentaire l’existence des listes à rallonge, passées de 23 à 26 dans la foulée de la crise sanitaire. En annonçant sa sélection, il n’a pas caché qu’il aurait préféré se limiter à 23 noms mais avait élargi son groupe suite aux incertitudes planant autour de Jan Vertonghen, Arthur Theate ou Youri Tielemans. La blessure de Meunier, elle, n’aura rien changé. Tedesco n’a pas bronché, le débat est relancé.

Pourquoi se priver d’options supplémentaires quand le règlement le permet? Amateur de listes réduites, Didier Deschamps explique à l’AFP que «prendre trois joueurs supplémentaires, cela a des incidences sur la logistique, le management, à moins qu’on nous permette huit changements». Homme de chiffres, le sélectionneur des Bleus réalise que même avec cinq changements, seuls seize joueurs peuvent fouler la pelouse à chaque match. Une liste de 26, cela fait donc au minimum dix joueurs mécontents, certains n’ayant même pas droit à une place sur le banc et devant suivre la rencontre depuis la tribune. Le raisonnement de Tedesco est sensiblement le même: il plaide pour la constitution d’un groupe où tous les joueurs de champ ont l’allure de titulaires potentiels, sans que personne n’ait l’impression d’être une roue de secours.

Un risque, surtout dans un secteur défensif de plus en plus fragilisé? Sans doute. Domenico Tedesco, lui, semble certain que les solutions seront toujours là. Que 24 hommes heureux valent mieux qu’un groupe de 26 où certains créent des mouvements d’humeur internes et des fuites vers l’extérieur. Une mésaventure en surnombre que la Belgique avait connue au Qatar.

S’il est tourné vers le futur depuis son arrivée, le sélectionneur ne semble pas avoir oublié de tirer les leçons du passé.

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