Guillaume Gautier

Pour l’instant, le championnat belge est nul et c’est de sa faute (mais pas seulement)

Guillaume Gautier Journaliste

Le championnat belge a repris depuis cinq matchs, et rares sont les moments qui ont marqué les esprits. Entre un départ précoce et un mercato à rallonge, ces matchs sont-ils vraiment utiles?

Lancez une conversation avec un supporter d’Anderlecht, et vous entendrez peu d’éloges sur la qualité de jeu de son équipe ou l’enthousiasme suscité par les premières recrues. Pourtant, avec un match de moins que l’essentiel de leurs concurrents en raison d’un calendrier aménagé pour faire briller les clubs belges sur la scène européenne (un match reporté pour augmenter le temps de repos entre les matchs continentaux de barrages, décisifs pour intégrer la phase de poules), les Mauves sont en tête du championnat de Belgique. Un constat qui dit bien plus de choses sur la faiblesse globale du plateau actuel que sur la force des Bruxellois.

L’été, la Pro League ressemble à un terminal d’aéroport. Tout le monde est prêt à s’envoler, à tel point que beaucoup ont déjà la tête ailleurs. Entre les talents déjà partis, ceux dont le départ prochain est une certitude et ceux qui doivent attendre que d’autres partent pour que leur nouveau club ait enfin les moyens de les faire arriver, pas grand monde, finalement, n’est vraiment présent. Les entraîneurs bricolent, se plaignent auprès de leur direction ou des médias du manque de temps et de moyens pour mettre en place un jeu cohérent, et les spectateurs le ressentent. Chaque week-end, la Belgique du football s’ennuie avec le vendredi 6 septembre dans le viseur, date où les noyaux seront enfin figés pour de bon (enfin, pour quatre mois).

Avant tout, les clubs belges ne peuvent pourtant en vouloir qu’à eux-mêmes. Ce sont eux qui, avec le système des play-offs, engorgent un calendrier déjà surchargé par l’expansion des Coupes d’Europe. Jusqu’à 41 matchs de championnat sur une saison, c’est beaucoup trop, encore plus quand de grandes compétitions ont embouteillé l’été. La préparation est raccourcie, à tel point que certains internationaux sont encore en vacances quand les championnats commencent, et la Belgique la rabote encore en débutant sa saison au mois de juillet. Evidemment, personne n’est prêt, et les plans tactiques ne sont souvent que provisoires en attendant que les véritables renforts viennent remplacer ceux qui sont déjà partis. L’essentiel, dans tous les vestiaires du royaume, est de perdre le moins de points possible dans les premières étapes, comme quand on esquive les pièges de la première semaine sur les routes du Tour de France. Ce n’est pas en juillet-août que le championnat se gagnera, mais c’est là qu’il vaudra mieux éviter de le perdre, même si les play-offs font en sorte que tout ça ne vaille que quelques demi-points.

Et puis, c’est quand même aussi de la faute des autres. Parce que la Belgique n’est qu’un maillon dans la longue chaîne du mercato, et que les clubs qui achètent les talents de Pro League attendent que de plus gros clubs viennent acheter leurs meilleurs joueurs pour remplir leur trésorerie et pouvoir les remplacer par les meilleurs joueurs des plus petits clubs. Sans compter ceux qui sont encore utiles à leur club actuel, mais ne le seront plus quand d’autres auront signé et pourront alors être mis sur le marché à portée des clubs belges. L’équation devient difficile à résoudre. Heureusement, il y a cette fraction qui divise les conséquences par deux avant les play-offs. De quoi dédramatiser un été passé à (mal) jouer pour (presque) rien.

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