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Paris sportifs: « Nos clubs ont introduit le loup dans la bergerie »

Aujourd’hui, les logos des sociétés de paris ou de casinos en ligne apparaissent sur certains maillots de nos clubs. Mais est-il de bon ton que le football fasse la publicité de produits pouvant amener à une dépendance? Et cette mode va-t-elle durer?

Durant l’été 2019, la nouvelle tombe. Anderlecht annonce que le stade Constant Vanden Stock s’appellera désormais le Lotto Park. Et que la Loterie Nationale lui versera chaque année 1,35 million d’euros pour bénéficier de ce privilège. Quasi dans le même temps, le Club Bruges conclut un accord avec la société de paris Unibet, censé lui rapporter six millions d’euros en deux ans. C’est le plus gros contrat de sponsoring jamais signé par le champion en titre. Il est trois fois supérieur au précédent, signé avec Daikin. C’est officiel: l’industrie des paris sportifs a mis le doigt dans l’engrenage.

Lorsque le logo de l’une de ces sociétés ne figure pas sur les maillots, il se retrouve sur les panneaux le long de la touche ou sur le site internet des clubs. La saison dernière, Eupen était le seul club de première division qui n’avait aucun lien avec l’industrie du jeu. Il le doit à ses propriétaires qataris: les paris sont interdits par l’islam. Cette année, Saint-Trond, le Beerschot et OHL n’ont également aucun partenaire officiel dans le milieu du jeu. Mais les autres ne se privent pas d’aller chercher l’argent là où il se trouve. Même le Cercle Bruges, qui s’en était longtemps détourné grâce aux liens de l’ancien président Frans Schotte avec la Ligue des familles, s’est acoquiné avec Napoleon Games en 2019. « Nous voulons prendre des initiatives ensemble pour réduire les problèmes liés aux paris », a déclaré Schotte en esquissant une pirouette digne d’un gymnaste olympique.

Pendant le Mondial 2018, 150.000 nouveaux joueurs se sont enregistrés, principalement des hommes jeunes.

La raison de ces liaisons dangereuses est simple: l’argent. Dans les années 70 et 80, les brasseries étaient les sponsors les plus généreux. Dans les années 90 et 00, c’étaient les banques. Aujourd’hui, les sociétés de paris ont repris le flambeau, Elles offrent bien plus que d’autres candidats. Chaque centime compte et les problèmes éthiques passent au second plan. Les clubs se renvoient la balle pour justifier leurs liens avec cette industrie. « Si, pour des raisons éthiques, je ne peux pas collaborer avec des sociétés de paris, que dois-je faire? Braquer une banque? » se demande le directeur de La Gantoise Michel Louwagie.

Amplification du phénomène

Les gens ont toujours parié, ce n’est pas nouveau. Et l’addiction a toujours existé également. Mais ces dix dernières années, le phénomène s’est amplifié. Les sociétés de paris peuvent faire de la publicité sans aucune restriction, ou presque, alors que le démon du jeu s’est emparé de plus en plus de monde. Depuis 2010, parier en ligne est autorisé en Belgique, à condition de procéder via des opérateurs licenciés. Depuis lors, ceux-ci cherchent par tous les moyens à faire connaître leurs produits. Une enquête britannique a établi que les logos et les marques sont visibles de 71 à 89% du temps que dure l’émission Match of the Day. En Belgique, la situation est similaire.

La publicité produit ses effets et elle influence aussi les enfants. En échange de monnaie sonnante et trébuchante, les clubs invitent les sociétés de paris sportifs dans leurs salons. Certains craignent un tsunami, ils ont peur qu’une majorité des gens deviennent accros. « Il y a un lien très concret entre la publicité et le fait de parier », constate Niels Bibert, spécialiste de la communication à la KU Leuven, qui a réalisé un doctorat sur la médiatisation des paris sportifs. « Les gens qui sont assaillis par la publicité ont plus facilement tendance à parier et réagissent positivement à cette addiction. »

Les investissements de l’industrie des jeux de hasard portent leurs fruits. Pendant la Coupe du monde 2018, 150.000 nouveaux joueurs se sont enregistrés, principalement des hommes jeunes. Pendant les play-offs 2019, les sites de paris en ligne ont gagné 140.000 nouveaux adeptes. Une partie d’entre eux ne parvient pas à s’en détacher. La Commission des Jeux de Hasard, qui légifère le secteur, évoque une omniprésence « problématique » de la publicité. « Cet excès contraste violemment avec le peu de messages qui insistent sur les risques. »

Simultanément, les smartphones facilitent grandement l’accès à cette « discipline ». Les parieurs ne doivent même plus quitter leur canapé pour s’adonner à leur passion. Des recherches ont déterminé que l’addiction au jeu se rapproche très fort de l’addiction à la cocaïne. Selon une enquête de Sciensano, 0,8 à 0,9% des Belges court le risque de devenir addicts. Chez 0,2 à 0,3% d’entre eux, ce risque est même très élevé. « Sans vouloir minimiser ces chiffres, pour la grande majorité des adeptes, le pari est un passe-temps occasionnel », affirme Tim De Borle, le CEO de Napoleon Games, qui sponsorise La Gantoise, Zulte Waregem et le Cercle, et qui est un dirigeant de la BAGO (Belgian Association of Gaming Operators).

Rares sont ceux qui demandent de l’aide. Ils n’osent pas, car ils ont honte.

D’autres chiffres incitent toutefois moins à l’optimisme. Parmi tous ceux qui parient sur des événements sportifs, 18% appartiennent à la catégorie des personnes à risque. De toute manière, plus il y a de gens qui parient, plus les dégâts sont grands. Alors que l’industrie des jeux de hasard est florissante, le nombre de parieurs à risque s’accroît. Les gains records réalisés par le secteur vont de pair avec le nombre d’addictions.

Des possibilités infinies

Le fait que l’addiction au jeu soit en grande partie invisible n’aide pas, estime Stefaan Van Hecke, un Ecolo flamand, membre du Parlement, et partisan de règles plus strictes envers l’industrie des paris. « Quand on est ivre, on ne passe pas inaperçu en rue. Et si on cause un accident, on en parle dans les médias. » Les problèmes d’addiction au jeu sont en revanche moins perceptibles. « Mais demandez aux organisations d’aide et aux présidents des CPAS les ravages qu’ils causent. Combien de familles ne sont-elles pas dévastées parce que la mère ou le père puise dans les économies des enfants? »

Ronny Willemen est l’une des personnes qui tentent de remédier au problème. Il travaille dans un centre limbourgeois qui traite les problèmes de santé mentale et aide les gens à se défaire de leurs addictions. Il constate que le nombre de personnes qui le consultent pour une dépendance au jeu ne cesse de grandir. Et en particulier pour une dépendance aux paris sportifs. « Autrefois, nous traitions surtout des personnes qui fréquentaient les casinos ou jouaient au bingo dans les cafés. Aujourd’hui, un cas sur deux concerne les paris sportifs. » Willemen souligne que cet accroissement est probablement lié au fait que les gens peuvent parier en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à la minute près, en essayant par exemple de deviner qui obtiendra le prochain corner ou qui écopera du prochain carton rouge. « C’est presque une roulette. Au stade, certains supporters ne quittent pas leur gsm des yeux. Parfois, ils discutent plus de leur pari que du match en lui-même. »

Darragh McGee, qui réalise des enquêtes pour l’Université de Bath, arrive à la même conclusion lorsqu’il analyse les habitudes de parieurs issus de deux groupes de supporters, à Bristol et à Derby. Ils vivent désormais le football en tant que source de paris. « C’est une génération de supporters qui pense qu’il faut parier sur un match pour l’apprécier pleinement », dit-il. « Ils ne parlent plus que des cotations, et se fichent bien de ce qu’il peut se passer sur le terrain. »

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La plupart du temps, les addicts ont de vingt à quarante ans. Rares sont ceux qui demandent de l’aide. Le plus souvent, ils n’osent pas, car ils ont honte. « De nombreux parieurs s’enfoncent dans les problèmes sans que leur partenaire ou leur famille soit au courant », affirme Willemen. « Psychologiquement, ils se retrouvent isolés. Ils ont conscience de leurs problèmes, mais n’osent pas en parler. Et ils espèrent qu’un pari réussi leur permettra de tout résoudre. » Le risque de suicide est grand. 13% des gens qui souffrent d’une grave addiction essaient de mettre fin à leurs jours. « Nombreux sont ceux qui se détournent du football. Ils ne veulent plus regarder de match, car celui-ci représente pour eux une incitation à parier. Je croise beaucoup de gens qui se disent dégoûtés du foot. Je crains que les clubs aient introduit le loup dans la bergerie. »

Contre les marchés illégaux

Pour l’industrie des jeux de hasard, le sponsoring et la publicité constituent des manières d’acquérir une visibilité. C’est essentiel, clame le secteur, pour lutter contre le marché noir. Un euro sur cinq tombe dans les poches d’opérateurs qui n’ont pas de licence belge. « La distinction entre le marché légal et illégal n’est pas toujours claire », affirme De Borle. « Sans la visibilité de la publicité, on ne peut rien contrôler. Le parieur se rabat alors sur le marché illégal, où il n’est pas protégé et joue fréquemment de manière irraisonnée. »

C’est une prétexte pour se justifier, estime Willemen, qui constate que la majorité des personnes en difficulté proviennent du marché légal. « 99% », soutient-il. Il effectue une comparaison avec la consommation de cocaïne. Comme c’est le cas pour les jeux de hasard, certains tombent dans le piège. « Imaginez que la cocaïne devienne légale. Demander à l’industrie de produire de la coke pure est une chose. Mais l’autoriser à faire de la publicité, en pensant que sans publicité les gens commanderaient de la coke en Chine en est une autre. On fait alors la publicité d’un produit dont on devient très facilement accro. Cela paraît fou, mais c’est ce qu’il se passe actuellement avec les jeux de hasard. »

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La popularité des paris sportifs provient de leur accessibilité. On commence avec de petites sommes, et les amateurs de football ont l’impression qu’ils parient en connaissant bien le sujet. Selon Bibert, les bureaux de paris utilisent fréquemment cet argument. « Sur les réseaux sociaux, ils n’hésitent pas à mettre en évidence les parieurs qui ont gagné une belle somme, en utilisant une certaine combinaison », explique-t-il. « De cette manière, ils donnent l’impression à d’autres qu’ils ont aussi de grandes chances de gagner. Alors que des études démontrent que le pourcentage de réussite est clairement calculé. Un ordinateur qui effectuerait un pari a autant de chances de gagner qu’un connaisseur. »

Des études démontrent que le pourcentage de réussite est clairement calculé. Un ordinateur qui effectuerait un pari a autant de chances de gagner qu’un connaisseur. » Niels Bibert, spécialiste de la communication à la KU Leuven

Les footballeurs courent, eux aussi, un risque. Fin 2019, le centre d’expertise flamand qui lutte contre l’alcool et d’autres drogues et l’Université de Gand a interrogé des sportifs et des collaborateurs de clubs sur leur tendance à parier. Non seulement ils parient plus que d’autres sur les matches, mais leur pourcentage de paris risqués est dix fois plus élevé. C’est particulièrement le cas dans les sports d’équipe. « Pour eux, parier sur des événements sportifs est devenu tout à fait normal », constate Bram Constandt de l’Université de Gand. « Le footballeurs ne prennent pas assez conscience du risque. Ils en parlent même dans le vestiaire. »

L’exemple d’ Arne Nilis, le fils de Luc Nilis, est connu. On commence par miser un peu d’argent de poche et on finit en dépression ou avec des pensées suicidaires. Dans son autobiographie, Nicklas Bendtner évoque lui aussi des nuits bien arrosées dans des casinos londoniens, où il mise des centaines de milliers d’euros à la recherche de cette adrénaline qu’il ne retrouve plus sur les terrains. Selon une enquête britannique, un sportif sur six en Angleterre parie davantage d’argent qu’il ne peut financièrement se le permettre.

Parier pour une paire de chaussures

Ce ne sont, hélas, pas des cas isolés, soupire Willemen. « J’ai déjà soigné plusieurs footballeurs professionnels qui étaient accros aux paris sportifs. À l’entraînement ou en match, ils étaient plus concentrés sur leur prochain pari que sur le foot. » La Pro League, qui possède elle-même comme partenaire une société de paris sportifs (Bwin), n’est pas aveugle et a renforcé, en décembre 2020, la collaboration qui existait déjà avec la Commission des Jeux de Hasard. « Concrètement, nous nous efforçons de bien communiquer et de sensibiliser », explique le porte-parole Stijn Van Bever. « Dans les formations, nous insistons sur la responsabilité des clubs en matière de communication et de pratiques commerciales. »

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La Pro League ne veut plus voir d’ incitation à l’action, du style: « Nous jouons contre le Standard aujourd’hui, c’est le moment de parier. » Les paris sur certaines phases de jeu ne sont plus autorisés non plus. « Misez sur le prochain carton jaune ou rouge, des phases qu’un seul joueur peut influencer. » Van Bever trouve qu’il est plus utile de prendre de telles initiatives que de tourner carrément le dos à l’industrie des paris sportifs. « On ne parviendra pas à faire disparaître les paris. Il vaut mieux chercher des partenaires qui aident à fixer des règles. »

Même son de cloche à l’Union belge. « Les paris sont légaux s’ils sont autorisés par la loi. Nous suivons le règlement de l’UEFA et de la FIFA: fixer des règles, c’est mieux que rendre les paris illégaux », déclare Thibault De Gendt, integrity officer de l’Union belge. « Mais, si le gouvernement met en place des règles plus strictes, nous les adopterons immédiatement. »

L’Union belge investit une partie de l’argent provenant des contrats de sponsoring avec des sociétés de paris dans la sensibilisation et la prévention. C’est ainsi qu’en 2019, De Gendt a rendu visite à tous les clubs professionnels avec Scott Davies, un ancien joueur professionnel de Reading qui a détruit sa carrière à cause de son addiction au jeu. Il a mis en garde contre le danger que constituent les paris et les matches truqués. « Beaucoup de pros estiment qu’ils ne tomberont jamais dans le piège, mais Davies affirme que tout peut aller très vite. Ils jouent souvent à FIFA sur console et mettent fréquemment un survêtement ou une paire de chaussures comme enjeu. De là à élever progressivement la mise, il n’y a qu’un pas. » D’après De Gendt, les problèmes financiers personnels accentuent le risque de corruption et de match truqué (voir encadré). « Celui dont les comptes sont dans le rouge a plus de mal à refuser une proposition d’une organisation criminelle qui lui demande de truquer un match. »

Une interdiction du sponsoring sportif ne mettrait-elle pas nos clubs en difficulté financière?

Un amusement, pas une dépendance

De Borle souligne lui les mesures prises par Napoleon Games et d’autres opérateurs pour protéger leurs utilisateurs. « Nous ne fuyons pas nos responsabilités et nous accompagnons les parieurs à problèmes. » C’est ainsi que la technologie d’analyse des datas détecte les comportements potentiellement risqués et instaure des limites aux parieurs pour que ceux-ci ne dépassent pas les bornes. « Des études britanniques démontrent que c’est l’autolimitation qui fonctionne le mieux. Notre modèle économique ne fonctionne pas sur la dépendance. Notre objectif est un modèle commercial durable, sûr et responsable. Nous visons l’amusement, pas la dépendance. »

En septembre 2019, cinq sociétés de paris belges ont ajouté de l’eau au moulin en décidant de ne plus faire de publicité à la télévision, à la radio ou dans la presse écrite. En raison de la menace du marché noir, elles restent cependant présentes sur internet. Mais Van Hecke estime que les sommes dépensées sont « dérisoires ». « Les sociétés de paris aiment donner l’impression qu’elles s’inquiètent du sort des gens. Mais en réalité, elles s’en inquiètent uniquement par crainte de limitations plus sévères. Ceux qui veulent arrêter de parier, sont bombardés de mails. Si les sociétés de paris voulaient réellement encourager ces gens à arrêter, elles agiraient différemment. Ne soyons pas dupes: seul le bénéfice compte. »

Van Hecke plaide pour une interdiction générale de la publicité pour l’industrie des jeux de hasard. Le Conseil supérieur de la Santé l’a également suggéré en 2015. Van Hecke espère que le nombre de parieurs problématiques pourrait ainsi diminuer, tout comme l’interdiction de la publicité pour le tabac a fait baisser le nombre de fumeurs. « C’est un débat délicat. L’industrie des jeux de hasard fait du lobbying et le monde du foot fait également pression. Mais entre la situation actuelle et la situation idéale, de nombreuses étapes intermédiaires sont possibles. Nous voulons établir des règles plus strictes, étape par étape. »

D’autres pays vont dans cette direction. C’est ainsi que l’Italie interdit la publicité pour les paris depuis 2019, « car la dépendance a ruiné des familles et pèse sur le budget de la Santé publique », affirme le vice-Premier ministre Luigi Di Maio. L’Espagne s’apprête également à interdire les paris sur le foot et les accords de sponsoring. Et au Royaume-Uni, où les paris sur les matches font presque partie de la tradition, les différentes commissions parlementaires demandent une interdiction du sponsoring foot pour les sociétés de paris. Actuellement, 26 des 44 équipes de Premier League et du Sky Bet Championship jouent avec le logo d’une société de paris sur leur maillot. Seuls les Pays-Bas assouplissent les règles. De Borle est sceptique. « En Italie, on constate déjà que l’interdiction ne produit pas l’effet escompté », dit-il. « Une interdiction totale n’est pas la solution miracle espérée par les politiciens et ceux qui veulent apporter de l’aide. »

Reste cette question: une interdiction du sponsoring sportif ne mettrait-elle pas nos clubs en difficulté financière? Ils se raccrochent, surtout en ces temps difficiles, aux injections d’argent effectuées par l’industrie des jeux de hasard. Van Hecke estime que non. Il se réfère à l’interdiction de la publicité sur le tabac, introduite alors que les marques de cigarettes sponsorisaient les écuries de Formule 1. Cette interdiction n’a pas causé la mort du sport automobile. « Je comprends qu’il existe une certaine concurrence. Mais soyons réalistes: le soutien financier apporté par les sociétés de paris n’a pas propulsé nos clubs au top niveau. Par ailleurs, cet argument ne tient plus, à partir du moment où d’autres pays se préparent également à interdire le sponsoring à ces sociétés. »

Besoin d’aide? Sur joueurs.aide-en-ligne.be, vous pouvez vous tester pour voir si vous êtes un parieur à risque. Sur ce site, vous trouvez aussi des conseils et un accompagnement en ligne.

Matches truqués: pour des raisons sportives plutôt que financières

Ces derniers temps, on n’a plus assisté à des scandales similaires à ceux de l’époque Zheyun Ye, mais le risque de matches truqués n’a pas disparu. En collaboration avec l’UEFA, l’Union belge traque les matches suspects. La société Sportradar analyse le montant des mises sur chaque match professionnel en Europe. Si la tendance est suspecte, elle avertit l’UEFA. « Qui nous avertit à son tour. Si, un vendredi soir, à Singapour, une somme anormale a été misée sur un carton rouge infligé en deuxième mi-temps d’un match belge, nous en sommes informés dans l’heure qui vient. Nous pouvons alors avertir le parquet fédéral. »

Au cours des cinq dernières années, l’Union belge a été informée à deux reprises. « Il y a quelques saisons, on avait parié plus que d’habitude sur un score de 5-2. Le match en question s’est finalement terminé sur un nul blanc: 0-0. On pourrait penser qu’il s’agit d’un pari raté, mais les unités d’intégrité penchent plutôt pour des paris inhabituels et pas pour des paris truqués. » Selon De Gendt, les matches belges sont davantage truqués pour des raisons sportives que financières. Dans les divisions inférieures surtout, il arrive que des équipes menacées de relégation sortent le carnet de chèque. L’Union belge a créé un point de contact pour combattre ce genre de pratiques. « Chaque année, nous recevons entre quinze et vingt messages qui émanent surtout du football provincial. Un certain nombre d’entre eux – de un à quatre par an – aboutit à la suspension d’une personne ou à la relégation d’un club. De nombreux messages sont anonymes ou restent vagues. Il s’agit, par exemple, de bruits que des personnes ont entendus au comptoir d’une buvette. »

Tom Peeters

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