
« On attendait une réaction des Red Flames après les Pays-Bas, elle a bien eu lieu »
À défaut d’avoir donné le sourire aux Red Flames, la double confrontation amicale face aux Pays-Bas et l’Allemagne s’est révélée riche en enseignements pour la sélection belge.
Les Red Flames ont-elles montré leurs limites ?
Oui, et il n’y a aucun scoop là-dedans. Face aux deuxième (Allemagne) et quatrième (Pays-Bas) nations mondiales, les Belges ont fait ce qu’elles ont pu avec leurs moyens. Et ceux-ci sont logiquement plus limités que des équipes qui disposent dans leur noyau de stars qui évoluent à Arsenal, Barcelone, Manchester United pour les Néerlandaises, ou encore Wolfsburg et le Bayern Munich côté allemand. « Nos adversaires sont toutes pros depuis des années », rappelait Tessa Wullaert après la défaite subie en Allemagne (2-0), soulignant le gap culturel qui existe entre les trois pays candidats à l’organisation du Mondial 2027. « On doit trouver les solutions pour être capables de s’entraîner encore plus, mais ce n’est pas toujours possible, car les joueuses ont un job à côté (à Aix-la-Chapelle, seules trois joueuses sur les onze titulaires étaient pros à 100%, ndlr). Ça ne va pas se régler d’un coup de baguette magique. » Mais par des investissements toujours plus importants pour tendre vers un objectif : professionnalisation, professionnalisation, professionnalisation.
Cette double confrontation remet les Red Flames « les pieds sur terre », selon Janice Cayman.
C’est surtout le 1-6 pris face aux Néerlandaises jeudi au stade Roi Baudouin qui a fait mal. Car il a fait apparaître sous une lumière encore plus crue la distance qui sépare toujours la Belgique du gratin continental. De quoi « retomber les pieds sur terre », de l’aveu même de Janice Cayman, titularisée en tant que latérale gauche en l’absence de Davina Philtjens (blessée au genou) en Allemagne. Surtout après l’euphorie qui avait gagné le clan belge suite à la qualification acquise haut la main face à la Suisse (4-0 début décembre), un pays solidement ancré dans le subtop européen. Il reste maintenant un an et demi pour tenter de résorber le retard sur nos voisines, en vue d’un EURO où les ambitions restent bien présentes.
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Où se situe la plus grande différence ?
Soyons honnêtes, c’est dans tous les compartiments du jeu que les Red Flames ont subi la domination néerlando-allemande : expérience au plus haut niveau, tactique, technique, physique, la Belgique était clairement un cran en-dessous de ses adversaires. Mais ça s’est surtout vu au niveau physique, avec des Flames pas vraiment capables de suivre le rythme imposé par leurs adversaires. Encore moins sur nonante minutes. « On passe de rencontres de Super League contre Charleroi et Alost à des chocs face à l’élite mondiale, où on a qu’une seconde pour prendre une décision balle au pied. C’est un tout autre rythme. On a besoin de matches comme ceux-là dès maintenant », ajoutait Wullaert en conférence de presse.
Systématiquement deuxièmes sur le ballon contre les Pays-Bas, les Belges ont ensuite fait preuve de trop peu d’intensité physique sur les contres qui auraient pu leur faire du bien au moral en Allemagne. « Il faut certes progresser à ce niveau-là, mais aussi quand on a le ballon », ajoutait Wullaert. « On doit aussi améliorer les savoirs plus basiques : jouer en une ou deux touches, faire tourner le ballon plus vite. » Précisément ce que les Néerlandaises sont parvenues à faire avec beaucoup trop de facilité à Bruxelles jeudi, suscitant la frustration de Julie Biesmans, notamment.
Quelles leçons positives tirer de ces deux amicaux ?
On attendait une réaction après la débâcle contre les Oranje Leeuwinnen. Car malgré toutes les qualités dont regorgeait l’effectif néerlandais, le trou d’air connu en seconde période était inquiétant dans le chef d’une sélection tout de même classée au dixième rang européen, et qui aspire au top 8 d’ici 2024. Cette réaction a bel et bien eu lieu, avec une équipe mieux en place, mieux organisée et sans doute plus volontaire dans sa chasse de ballons. « Avec ce but encaissé très tôt (dès la deuxième minute, ndlr), si on avait baissé la tête, on aurait pu en prendre cinq face à une telle équipe », indiquait la capitaine belge, « satisfaite malgré la défaite », en conférence de presse. « Mais on est parvenues à la relever, contrairement à la rencontre face aux Pays-Bas. On peut construire quelque chose à partir de ce match. »
Ce qui m’a beaucoup plu, c’est que l’équipe a réussi à appréhender en deux jours une autre manière de jouer, une condition sine qua non quand on veut progresser jusqu’au top 8.
Ives Serneels
La numéro 9 et ses potes auraient même pu prétendre à une égalisation si l’arbitre n’avait pas annulé un pion de Biesmans pour un hors-jeu inexistant. Certes, cela n’aurait pas été très raccord avec la physionomie du match, mais cela aurait eu le mérite de couronner les progrès des joueuses noir-jaune-rouge. Une amélioration nette qui avait le don de satisfaire Ives Serneels. « Ce qui m’a beaucoup plu, c’est que l’équipe a réussi à appréhender en deux jours une autre manière de jouer, avec Julie Biesmans au milieu et Janice Cayman en défense. Quand on veut atteindre le top 8, on se doit de maîtriser plusieurs systèmes. »
Et aussi être capable de se remobiliser après un échec cuisant. S’il reste à chaque joueuse à progresser individuellement aux niveaux physique et technique, les Red Flames ont prouvé qu’elles avaient avancé au niveau mental en montrant un visage bien plus séduisant trois jours après la défaite face aux Néerlandaises. Le signe d’un groupe toujours en phase d’apprentissage, qui a osé se frotter aux meilleures en vue de se préparer au mieux pour l’EURO 2022, où il n’y aura pas de « petits matches ». You learned from the best comme le chantait Whitney Houston…
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