Odjidja, de retour à Gand, là où tout a commencé
Après un périple de quatre ans qui l’a conduit à Norwich, Rotherham, Varsovie et à l’Olympiacos, Vadis Odjidja (29 ans) a retrouvé Gand, la ville où il a grandi. Que peut attendre le club de son ancien jeune joueur ?
Septembre 2016, Legia Varsovie. Besnik Hasi est le nouvel entraîneur et il a explicitement demandé le transfert de Vadis Odjidja. Ils ont joué ensemble lors de la dernière saison de Hasi au RSCA puis ont été adversaires pendant quatre ans et demi, quand Odjidja était la plaque tournante du Club Bruges et Hasi entraîneur-adjoint du Sporting.
Odjidja était devenu international. Son transfert à Norwich, assorti d’une courte location à Rotherham United FC, a été un échec. À cause de blessures, d’un changement d’entraîneur, d’un style de jeu qui ne lui convenait pas. Bref, à Varsovie, ce n’est pas un Odjidja en forme que l’on voit.
Sa mère vient de décéder d’un cancer et il est rongé par le chagrin. En même temps, c’est une source de motivation, dit-il. Il va tout mettre en oeuvre pour retrouver son niveau. Il ne manque pas des perspectives : le Legia est versé dans la poule du Borussia Dortmund, du Sporting Lisbonne et du Real Madrid en Ligue des Champions.
Joueur de l’année en Pologne
Il a réussi. Il a marqué contre le Real, enlevé le premier titre national de sa carrière et été sacré meilleur joueur de Pologne. Le début a été difficile, néanmoins, comme le confirme Steven Vanharen, le préparateur physique belge de Hasi au Legia. » Il revenait de blessure et, en septembre, il n’avait pas encore retrouvé ses sensations ni son rythme mais je ne suis pas étonné qu’il ait réussi sa saison car il est capable de porter une équipe et d’être décisif. Il opère la liaison entre attaque et défense, appelle le ballon. Il est capable de faire le même travail qu’ Axel Witsel en équipe nationale. »
Ses qualités ressortent face à un adversaire plus relevé, qui exerce une forte pression, comme en Ligue des Champions. » – Besnik Hasi
» Il a logiquement été élu joueur de l’année car il émergeait nettement en Pologne « , déclare Maciej Kaliszuk, journaliste au Przeglad Sportowy, le seul quotidien sportif du pays. » Nous avons peu de joueurs créatifs. Il savait toujours que faire du ballon et il était un véritable leader au centre de l’entrejeu. Il a délivré douze assists mais a marqué seulement quatre buts.
Compte tenu de ses qualités, on aurait pu en attendre plus mais c’est dû à ses problèmes initiaux : il était trop lourd. En plus, Hasi l’alignait au six ou au huit alors que le nouvel entraîneur le postait au dix. Après le changement d’entraîneur, il a fait banquette mais il a montré ce dont il était capable contre le Sporting Lisbonne et il est devenu un joueur-clef et une star de l’Ekstraklasa. »
L’Olympiacos, un cocktail explosif
Hasi a rejoint l’Olympiacos et a de nouveau demandé le transfert d’Odjidja mais le Gantois d’origine ghanéenne a eu moins de succès chez le champion grec. » Il est devenu papa pendant la préparation et il s’était peu entraîné « , explique Vanharen, qui a suivi Hasi. » Il a progressé de semaine en semaine. J’aimais travailler avec lui car il a une bonne mentalité et il est intelligent. Il n’hésite pas à poser des questions. Sa paternité l’a mûri mais l’Olympiacos n’était pas un cadeau. Il a eu trois entraîneurs différents en une saison. C’est difficile à gérer pour un joueur. Vadis a besoin de se sentir apprécié par le staff et apparemment, ça n’a plus été le cas après notre départ. »
» Vadis ? Complicated ! » Giorgos Noikokyris, journaliste du journal et site sportif TO10, rit. » Il était un des meilleurs du championnat de Grèce jusqu’au renvoi de Hasi, voire le meilleur. Il n’a plus été le même ensuite. Le problème ne se limitait pas au terrain. Il a été cambriolé et son comportement au club laissait à désirer. Il a eu des problèmes avec les entraîneurs et quelques joueurs. Il devait partir en janvier mais comme personne n’était prêt à verser l’indemnité requise, il est resté.
Le club a toutefois décidé de ne plus l’utiliser avant même la fin de la saison, pour aligner les joueurs qui avaient toujours envie de mouiller leur maillot pour le club et ne posaient pas de problème. Naturellement, la saison a été très pénible pour l’Olympiacos. Le vestiaire n’était pas bon et il a loupé le titre, pour la première fois en sept ans. C’était un cocktail explosif. Odjidja est un excellent footballeur. Il est capable d’attaquer et de défendre, il est costaud et il a tout pour réussir une grande carrière. Il doit se demander pourquoi il n’y est pas encore parvenu car les autres ne sont pas les seuls responsables. »
Au sommet de son art à Gand
Le voilà donc de retour à Gand, où il a commencé à jouer à cinq ans. Sa famille y réside toujours. Roger Henrotay, le père de son agent, Christophe, est maintenant conseiller sportif des Buffalos.
» Il est au sommet de son art et Gand a fait un superbe transfert « , affirme Besnik Hasi. » Il a connu la meilleure saison de sa carrière à Varsovie et avait de nombreuses offres mais il a rejoint l’Olympiacos à cause de moi, pour jouer en Ligue des Champions et peut-être aussi pour être plus proche de l’équipe nationale. Au début, tout le monde le couvrait d’éloges mais après mon départ, l’équipe a perdu sa stabilité et mes successeurs ne lui ont pas offert la même confiance. Il est du genre à dire ce qui ne lui plaît pas et ça peut provoquer des frictions. Il retrouve maintenant son environnement familier. Il aurait pu gagner plus ailleurs mais il a opté pour la stabilité, pour retrouver la plénitude de ses moyens.
Il a opéré un déclic. Il appréhende les choses différemment, sans doute grâce à sa paternité. Il entame ses meilleures années. Je pense que Gand a besoin d’un joueur doté d’une forte personnalité, comme Vadis. Yves Vanderhaeghe le connaît et sait ce qu’il doit faire avec lui. On peut parler franchement à Vadis, lui dire ce qui ne va pas mais il faut aussi sentir quand il a besoin de soutien et il ne faut pas l’aligner à une position qui ne lui convient pas. Il doit pouvoir être important pour être performant. Se sentir bien. J’étais comme lui. Je le connais depuis longtemps. Nous nous sommes entraînés quelques mois ensemble à Anderlecht. Je ne doute pas qu’il soit rentable immédiatement à Gand. Il n’a peut-être pas encore retrouvé son rythme mais son expérience et sa trempe peuvent apporter un plus immédiat.
Je comprends que certains disent qu’il doit se poser des questions. J’en ai souvent discuté avec lui. Quand il était plus jeune, il s’est plaint dans des interviews, sans faire preuve d’introspection. Je le comprends mais il est partiellement responsable de sa situation. Il l’a compris à l’étranger. C’est pour ça que je dis qu’il est devenu plus complet, humainement et sportivement. »
6, 8 ou 10
» À son arrivée au Legia, je lui ai dit que s’il n’était pas bon en Pologne, il devrait se produire pour de plus petits clubs. Il a donné le meilleur de lui-même et a répondu aux attentes. À Gand, il va assumer une partie de la pression car il a changé. Il est stable. Intelligent, aussi. Il sait que Gand a payé beaucoup pour ses services et qu’il doit obtenir des prix.
Vadis pourrait aisément jouer en Bundesliga. Peut-être pas dans le top trois mais dans un club au-delà de la cinquième place. Il allie technique, force et profondeur, il a un bon passing et court entre les lignes. Tous les entraîneurs ont envie d’un joueur pareil, un vrai patron dans l’entrejeu. Sa meilleure place est au huit, aux côtés d’un médian défensif. Durant ses premiers mois au Legia, je j’ai aligné au six, avec son accord. Pour deux raisons : comme il avait peu joué à Norwich, il devait retrouver son rythme et donc recevoir souvent le ballon. Ensuite, je n’avais pas de défenseur central capable de relancer le jeu et j’avais besoin de lui juste devant cette ligne, pour soigner la construction du jeu. Dans les matches difficiles, il peut également jouer au dix.
Ses qualités ressortent face à un adversaire plus relevé, qui exerce une forte pression, comme en Ligue des Champions. À l’Olympiacos, il était le seul joueur capable de rivaliser avec le Sporting Lisbonne sous tous les aspects : vitesse d’exécution, puissance, technique… Il a également disputé un match fantastique au Partizan Belgrade, un match décisif sous une pression terrible, puisque nous devions nous qualifier pour la Ligue des Champions. Même à ce niveau, il regorge de talent. »
» Un vrai athlète »
» À le voir jouer, on ne dirait pas qu’il est explosif « , raconte le préparateur physique Steven Vanharen, qui a travaillé avec Vadis Odjidja au Legia Varsovie comme à l’Olympiacos. » Pourtant, les tests révèlent une bonne vitesse de base. En revanche, son aptitude à répéter des efforts intenses pendant nonante minutes est excellente, pour autant qu’il ait suffisamment de séances et de temps de jeu dans les jambes. Son principal atout réside dans sa capacité à conserver le ballon. Il gagne aussi beaucoup de duels aériens, grâce à sa taille (1m85) et à sa détente. Il a le profil physique d’un médian, d’un huit : il abat beaucoup de travail entre les deux rectangles, conquiert le ballon, l’appelle et distribue le jeu. »
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