Malgré la belle semaine europénne des clubs belges, les supporters boudent le stade: « Ils préfèrent le confort derrière leur télévision »

Bart Aerts

Encore trois victoires et un partage pour les équipes belges engagées dans les Coupes d’Europe cette semaine. Après deux journées de compétition, la Belgique est, avec la surprenante Hongrie, le seul pays invaincu sur la scène continentale. Malgré ces belles performances, les stades n’étaient pas bien garnis. Pourquoi donc ?

Dimanche dernier, l’Union jouait sa rencontre à domicile contre le Racing Genk devant un peu plus de 7000 supporters massés dans les tribunes désuètes du Parc Duden. Au King Power, l’autre nom du stade Den Dreef qui héberge les Unionistes pour leurs joutes européennes, ils n’étaient que 4000 à soutenir leurs couleurs pour la réception de Malmö, dans le cadre de la deuxième journée de l’Europa League. Certes, en raison des exigences de l’UEFA, les vice-champions de Belgique ne peuvent évoluer dans leur antre habituelle, qui n’est pas vraiment conforme aux standards requis. Mais Louvain… ce n’est pas non plus un déplacement insurmontable pour les supporters bruxellois ?

« Contre les Rangers, nous avons réussi à remplir le stade », nous explique Maarten Verdoodt, porte-parole de la RUSG. « C’était un nom un peu plus réputé et je suppose que cela a joué un rôle dans l’affluence. Et puis le match contre les Ecossais avaient lieu pendant les vacances. Depuis, l’école a recommencé et le match a lieu un jeudi soir, à 21 heures… », poursuit notre interlocuteur.

Une enquête menée par le club bruxellois a aussi montré que 75 % des supporters fidèles se rendent au stade Joseph Marien en utilisant les transports en commun. Pour se rendre à Louvain en train ou en bus, c’est un peu plus le parcours du combattant. Toutefois, les prix des billets sont restés raisonnables : par exemple, le mini-abonnement pour une place derrière le but ne coûte que 60 euros pour trois matches.

« Nous attendons une augmentation maintenant », déclare M. Verdoodt. « Les résultats sont bons et nous allons organiser d’autres actions. Mais le climat social joue aussi un rôle. Les gens font plus attention à leur budget », rappelle le porte-parole du club. Les matches européens à domicile rapporteront-ils encore quelque chose à l’Union, alors qu’elle doit déjà payer la location du stade ? « Nous visons le seuil de rentabilité et, bien sûr, il y a toujours les primes de l’UEFA si on marque des points », explique Maarten Verdoodt.

Ne vous fiez pas à cette image. Le stade de Louvain sonnait bien creux au moment du match entre l’Union et Malmö puisque seulement 4000 spectateurs avaient effectué le déplacement. (Photo by DAVID PINTENS/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

Le PSG ou le Bayer Leverkusen, ce n’est pas la même chose

Pour son premier match à domicile en Ligue des Champions, il y a désormais une bonne semaine, le FC Bruges a pris la mesure du Bayer Leverkusen (1-0). Le Jan Breydel était en effervescence avec 21 000 personnes présentes dans ses travées. Cela aurait pu cependant être plusieurs milliers de plus. Les enquêtes révèlent que les ventes de billets pour la phase de groupe de la Ligue des champions sont inférieures à celles de la saison dernière. La présence des Lionel Messi, Neymar, Kylian Mbappé (ou Kevin De Bruyne avec City) y sont forcément pour quelque chose. Un premier match à domicile contre le PSG comme lors de la dernière campagne ou la réception de Leverkusen dont les noms composants l’équipe mettent moins de paillettes dans les yeux, cela fait forcément une différence…..

Cette fois-ci, la période de décision des fans a aussi été beaucoup plus courte étant donné le calendrier serré de cette saison. Le tirage au sort a eu lieu le jeudi 25 août et moins de deux semaines plus tard, le premier match à domicile avait déjà lieu. La faute à la Coupe du monde au Qatar.

Pour les prochains matches du mois d’octobre contre l’Atlético de Madrid et le FC Porto, les responsables brugeois attendent plus de monde au Jan Breydel. Les bons résultats de l’équipe devraient stimuler les ventes de billets « du jour ».

 » Les attentes des Congolais sont énormes « 
Le stade Jan Breydel était bien rempli mercredi de la semaine dernière, mais aurait pu l’être bien plus si l’adversaire s’était nommé le PSG plutôt que le Bayer Leverkusen (Photo by Angelo Blankespoor/Soccrates/Getty Images)

Beaucoup de football à la télévision

Et La Gantoise ? À la télévision, on a pu voir le très beau but de Vadis Odjidja contre les Shamrock Rovers sous tous les angles. Mais on peut aussi voir de tels buts dans un stade non ? Pourtant, seules 7 813 fans s’étaient rendues à la Ghelamco Arena pour voir leur capitaine réaliser son petit bijou. Le stade gantois peut pourtant accueillir un peu plus de 20 000 places. Il semblait même sinistrement vide depuis certains angles de vue. Est-ce la Conference League qui ne parvient pas à mobiliser les foules ? Ou l’heure gênante en plein milieu de la semaine ?

Au Lotto Park, Anderlecht et Silkeborg IF se sont livrés bataille jeudi de la semaine passée devant un peu moins de 12 000 supporters. Selon Wim Lagae, économiste du sport à la KUL, un ensemble de facteurs est à prendre en ligne de compte. Il cite notamment l’excellente qualité des retransmissions à la télévision, « Pourquoi continuer à faire le déplacement au stade si vous mettez tous les éléments dans la balance ? Les irréductibles continueront toujours à venir, qu’il fasse beau ou que la météo soit abominable, qu’il y ait une crise économique ou pas. En revanche, les supporters occasionnels choisissent souvent la manière la plus confortable de regarder le match : c’est-à-dire devant leur télévision », justifie l’économiste du sport.

Pendant une saison entière, votre équipe préférée se bat pour avoir le droit de disputer des rencontres européennes et ensuite certains supporters ne les suivent plus. Cela reste étonnant. Mais si les équipes belges continuent sur la même lancée que lors de ces deux premières journées de compétition sur la scène continentale, peut-être qu’elles parviendront à attirer davantage de public dans leur stade.

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