Made in the Jupiler Pro League | Pour sa dernière Coupe du monde, Bryan Ruiz peut-il encore briller ?
Bryan Ruiz, le Costaricien au pied gauche de velours, veut briller une dernière fois pour son pays lors d’une Coupe du monde. Autrefois fléau pour toutes les défenses du Royaume, il termine aujourd’hui sa carrière à Alajuelense, dans son pays natal. Portrait d’un des anciens chouchous du public Buffalo quand il supportait encore ses couleurs dans les travées du stade Jules Otten.
L’histoire de Bryan Ruiz commence en 2005. Fort d’un titre de champion sous les couleurs d’Alajuelense, au Costa Rica, le jeune homme de 19 ans est autorisé à effectuer un essai à Feyenoord. L’entraîneur Ruud Gullit est alors impressionné par ce joueur élégant à la patte gauche diabolique. Un changement de guide sur le banc du Kuip va cependant faire basculer le destin de Ruiz au sein « du club du peuple ».
Le successeur de Boussoufa
Un an plus tard, il est repéré par un certain Michel Louwagie. A l’époque, le manager de La Gantoise est à la recherche d’un successeur pour Mbark Boussoufa, parti renforcer les rangs d’Anderlecht. Louwagie voit un potentiel plus qu’intéressant dans ce jeune costaricien et le convainc de déménager en Flandre-Orientale. Dans ses bagages en provenance pays des Ticos, l’un des hommes forts de Gand, aux côtés d’Ivan De Witte, ramène aussi un certain Randall Azofeifa. Un milieu de terrain à la frappe de balle précise qui a débloqué bien des situations sur phases arrêtées au stade Jules Otten.
Les débuts de Ruiz sous la vareuse des Buffalos sont pourtant timides. Sous la direction de Georges Leekens, il montre, certes, quelques jolis échantillons de son talent, mais il passe encore le plus clair de son temps sur la banquette. Lors de sa deuxième saison, le gaucher de San José éclot sous la houlette de Trond Sollied. Sur son flanc gauche, il facture 11 buts et six passes décisives. Il alterne un toucher de balle soyeux avec une frappe puissante et précise. Désormais, il prouve clairement que Michel Louwagie a eu le nez creux en le transférant.
Lors de sa troisième et dernière année à Gand, Michel Preud’homme le replace au coeur du jeu en soutien de l’attaquant de pointe. Un coup de tactique gagnant puisque le Costaricien réalise le meilleur exercice de sa carrière avec 12 roses plantées et 13 passes décisives délivrées. C’est désormais le patron de l’équipe. Dans les travées du stade Jules Otten, plus personne ne parle encore de Boussoufa.
Bryan Ruiz estime cependant qu’il doit franchir un palier dans sa carrière et demande son transfert. Après trois belles saisons, il fait ses adieux à Gand et s’engage aux Pays-Bas, au sein de l’ambitieux FC Twente. Notons aussi que dans une période où le Standard et Anderlecht dominent clairement le football belge, le Costaricien est parvenu à décrocher une belle troisième place au premier tour de scrutin du Soulier d’or 2009. Il terminera finalement à la sixième place, car il n’était déjà plus en Belgique lors du deuxième tour.
Il prend encore une autre dimension aux Pays-Bas
Au cours de cette première saison chez les Tukkers, Bryan Ruiz aide le club d’Enschede à se coiffer des lauriers nationaux. Twente réussit aussi un joli parcours en Coupe avec une demi-finale à clé. Les chiffres du natif de San José sont stupéfiants avec 24 buts et 9 passes décisives. Et tout cela, en seulement 34 apparitions. Il est d’ailleurs élu joueur de l’année par le magazine Voetbal International.
L’entraîneur à succès Steve McClaren décide d’aller relever un nouveau défi à Wolfsburg et Ruiz retrouve alors une vieille connaissance sur le banc du FC Twente, en la personne de Michel Preud’homme. L’ancien gardien doit poursuivre le travail de McClaren et aider la formation d’Enschede de se hisser dans le subtop européen. MPH atteint son objectif grâce, notamment, aux inspiration de son son golden boy costaricien. Twente se qualifie pour les quarts de finale de la Ligue Europa, où Villarreal fait office de terminus pour des Néerlandais qui remporteront la Coupe nationale au terme d’une finale contre l’Ajax, qui s’est conclue aux prolongations.
En deux exercices à Enschede, Ruiz a remporté le titre de champion, la Coupe des Pays-Bas et a permis au club de signer la meilleure performance européenne de son histoire. Ces accomplissements lui valent le statut de star aux Pays-Bas. Son style de jeu et son sens du but ont conquis le cœur des supporters. Il s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de Tukkers.
Il n’est donc pas illogique que certains grands clubs l’aient dans leur collimateur. Lors de l’été 2011, il paraphe un contrat avec Fulham, formation de Premier League, en échange de 12 millions d’euros.
Des hauts et des bas de l’autre côté de la Manche
Dans l’exigeant championnat anglais, le Costaricien ne tombe pas dans le piège de la facilité. Il obtient du temps de jeu et marque régulièrement, avec quelques petites perles dans le tas. Les partisans des Cottagers raffolent de son style de jeu, mais il ne parviendra jamais totalement à faire trou. À Fulham, il évolue comme une sorte d’attaquant de soutien à ses débuts. Parfois, il est replacé sur le flanc, mais il semble évident qu’il se sent bien mieux dans l’axe. Ses statistiques deviennent plus faibles et il ne semble plus être la machine à marquer que l’on a pu connaître aux Pays-Bas.
Cette baisse de régime a forcément des conséquences pour Ruiz. Lors de sa troisième saison à Londres, il joue beaucoup moins et tombe quelque peu dans l’oubli. En janvier 2014, Fulham décide de le louer pour le relancer. Ce sera une période de régénération pour celui qu’on surnomme parfois la Fouine. Il retrouve les terrains néerlandais pour six mois au PSV. En 14 sorties, il est impliqué dans huit réalisations de ses éphémères couleurs. Le Costaricien emmagasine la confiance et semble prêt à briller dans une édition du Mondial qui se tiendra sur le continent sudaméricain.
Un Ruiz au quart de tour au Brésil
Au Brésil, Ruiz montre une fois de plus les qualités footballistiques évidentes que les fans belges et néerlandais connaissaient de lui. Il a mené son pays à la qualification malgré la présence dans le groupe de trois nations qui furent championnes du monde: l’Angleterre, l’Italie et l’Uruguay. Présentés comme les plus faibles de cette poule de luxe, les Ticos vont déjouer les pronostics en terminant premiers avec sept points sur neuf. Bryan Ruiz marque aussi l’unique but de la victoire des siens contre la Squadra Azzurra.
En huitième de finale, le pays d’Amérique Latine rencontre la Grèce. C’est Ruiz en personne qui donne l’avantage à son pays, mais dans le temps additionnel, les Hellènes parviennent à recoller au score. Les prolongations ne décident pas du vainqueur qui sera désigné au terme de la séance des tirs au but. Lors de celle-ci, le capitaine conserve son sang-froid et transforme son penalty. Le Costa Rica se qualifie, après que Keylor Navas ait arrêté un des pénaltys grecs.
Le Costa Rica se présente sans complexe contre Pays-Bas, guidés par le mage Louis van Gaal. Après 120 minutes, le tableau marquoir n’a toujours pas été débloqué et ce sont à nouveau les tirs au but qui vont permettre de départager les deux protagonistes. Van Gaal remplace son gardien Jasper Cillessen par Tim Krul et celui-ci s’interpose sur la tentative de Ruiz. Les Ticos doivent rentrer au pays, mais ce sera la tête haute et avec une bonne dose de fierté. Ce résultat est un véritable exploit pour le petit état de 5 millions d’habitants.
Un long déclin
Après son prêt à Eindhoven, Ruiz est retourné à Fulham, qui a été relégué depuis lors dans l’antichambre de l’élite. Le gaucher n’apporte plus grand chose et lors de l’été 2015, le Sporting Lisbonne vient aux nouvelles. C’est au stade José Alvalade qu’il disputera la dernière saison vraiment productive de sa carrière. Il est titulaire indiscutable et marque régulièrement. Dans son rôle de milieu offensif, il distribue aussi un grand nombre de passes décisives.
Sa situation va se dégrader au cours des deux saisons suivante. Son temps de jeu diminue et il finit par être mis sur la touche. En 2018, il traverse l’Atlantique pour enfiler la mythique vareuse du FC Santos, au Brésil. Il y jouera très peu en raison d’un conflit avec l’entraîneur et partira après deux ans pour revenir dans la formation de ses débuts: Alajuelense.
La Coupe du monde sera son dernier tour de piste à l’échelle internationale puisqu’il raccrochera les crampons à la fin de cette année. Espérons que nous verrons une dernière fois quelques touches de balle du Bryan Ruiz qui a tant enthousiasmé les pelouses belges il y a un peu plus d’une décennie.
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