Made in the JPL | Sergej Milinkovic-Savic : de Genk au top mondial
On l’oublierait presque, mais autrefois le meilleur joueur de la sélection serbe se produisait sur les pelouses belges. Sergej Milinkovic-Savic a mûri pendant un an au KRC Genk avant de briller en Italie. Portrait de la plaque-tournante serbe.
Sergej Milinkovic-Savic doit mener ses Aigles à la phase à élimination directe de la Coupe du monde. Ce n’est pas une tâche facile, car les résultats ont jusqu’à présent été insuffisants. Avec un point après deux matchs, une victoire est indispensable contre la Suisse. Mais ce n’est apparemment pas un problème : “Quand on a découvert le calendrier, on a tout de suite su que tout se jouerait sur ce dernier match C’est le scénario auquel je m’attendais », a répété le Serbe. La confiance est donc toujours là.
Et c’est sans doute l’un des mots clés de son jeu. Milinkovic-Savic sillonne le milieu de terrain avec un certain flair, une confiance qui semble le rendre invincible. C’est inscrit dans son ADN : il est le fils de l’ancien footballeur Nikola Milinkovic, qui a joué au plus haut niveau en Espagne et au Portugal. Sergej est donc né à Lleida, en Catalogne, et cette aisance espagnole se reflète clairement dans son jeu.
Révélation à Genk
Le milieu de terrain a fait ses premiers pas dans le football professionnel avec le club serbe de Vojvodina en 2013. Après un an en Serbie, il a rejoint Genk. En 2018, Het Nieuwsblad rapportait que Gunter Jacob, qui était directeur technique des Limbourgeois en 2014, avait en fait des vues sur le frère de Sergej, qui n’est autre que Vanja Milinkovic-Savic, l’actuel gardien de la Serbie à la Coupe du monde. Mais quand Jacob a vu Sergej jouer, il en est rapidement tombé raide dingue. Et c’est donc le milieu de terrain qui a débarqué dans le Limbourg.
Là-bas, il s’est érigé en brillant meneur de jeu manieur de ballon et a su élever son niveau petit à petit. Cependant, il n’a pas pu aider Genk à décrocher le moindre trophée : cette année-là, l’équipe d’Alex McLeish, n’a atteint que les play-offs 2. Un piètre résultat, surtout quand on se remémore les noms ronflants qui composaient l’équipe : Wilfred Ndidi, Jelle Vossen, Kara Mbodj ou encore Christian Kabasele.
Ça n’a toutefois pas empêché de nombreux clubs de décler son énorme potentiel. Un sentiment renforcé par une performance remarquable au cours de l’été 2015. En effet, Milinkovic-Savic a remporté la Coupe du monde U20 et a été élu meilleur joueur du tournoi. C’était la preuve ultime que le Serbe était prêt à passer à la vitesse supérieure. Finalement, c’est la Lazio qui a réussi à le charmer et a fait de lui le transfert sortant le plus cher de l’histoire de Genk à l’époque. Le club de Rome a déposé dix millions d’euros sur la table, assortis de bonus.
Des débuts mineurs avant le succès
Souvent, le passage vers un championnat européen du top est difficile à gérer pour les joueurs qui quittent la Jupiler Pro League, et ça a été le cas pour Milinkovic-Savic. Sa première saison a été difficile, notamment parce que l’entraîneur Stefano Pioli ne parvenait pas à maîtriser son tout nouveau transfert. Le technicien italien ne trouvait tout simplement pas la solution pour permettre à sa pépite de s’épanouir. Après une saison compliquée, le conseil d’administration de la Lazio a estimé que le moment était venu de changer d’entraîneur. Simone Inzaghi, le frère de Filippo, a alors pris les rênes de l’équipe. Son approche a porté ses fruits et en un rien de temps, Milinkovic-Savic a explosé. Les fans de la Lazio se sont vite délectés de son talent et l’ont adopté. Il s’est érigé en véritable joueur box-to-box, du type Paul Pogba, combinant une technique raffinée avec une capacité de course et une vista exemplaire, malgré sa taille (1m91). Un milieu de terrain complet donc, qui serait titulaire dans de nombreux clubs du top niveau.
Gros transfert en attente
Depuis lors, cinq années sont passées. L’homme a déjà 27 ans et reste l’un des protagonistes de la Lazio. Sa carrière devrait atteindre son apogée, mais il est encore en Serie A. Un niveau honorable, certes, mais pas celui de la Premier League, par exemple. Ce n’est pas que les clubs ne veulent pas de lui : chaque année Milinkovic-Savic est convoité lors du mercato. Mais il y a toujours quelque chose qui coince. Cet été n’a pas fait exception : Manchester United était déterminé à faire venir le milieu de terrain, mais une fois de plus les choses ont mal tourné.
Comment se fait-il qu’un joueur de son calibre évolue encore dans un club qui ne fait qu’effleurer le sommet en Italie ? Dans un club qui n’a pas disputé de Ligue des champions au cours des deux dernières saisons ? C’est simple : il coûte trop cher. Le président et propriétaire de la Lazio, Claudio Lotito, ne veut pas lâcher son joueur vedette à bas prix. C’est le moins qu’on puisse dire : les sommes mentionnées dépassent parfois les cent millions d’euros. Mateja Kezman, l’agent de Milinkovic-Savic s’est exprimé sur la situation dans le journal italien Corriere dello Sport cet été : “Le président a mis un prix élevé sur la tête de Sergej, ce qui effraie de nombreux clubs. À nos yeux, ce prix est peut-être un peu naïf, mais c’est lui le patron, c’est lui qui décide. Il ne faut pas oublier que de nombreux clubs ont subi des pertes à cause de la pandémie, alors il est normal qu’il faille trouver des revenus supplémentaires par d’autres moyens.” Et donc, l’un des plus grands talents d’Europe reste à la Lazio. Peut-être la Coupe du monde changera-t-elle cela ?
Lien particulier avec Mitrovic
La Serbie doit encore donner le meilleur d’elle-même contre la Suisse pour éviter une sortie prématurée. Tous les regards seront tournés vers Milinkovic-Savic et Aleksandar Mitrovic. Ce tandem joue ensemble depuis l’enfance et pourrait être la clé du succès. Dans une interview avant le début du Mondial, leur lien a été évoqué : “On se connaît depuis longtemps et on joue bien ensemble”, a expliqué Milinkovic-Savic. “J’essaie de le mettre dans les meilleurs positions possibles. Mitro vit de buts et j’aime l’aider dans ce domaine. Ses goals sont très importants pour l’équipe. S’il peut maintenir sa forme des dernières semaines, tout ira bien.” Jusqu’ici, le duo n’a pas vraiment pu convaincre, mais rien n’est encore perdu. Face à la Suisse, les Serbes ne pourront se satisfaire que d’une victoire.
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