L’OM pourrait-il être cédé à des fonds saoudiens?
Les porteurs du « projet Boudjellal » clament leur « sérieux », le club répète qu’il n’est « pas à vendre ». État des lieux des forces en présence.
Qui derrière Boudjellal?
Le businessman franco-tunisien Mohamed Ayachi Ajroudi a confirmé des « discussions » à la radio tunisienne Shems FM, expliquant que Mourad Boudjellal serait bien le président choisi en cas de prise de contrôle.
« Je serai peut-être le directeur administratif, selon les accords en préparation depuis un an », a-t-il ajouté, assurant du « sérieux » du projet.
Ajroudi se présente à la tête d’un consortium saoudien qui n’a pas encore révélé la composition de son équipe.
Âgé de 68 ans, ingénieur de formation, Ajroudi a travaillé dans beaucoup de domaines, notamment l’environnement. Sa société d’études et de conseils ONAS International, très bien implantée dans le Golfe persique, lui a notamment permis de bâtir un solide réseau dans la région.
Il a fondé un petit parti politique, Le Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité, et possède une chaîne de télévision en Tunisie, Al Janoubiya.
Dans le sport, il préside le Stade Nabeulien, un club de 3e division, a dirigé le club de handball d’Hammamet, et est un mécène depuis plus de 15 ans du Stade Gabésien (en 2e division), dont il est le président d’honneur.
« Mr Ajroudi est un homme qui sait rassembler », assure un des candidats acheteurs.
McCourt est-il vendeur?
Non, répète l’entourage de l’Américain, niant que des discussions aient été entamées. « L’OM n’est pas à vendre », assure le président du club, Jacques-Henri Eyraud.
Mais c’est Frank McCourt, le propriétaire, qui décide, insiste le camp des acheteurs.
Plusieurs arguments plaident contre une vente. La phase 2 du projet Eyraud/McCourt vient d’être amorcée, le club s’apprête notamment à recruter deux nouveaux hauts dirigeants, un « Head of football » et un « Head of business ».
D’autre part le premier prix qui a filtré, 300 M EUR, ne permettrait pas au Bostonien de rentrer dans ses frais. Il a déjà dépensé environ 350 M EUR: 45 M EUR à l’achat en octobre 2016, 78 M EUR de dettes comblées en arrivant, et environ 220 M EUR en transferts.
Enfin, McCourt est habitué à faire de bien meilleures affaires: en 2012, il a revendu pour 2 milliards de dollars les Los Angeles Dodgers (baseball), achetés 430 millions de dollars huit ans plus tôt.
Les arguments des candidats acheteurs
« McCourt a acheté l’OM 45 M EUR et le club n’est pas en meilleure forme que lorsqu’il l’a acheté », explique à l’AFP un membre du camp acheteur, sous couvert d’anonymat.
L’Américain pourrait-il vendre pour arrêter les frais? « McCourt a mis beaucoup d’argent, le trou continue à se creuser, le club est en risque, il n’est pas près de revoir son oseille », poursuit cette source.
La même personne reconnaît les réussites de l’équipe JHE, « la billetterie, la prise de contrôle du stade, le centre de formation modernisé, mais il reste un déséquilibre avec des dégâts considérables ».
« Aucune économie ne supporte 50 M EUR de déficit (juin 2018), (puis) 91 M EUR (juin 2019) et encore un lourd déficit à venir », assène cette source, promettant « un projet socio-politique rassemblant tout le bassin méditerranéen ».
Pourquoi les acheteurs sortent du bois?
Si McCourt ne veut pas vendre, les acheteurs se sont publiquement déclarés pour mettre la pression.
Ils ont laissé filtrer des sommes astronomiques. « Le chiffre de 700 M EUR est une analyse journalistique, pas idiote mais pas vraie » précise la même source à l’AFP.
Du côté de l’OM, on souligne qu’aucune banque d’affaires sérieuse n’apprécierait cette méthode de se dévoiler d’abord dans les médias.
Ces millions font rêver les supporters marseillais, qui ne demandent qu’à s’enflammer, et poussent le clan olympien, harcelé par les médias, à des démentis répétitifs.
« On ne va pas re-commenter chaque rebondissement », s’agace-t-on à l’OM.
Sur le plan sportif, la réponse a été la prolongation de contrat du meneur de jeu Dimitri Payet, avec diminution de salaire et reconversion au club, preuve que le projet est bien à long terme.
« Ils parlent de négos, mais ils négocient tout seuls », lance un membre de la direction de l’OM.
« En disant que le club n’est pas à vendre, en fait, ils lancent la négo », répond un acheteur. Le feuilleton est lancé…
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