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Ligue 1: les Aiglons enfin prêts à s’envoler?

Après deux saisons décevantes, Nice est à l’aube d’un nouveau cycle, porté par un mercato estival ambitieux et des propriétaires l’étant tout autant. Comptant parmi les nouvelles recrues, Christophe Galtier sera à la baguette en 2021-2022.

Quelques coups de crayon sur la feuille et le contrat est signé. Le 28 août 2019, l’OGC Nice est racheté par le groupe de pétrochimie Ineos. Le soir-même, les Aiglons s’inclinent contre l’Olympique de Marseille à l’Allianz Riviera (1-2). Une défaite qui sonne comme un avertissement. Mais les nouveaux propriétaires du Gym ont conscience du travail qui les attend. La société britannique n’est pas novice dans le monde du sport puisqu’elle possède déjà le club suisse de Lausanne, depuis novembre 2017, ainsi que l’équipe cycliste Ineos Grenadiers, rachetée en mars 2019. Sur la Côte d’Azur, Ineos dresse les contours d’un nouveau projet qui fait la part belle au sportif, avant le financier.

BobRatcliffe, président de la branche football d’Ineos et frère du PDG Jim Ratcliffe, annonce la couleur en conférence de presse. « On doit d’abord bâtir des fondations, doucement, être patients, parce qu’on veut atteindre un niveau et s’y maintenir. On veut faire de Nice un club à succès qui le reste sur le long terme. » Concrètement, l’OGCN ambitionne de se glisser dans la course à la Ligue des Champions et de rivaliser avec des clubs comme Lille, Lyon, Marseille ou Monaco pour intégrer le top 4 de la Ligue 1, derrière le Paris Saint-Germain.

Des pépites pour briller

Pour atteindre ses objectifs, Nice suit une feuille de route bien précise. Le club à la tunique rouge et noir a mis en place un nouveau modèle de recrutement, basé sur la jeunesse. L’idée est claire: le Gym doit principalement attirer des jeunes joueurs à fort potentiel, dans une logique à la fois sportive et financière. C’est pourquoi, l’OGC Nice se concentre sur les transferts post-formation. Il entend attirer des espoirs, formés ailleurs, pour les développer ensuite. L’été dernier, les arrivées d’ Amine Gouiri (Olympique Lyonnais), Lucas Da Cunha (Stade Rennais), Flavius Daniliuc (Bayern Munich) ou encore Deji Sotona (Manchester United) sont allées dans ce sens.

Une autre force de Nice réside dans sa capacité à sonder différents marchés. Une qualité qui ressort d’autant plus lorsque l’on se penche sur les origines des récentes recrues du club. D’Algérie ( Hicham Bouadoui) au Brésil ( Robson Bambu), en passant par la Suisse ( Jordan Lotomba), les nouveaux visages des Aiglons viennent de différents horizons. Et ces derniers se paient parfois au prix fort. Depuis son arrivée, Ineos ne rechigne pas à investir. En deux ans, le Gym a conclu les quatre transferts les plus chers de son histoire: Kasper Dolberg (20,5 millions), Calvin Stengs (quinze millions), Alexis Claude-Maurice (treize millions) et Stanley Nsoki (12,5 millions). Ces derniers possèdent d’ailleurs un point commun: ils avaient tous moins de 23 ans au moment de leur signature. C’est là que se situe la frontière pour les dirigeants. Investir oui, mais sur des jeunes.

Le mercato estival de Nice permet à lui seul de résumer sa politique de recrutement, et le quadruple champion de France a fait preuve d’ambition sur le marché des transferts. Les Néerlandais Justin Kluivert et Calvin Stengs, tous deux âgés de 22 ans, sont les têtes d’affiche de l’été sur la Côte d’Azur. En difficulté du côté de l’AS Roma, malgré un potentiel évident, le premier a débarqué sous forme de prêt, avec une option d’achat fixée à dix millions d’euros. De son côté, le second, prodige de l’AZ Alkmaar, s’est engagé avec les Aiglons jusqu’en 2026. L’OGCN a également recruté un troisième Néerlandais, Pablo Rosario (PSV, 24 ans) et a su conserver Jean-Clair Todibo (21 ans), prêté durant la seconde partie de saison. En manque de repères ces dernières années, l’ancien Toulousain, passé par le FC Barcelone, pourrait enfin trouver la stabilité qui lui manque pour s’épanouir. Un autre espoir français, Melvin Bard (vingt ans), a aussi rejoint le sud de la France, lui qui semblait peu considéré à l’OL. Finalement, seul le transfert de Mario Lemina (27 ans) semble sortir du sentier tracé par Ineos. Mais le Gabonais, arrivé en provenance de Southampton, apportera son expérience à un groupe qui en a bien besoin (23,3 ans de moyenne d’âge seulement).

Christophe Galtier à la baguette

Malgré une politique sportive moderne et cohérente, le projet niçois tarde à porter ses fruits sur le rectangle vert. Le Gym a bouclé sa première année sous pavillon britannique juste derrière ce top 4 qu’il espère rejoindre. Mais si cette cinquième place ressemblait à une réussite, il s’agissait plutôt d’un trompe-l’oeil, puisqu’au classement Nice était en réalité plus proche de Strasbourg (dixième) que de Lille (quatrième). La saison dernière, les Aiglons n’ont guère fait mieux, avec une décevante neuvième place. Les résultats de l’équipe ont finalement eu raison de la patience des dirigeants. Et c’est Patrick Vieira qui en a fait les frais. Quelques jours après une triste défaite face à la lanterne rouge de Ligue 1, Dijon, l’ancien joueur d’Arsenal a été limogé (le 4 décembre 2020).

Pour le remplacer, Ineos a choisi de miser sur Christophe Galtier. En 2020/2021, le Marseillais a créé la surprise en étant sacré champion de France avec Lille, devant l’ogre parisien. C’est donc avec le vent en poupe que l’entraîneur français a débarqué sur la Côte d’Azur. Depuis le début de sa carrière, il s’est distingué par sa capacité à faire grandir les clubs par lesquels il est passé, saison après saison. De 2009 à 2017, Christophe Galtier a hissé Saint-Étienne de la lutte pour le maintien jusqu’aux places européennes. En décembre 2017, il a repris le LOSC à la 18e place du classement, suite au passage raté de Marcelo Bielsa sur le banc des Dogues. Quatre ans plus tard, il est arrivé au sommet de la Ligue 1. À Nice, le technicien de 54 ans retrouve ce rôle de bâtisseur qu’il affectionne particulièrement. Il n’est pas de ceux qui dessinent les plans, à la manière d’un architecte, mais il est l’ouvrier qui élève les tours avec les outils qu’on lui donne.

Une fois que l’on a dit ça, l’ancien Stéphanois apparaît comme le profil idéal pour le Gym. En 2021-2022, il travaillera sur les bases construites par Ineos, dont il mettra à l’épreuve la solidité. Mais les Aiglons n’ont pas profité de la préparation estivale pour dissiper les doutes qui les entourent. En cinq matchs joués, la formation rouge et noir a connu trois défaites, pour seulement une victoire et un nul. Christophe Galtier est prévenu: il a un nouvel édifice à construire.

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