L’étoile montante Rafael Leao : avec les compliments d’Ibra

Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Il fallait une figure paternelle pour transformer le diamant brut portugais en un brillant joyau. La star suédoise du Milan s’y est collée.

Trois montées au jeu et un petit but : lors de la phase de groupes, Rafael Leão a dû se contenter d’un rôle mineur. Le sélectionneur Fernando Santos lui a préféré João Félix ou Ricardo Horta pour assister Cristiano Ronaldo aux avant-postes. Mais dans la phase à élimination directe, le Portugal compte sur son dribbleur, qui est devenu un véritable gamechanger à l’AC Milan et est passé du statut de joueur controversé à chouchou du public.

En août 2019, Rafael Alexandre da Conceição – comme mentionne officiellement sa carte d’identité – quittait Lille pour l’AC Milan pour environ trente millions d’euros. Né à Almada en 1999 de parents angolais, le Portugais a grandi dans cette zone métropolitaine pauvre de Lisbonne, où, enfant, il n’avait souvent même pas un ballon pour pratiquer son sport favori.

Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Les sprints effrénés et les gestes techniques rapides font partie de son package de base. Ajoutez-y des passes précises et une finition impeccable et vous obtenez le superbe mix qu’est devenu l’ailier de 23 ans. Pourtant, son chemin vers les sommets a été plutôt compliqué. Particulièrement à ses débuts à Milan. Étonnant pour un gars qui peut presque tout faire sur le terrain dans un bon jour.

Crainte pour sa sécurité

Mais reprenons depuis le début. C’est Luis Santos, un jeune coach qui a découvert Rafael Leao. Le fils de Santos revenait chaque jour à la maison avec des histoires sur un talent racé, un magicien du dribble qui enchaînait les actions plus spectaculaires les unes que les autres. Le même qui, à neuf ans à peine, dominera de la tête et des épaules les autres talents de l’académie des jeunes du Sporting CP.

Dans la capitale portugaise, chez l’ancien employeur de CR7, Rafael Leão reçoit le temps de mûrir. C’est sous l’entraîneur à succès Jorge Jesus qu’il fait ses débuts, à 18 ans, le 11 février 2018. Moins d’un mois plus tard, le 2 mars, il plante son premier but lors d’un match au sommet contre le FC Porto. Son palmarès, à l’époque, comprend déjà un titre européen, remporté avec les U17 portugais en 2016. On se dit que le Sporting détient une nouvelle pépite.

Mais quelques mois plus tard, une cinquantaine de supporters en rogne en décident autrement : ils prennent d’assaut le terrain d’entraînement et agressent physiquement neuf joueurs, dont Rafael Leão. Conséquence : l’attaquant d’1m88 mètre décide de résilier son contrat. Il craint pour sa sécurité.

Trop de pression

Lille a immédiatement saisi la balle au bond. Le LOSC a arraché le joueur au nez et à la barbe du Borussia Dortmund, de Manchester City ou de l’Atlético Madrid et le Portugais a rejoint le Nord de la France gratuitement. Le Sporting CP a toutefois rapidement exigé une compensation de plus de seize millions d’euros. Le conflit a duré des années et le Tribunal international du sport ne s’est prononcé qu’en octobre de cette année. Les Portugais ont eu gain de cause et Lille dû leur verser vingt millions d’euros de compensation.

Bien qu’il ait signé un contrat de cinq ans avec Lille en août 2018, le jeune Portugais ne l’a pas honoré jusqu’au bout. Cette fois en raison de ses performances sportives : seulement huit buts en 24 matches de Ligue 1. Trop peu pour un joueur au potentiel intrinsèque de Rafael Leão.

A Milan, Zlatan Ibrahimovic, 41 ans, a pris le dribbleur sous son aile, agissant comme une véritable figure paternelle. Il l’a transformé en joyau étincelant. (Photo by Marco Canoniero/LightRocket via Getty Images) © GETTY IMAGES

Mais l’AC Milan, où Stefano Pioli (57 ans) a pris les rênes sportives en octobre 2019, a voulu s’offrir une cure de jeunesse en plus de l’arrivée de joueurs expérimentés comme Zlatan Ibrahimovic, Olivier Giroud et Simon Kjaer. Près de trente millions d’euros ont donc été investis dans le jeune Portugais, qui a néanmoins connu des débuts compliqués en Lombardie. « Je sentais que je ne pouvais pas gérer la pression », a-t-il raconté aux médias italiens en début de saison. « Je n’ai pas été capable de disputer un bon match. »

Ses stats en disent long : six buts en 31 apparitions, dont 19 montées au jeu. La saison 2020/21 est également compliquée, avec à nouveau à peine six buts en trente duels. Leão dribblait au mauvais moment, tirait trop souvent au but sans succès et ratait trop d’occasions.

Grand frère

Pioli n’a toutefois pas lâché l’affaire. Et Leão a remercié son coach. D’abord avec des mots. « Je ne pouvais pas manquer l’occasion de faire mes preuves. Ils croyaient tellement en moi. Cette preuve de confiance m’a aidé à continuer à grandir, à m’améliorer en tant que personne et en tant que joueur ». Puis par ses actions sur le terrain.

La saison dernière, l’ailier a explosé, avec onze goals et dix assists en 34 rencontres de Serie A. Il a également marqué le but le plus rapide (6,7 secondes) du championnat italien : un record parmi les championnats européens majeurs. Élu Joueur de la Saison, il a aussi inscrit son nom dans les livres d’histoire en offrant à l’AC Milan son premier scudetto depuis 2011.

Une année importante, dont la réussite n’est pas étrangère à Zlatan Ibrahimovic, sous contrat avec les Rossoneri. Le vieux guerrier suédois est aujourd’hui considéré comme le principal élément constitutif de l’essor sportif de Rafael Leão. L’attaquant de 41 ans a pris le dribbleur sous son aile, agissant comme une véritable figure paternelle. Il l’a transformé en joyau étincelant. On voit souvent les deux hommes rire ensemble et se congratuler.

« Ibra est comme un grand frère pour moi », a expliqué le Portugais à Sky Sports Italia au début de l’année 2020. « Il me parle constamment. Zlatan me donne régulièrement des conseils pour que je m’améliore encore. Par exemple, comment mieux me positionner pour botter un penalty. Il reste un grand joueur, un exemple et une source de motivation ».

Rafael Leao contre l’Uruguay à la Coupe du monde. (Photo by Youssef Loulidi/Fantasista/Getty Images) © belga

Clause libératoire

Rafael Leão, déjà auteur de six buts et quatre passes décisives en quatorze matches à Milan cette saison, a également développé un rituel pour célébrer ses buts. Il forme un cœur, généralement avec le vice-capitaine Theo Hernandez, fait une révérence à ses supporters ou se saisit parfois d’un téléphone (imaginaire). Pourquoi ? La raison est à chercher du côté de son père. « C’est comme si je l’appelais à ce moment-là et que je lui disais : Hey papa, j’ai marqué un autre but pour toi ! ».

Reverrons-nous ce geste au Qatar ? Dédié à Leão señor, mais aussi peut-être un peu au professeur Zlatan Ibrahimovic ? À suivre. Toujours est-il que Chelsea et Manchester City le suivent de près, malgré un contrat jusqu’en 2024 et une clause libératoire de 150 millions d’euros. Une offre de cent millions d’euros des Londoniens aurait déjà été rejetée l’été dernier par le directeur technique Paolo Maldini et le directeur sportif Frederic Massara.

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