Steve Van Herpe
« Les supporters d’Anderlecht ne doivent-ils pas revoir leurs attentes ? »
Les fauteurs de troubles présents dans les tribunes réservées aux Anderlechtois à Sclessin ont plongé leur club dans une grave crise. Mais qu’en est-il des vrais supporters, se demande notre rédacteur Steve Van Herpe.
C’était l’épilogue un peu étrange d’un Clasico particulièrement mouvementé entre le Standard et Anderlecht : sur la pelouse de Sclessin, Aron Donnum a demandé à sa petite amie Celin Bizet de l’épouser, devant une tribune trois pleine à craquer. Une initiative toujours risquée en cas de non de l’heureuse élue, mais fort heureusement Celin et Aron vont bientôt se dire oui pour la vie devant l’état civil et se soutiendront mutuellement dans les bons et les mauvais moments.
Ce dernier point est d’ailleurs l’essence même du « supporter » : rester derrière son club quelles que soient les circonstances. En ce sens, on peut difficilement qualifier de « supporters » les fauteurs de troubles présents dans la partie des travées de Sclessin qui était réservée aux Anderlechtois.
Prenez ensuite l’exemple des supporters de l’Union, qui continuent à chanter et à sauter même lorsqu’ils sont menés 0-2 contre le FC Bruges. L’Union a pourtant mangé son pain noir pendant des années et le club bruxellois vit désormais à fond ce qui ressemble à un conte de fées. De plus, l’équipe de Karel Geraerts (qui était celle de Felice Mazzu la saison dernière) a un ADN clair qui se retrouve dans le jeu proposé par ses onze acteurs sur le terrain. C’était aussi le cas à Anderlecht avec Vincent Kompany, même si son « football sauce Guardiola » était parfois critiqué car les résultats ne suivaient pas toujours.
Au Lotto Park, le livre des contes de fées est fermé depuis un certain temps et ce sont surtout les bilans financiers du club le plus titré du pays qui sont le plus souvent lus. Dans ceux-ci figurent principalement des chiffres rouges comme ceux sur le terrain : 97 millions d’euros de pertes entre 2016 et 2021. Au cours de ces cinq années, Anderlecht a également versé 47 millions d’euros de commissions à des agents (avec un rôle de premier plan pour l’ancien manager général Herman Van Holsbeeck). Anderlecht est de loin la formation du pays à avoir dépensé la part la plus importante des 186 millions d’euros de commissions versées par toute la D1.
On dit qu’un animal blessé est encore plus dangereux, mais cet Anderlecht a perdu trop de sang pour se reprendre. Sa disette de titres en dit d’ailleurs long. Le dernier trophée remonte à 2017 et son dernier succès en Coupe de Belgique à 2008. Au niveau européen, les Bruxellois essaient de s’accrocher à la Conference League, mais ils ne sont pas encore assurés de passer l’hiver.
Pendant des années, on a dit que la quête d’un titre de champion était un must pour une club du calibre d’Anderlecht. C’est une diatribe qui s’est également ancrée dans la tête des fans des mauve et blanc. Mais la réalité actuelle est toute autre : le club bruxellois traverse l’une des pires crises de son histoire.
Alors, les supporters – les vrais, pas ceux qui jettent des sièges et lancent des fusées et des fumigènes – ne devraient-ils pas adapter leurs attentes à la réalité d’un club en reconstruction ? Ils pourront alors soutenir l’équipe comme un seul homme. Un douzième homme dont Anderlecht a cruellement besoin en ces temps difficiles.
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