Les problèmes actuels de l’Ajax ne se limitent pas qu’à Alfred Schreuder
L’Ajax digère mal la fin de l’ère ten Hag. La situation n’est actuellement pas claire à différents niveaux du club le plus titré des Pays-Bas. Et tout ne sera pas résolu que par le licenciement la semaine dernière de l’ancien éphémère entraîneur du FC Bruges, Alfred Schreuder. On vous explique les difficultés actuelles en cinq points.
Les années fastes des années ten Hag semblent pour l’instant appartenir au passé du côté de l’Ajax Amsterdam. Des soirées mémorables, comme celles vécues lors de la victoire 1-4 au Real Madrid en 2019 ou le 18/18 réalisé lors de la phase de groupe de la Ligue des Champions de la saison dernière, semblent désormais de doux rêves. Contraints au partage par le leader Feyenoord voici dix jours, les Ajacides ont à nouveau dû se contenter d’une seule unité lors de la réception de Volendam jeudi dernier. Le coup de grâce pour Alfred Schreuder, l’ancien éphémère entraîneur du FC Bruges qui avait pris, au début de l’été, la relève de son ancien T1 Erik ten Hag du côté d’Amsterdam. Les champions en titre restent sur une série de sept rencontres sans connaître le succès. Le dernier remonte à ce 14 octobre sur la pelouse du RKC Waalwijk. Le renvoi du T1 voici huit jours était-il la bonne décision ? En tout cas, l’Ajax s’est largement imposé (1-4) en début de semaine sur la pelouse de l’Excelsior.
Avec ce match nul, l’Ajax a déjà enregistré son septième match consécutif sans victoire, une série qui remonte au 14 octobre lorsqu’il avait réussi à s’imposer 1-4 face au RKC Waalwijk. Quatrième à cinq points de Feyenoord, la plus grande institution du football néerlandais semble vaciller alors qu’elle a dominé sans partage la compétition locale au cours des dernières années. Que se passe-t-il exactement ? Analyse en cinq points.
Problème 1 : un été trop agité sur le marché des transferts
Le début d’été n’est pas des plus sereins. L’Ajax vient de nommer un nouveau coach après le départ de ten Hag à Manchester United et n’a toujours pas de directeur technique depuis le renvoi de Marc Overmars (aujourd’hui à l’Antwerp) en raison de comportements inappropriés avec le gent féminine. Les champions des Pays-Bas ont aussi dû laisser filer sous d’autres cieux pas moins de six titulaire. La période estivale s’annonce chaude, mais pas dans le bon sens du terme. Certes, le compte en banque sourit avec 215 millions de rentrées grâce aux nombreux départs. Un trésor de guerre dont la moitié a été dépensée par le club amstellodamois afin d’acquérir du sang frais et de remplacer les cadres. Mais si la direction n’était pas intervenue les dépenses auraient été beaucoup importantes encore. Ce dernier a bloqué les deals à 8 chiffres pour Odisseas Vlachodimos, le gardien de Benfica et Lucas Ocampos, l’ailier de Séville. L’ambiance n’était alors pas au beau fixe et ce dernier est finalement arrivé en prêt pour un montant moins important (4 millions) avant de repartir au cours de ce premier mois de 2023…
Ce mercato agité n’a pas aidé Alfred Schreuder, amené à assurer, étant donné son association passée avec Erik ten Hag, la continuité de ce dernier. Mais la qualité du noyau à sa disposition était évidemment moindre. Si le départ en Eredivisie a plutôt été bon, l’Ajax se montrait moins dominateur sur la scène nationale et ce constat était encore plus marqué en Ligue des Champions où il a dû se contenter de la troisième place de son groupe. Au lieu des 1/8e de finale, ce n’était que l’Europa League qui allait attendre les Ajacides cette année. Et les problèmes ne se sont pas arrêtés là.
Problème 2 : les latéraux manquent de confiance
Les recrues de l’été, en plus d’être coûteuses, n’ont pas apporté grand chose sur la pelouse à l’exception d’un Steven Bergwijn, qui était le plus cher, mais a justifié son statut et les grandes attentes qui pesaient sur ses épaules. Calvin Bassey est arrivé des Glasgow Rangers en échange de 23 millions d’euros, mais il se montre peu fiable défensivement et livre des performances assez irrégulières. Son pendant sur le flanc droit vit pour l’heure un véritable calvaire. Le jeune Jorge Sánchez a été recruté à l’América, l’un des plus grands clubs mexicains, pour 5 millions d’euros. L’analyse du média néerlandais Voetbal International à son sujet après sa prestation contre Feyenoord était sans appel : « Il fait presque tout de travers et ère comme un fantôme dans sa défense. Sánchez n’apporte rien en possession du ballon et se fait déborder de tous les côtés en perte de balle. »
Par conséquent, l’Ajax souffre défensivement. Aujourd’hui, il a déjà encaissé plus que sur l’ensemble de la saison dernière. Six équipes se sont montrées plus imperméables que lui en Eredivisie jusqu’à présent. C’est évidemment indigne du club le plus titré des Pays-Bas et le nouveau gardien de but, Gerónimo Rulli, doit essayer de résoudre une partie des problèmes défensifs.
Problème 3 : trop peu d’occasions
De l’autre côté du terrain, surtout depuis la trêve hivernale), le bilan n’est guère plus brillant. Contre Feyenoord, les champions en titre n’ont pas réussi plus de 15 touches de balle dans les seize mètres adverses. Et ce pour le deuxième match consécutif. A titre de comparaison, au cours des 138 matchs de championnat précédents, l’Ajax avait toujours fait mieux. Les Amstellodamois n’ont aussi fait circuler le ballon que 95 fois dans la moitié de terrain de Feyenoord. Il fallait remonter à 2015 pour trouver trace d’une présence dans le camp adverse encore plus faible. A l’époque, le club d’Amsterdam n’avait réussi que 79 passes contre Vitesse.
Si vous approchez difficilement du rectangle de l’adversaire, il devient difficile de se procurer des possibilités et de marquer. Même le 14e du classement, Vitesse, a obtenu plus d’occasions de but.
Depuis la pause hivernale, l’Ajax n’avait marqué que trois fois jusqu’au licenciement de Schreuder avant de faire parler la poudre à quatre reprises en début de semaine. Ce faible nombre de buts pouvait peut-être s’expliquer par un choix tactique de Schreuder. Après la Coupe du monde, le champion en titre a mis davantage l’accent sur défense. Du coup, c’est l’attaque qui a pâti de ce changement de cap en héritant de moins de ballons exploitables. Le problème, c’est que le jeu plus défensif n’a pas empêché l’arrière garde de commettre de nouvelles erreurs…
Problème 4 : des joueurs insatisfaits
Ces différents problèmes dans le jeu expliquent pourquoi Alfred Schreuder est resté sous pression toute la saison. Quand les analystes ne critiquaient pas les joueurs, ils s’attaquaient à ses choix stratégiques étranges, ses remplacements ou sa mauvaise communication. Ensuite, il y a eu une querelle autour de son agent, qui est le même que Dusan Tadic. L’homme a commencé à interférer dans les transferts du club et la légende du club, Daley Blind, a été poussée vers la sortie d’une manière peu élégante. Le défenseur n’entrait pas dans les plans de Schreuder au cours des dernières semaines et son contrat a été rompu. Un temps convoité par l’Antwerp, où il aurait pu retrouver Marc Overmars, Blind a reçu une offre difficile à ne pas accepter de la part du Bayern Munich.
L’international oranje, titulaire lors du dernier Mondial, est revenu sur cette situation un peu plus tard. Il a constaté que la situation s’est dégradée au lendemain de la dernière victoire de l’Ajax en Eredivisie, en octobre dernier. « Nous n’avions pas bien joué malgré les trois points. Schreuder a commencé à la mi-temps à parler de notre pressing qui n’était pas bon. Il fallait que ça change. « Qu’en pensez-vous ? » a-t-il demandé à ses attaquants. « Que préférez-vous ? » Je me suis alors levé et j’ai dit à haute voix dans le vestiaire : « Coach, soyez clair et décidez comment nous allons jouer ! Schreuder s’est alors emporté : « Tu la fermes ! Fermez votre bouche et asseyez-vous ! », raconte Daley Blind. Ces propos, même s’ils ont peut-être été exagérés par le défenseur néerlandais, illustrent la perte de contrôle sur son groupe d’un Schreuder qui ne semblait plus en mesure de faire ses choix. Le fait que ce soit Blind qui a dû plier bagage du club de son coeur après cet épisode n’a sans doute pas renforcé la position du technicien vis-à-vis de ses joueurs.
Le mécontentement ne se limitait pas qu’au seul Daley Blind. C’est l’ensemble de l’effectif qui était mécontent de ce qui se passait dans le club. Avant la pause de la Coupe du monde, l’on entendait déjà divers rumeurs sur l’ambiance qui se dégradait au sein du vestiaire. Dans un climat délétaire, voici deux semaines, le préparateur mental a organisé une réunion pour permettre aux joueurs de vider leur sac, sans la présence de l’entraîneur. Quand on a demandé qui était mécontent de la gestion du staff technique, la grande majorité des membres du groupe ont alors levé la main, affirmait un média néerlandais.
Les remontrances ne concernaient pas que le décideur principal mais aussi ses assistants, qui seraient soit trop qualifiés, soit pas assez. Après cette séance, la direction de l’Ajax Amsterdam a décidé d’ajouter un nouvel assistant au staff pour tenter rétablir le calme. Finalement, c’est bien Alfred Schreuder qui paiera l’addition du triste partage de ses ouailles contre Volendam.
Problème 5 : Qui est le patron ?
On le voit, tout le monde ne semble pas aller dans la même direction. Mais cette remarque ne vaut pas que pour les joueurs, mais aussi pour la direction. Depuis le départ d’Overmars au début de l’année 2022, difficile de savoir qui dirige vraiment le club. L’actuel directeur sportif de l’Antwerp était l’homme qui réalisait les bonnes affaires sur le marché des transferts et savait gérer les crises. Il suffit de se souvenir des épisodes concernant l’arrestation de Quincy Promes ou à l’affaire de dopage concernant André Onana. Il pouvait aussi compter sur l’autorité d’Erik ten Hag pour mener le groupe de joueurs à la baguette.
Depuis ces deux départs, c’est le chaos qui règne à la Johan Cruyff Arena. Klaas-Jan Huntelaar et Gerry Hamstra devaient reprendre en duo les tâches autrefois dévolues à Overmars. Mais ils ont été mis sur le côté par le conseil de surveillance après les épisodes des transferts avortés de Vlachodimos et d’Ocampos. Ils ne bénéficient d’aucune liberté pour tenter de faire bouger les lignes. Enfin, où se trouve le directeur général Edwin van der Sar ? Malgré ses quasi deux mètres, l’ancien gardien se cache dans son bureau et semble attendre que la tempête se calme.
Schreuder était donc logiquement le fusible qui devait sauter. Après avoir réussi son premier examen contre l’Excelsior, son successeur aura l’occasion contre Cambuur et le RKC de redonner un peu de confiance au club le plus titré des Pays-Bas. Et après, il faudra parvenir à hausser le niveau de jeu afin que l’Ajax puisse rivaliser avec les équipes les plus solides de l’Eredivisie. Une tâche qui sera tout sauf évidente.
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