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Les Princes du Parc: plongée dans les vestiaires du PSG nouveau

Ce soir, l’élite du football parisien descend au Stade Jan Breydel, la forteresse du peuple brugeois. Coup d’oeil dans les entrailles du Paris Saint-Germain.

Le championnat n’avait débuté que depuis une semaine mais ça grommelait déjà dans le vestiaire du Paris Saint-Germain. Ou plutôt, ça grommelait toujours. Après la victoire sur Nîmes (3-0), lors de la première journée, le PSG avait mordu la poussière au Stade Rennes. Edinson Cavani avait ouvert le score et tout semblait devoir bien se passer mais l’équipe locale, très enthousiaste, avait fini par causer la surprise (2-1). Ce n’était même pas immérité. Sur le parking, un journaliste du Parisien avait surpris une conversation étrange entre deux titulaires.

Depuis la reprise du club par Qatar Sports Investments, en 2011, une chose n’a pas changé : les joueurs font ce qu’ils ont envie.  » Willy Sagnol

Joueur 1 :  » Tu peux me dire quel était le système appliqué aujourd’hui ?  »

Joueur 2 :  » Non, comme d’habitude.  »

C’étaient deux titulaires… Pas des gars déçus de ne pas avoir joué. Mais le désaccord entre les joueurs et Thomas Tuchel ne date pas d’hier. Ils leur reprochent surtout son penchant pour Julian Draxler. Lors de la première journée, l’Allemand n’était nulle part mais la semaine suivante, il était à nouveau dans le onze de base. Au contraire de Thomas Meunier qui, après un match moyen en Supercoupe (disputé… en Chine), s’était immédiatement retrouvé sur le banc. Temporairement, certes, mais tout de même…

Cet été, Tuchel avait remporté la lutte qui l’opposait au directeur sportif, Antero Henrique. Ce dernier, arrivé il y a deux ans seulement, avait été remercié. Aujourd’hui, c’est une guerre de tranchées qui attend Tuchel. Contre son vestiaire. Selon l’ex-international Willy Sagnol, consultant sur RMC Sport, elle est perdue d’avance.  » Depuis la reprise du club par Qatar Sports Investments, en 2011, il y a une chose qui n’a pas changé : les joueurs font ce qu’ils ont envie.  »

Neymar le sauveur

Si le PSG gagne, c’est grâce au talent de Kylian Mbappé et Neymar. S’il ne l’emporte pas, c’est la faute à Tuchel. C’est la triste réalité à laquelle l’Allemand, arrivé il y a un peu plus d’un an au Parc des Princes, est confronté. Et ce n’est pas drôle pour cet obsédé du football, qui tente de faire sortir chaque jour les joueurs de leur zone de confort.

Pour lui, il faut encore plus réfléchir à l’entraînement qu’en match. C’est pourquoi, dans certains exercices, il utilise plusieurs ballons. Ou alors, il  » coupe  » les angles du terrain, pour obliger les ailiers à rentrer dans le rectangle en diagonale. Il ne manque pas d’idées mais il se heurte à l’ego des joueurs. Ses prédécesseurs au Camp des Loges ont connu cela également.

C’est ainsi qu’au grand désespoir de Laurent Blanc, Zlatan Ibrahimovic brossait régulièrement l’entraînement pour aller chasser en Suède. Unai Emery, quant à lui, n’est jamais parvenu à arrondir les angles entre Neymar et Cavani. Le sort de Tuchel dépend d’un Brésilien qui refuse de travailler, qui préférerait jouer à Madrid ou à Barcelone et qui s’est fait siffler par ses propres supporters le jour de son retour sur le terrain.

Mais il a inscrit quatre buts en cinq matches et mardi, il effectuera son retour à Bruges après une suspension en Coupe d’Europe. Tuchel n’a pas le choix : il a besoin de Neymar. Contre Strasbourg, Lyon et Bordeaux, le Brésilien a chaque fois inscrit le seul but du match. Neuf points ! Quand les joueurs ne comprennent pas le système, Neymar est là…

Mbappé l’envie

Neymar n’est pas le seul gars bizarre au centre d’entraînement. Mbappé a marqué lors du match d’ouverture, puis on ne l’a pas vu pendant deux matches et il s’est blessé aux ischios, manquant aussi deux matches de l’équipe nationale. Les projecteurs se sont alors braqués sur le Camerounais Eric Maxim Choupo-Moting, un attaquant réserviste qui, en l’absence de Mbappé et Cavani (également blessé à la hanche), a inscrit trois buts.

Cette saison doit être celle de Mbappé. A 20 ans seulement, il a déjà été Champion du monde et trois fois champion de France (avec Monaco en 2017 puis deux fois avec le PSG). Au cours des deux dernières saisons, il a inscrit 62 buts et délivré 34 assists en 93 matches sous le maillot parisien.

Mais s’il est venu à Paris, c’est pour briller en Ligue des Champions. Or, il a été éliminé deux fois en huitièmes de finale. Cet été, Tuchel a admis sur Eurosport que le jeune attaquant avait eu du mal à avaler cet échec.  » Kylian est très sûr de lui. On pourrait croire que c’est de l’arrogance mais c’est normal quand on veut être le meilleur du monde. Il est très concentré. Il compte même les buts qu’il inscrit à l’entraînement et s’est offert un T-shirt sur lequel il a fait inscrire : 100 buts à l’entraînement. Aucun doute : c’est un attaquant.  »

Mbappé est encore sous contrat jusqu’à mi-2022. Il a fait savoir que, si le PSG ne remportait pas la Ligue des Champions cette saison, il s’en irait. Mais Leonardo admet qu’au sein de la direction, on n’a pas placé la barre aussi haut.  » Ce ne sera pas une saison bling bling : nous ne crions pas haut et fort que nous voulons remporter la Ligue des Champions.  »

Luxe devant

La règle du Fair Play Financier fait mal au club. En louant Mauro Icardi (Inter) pour un an, il a réussi à faire en sorte que le prix d’achat (environ 70 millions d’euros) n’entre pas dans la comptabilité de cet exercices. Il a dépensé 95 millions pour Abou Diallo (Dortmund), Idrissa Gueye (Everton), Pablo Sarabia (Séville) et Keylor Navas (Real Madrid), soit beaucoup moins qu’en 2018 (217 millions) et 2017 (283 millions). Il a aussi vendu davantage (103 millions).

Giovanni Lo Celso (23) lui a rapporté 22 millions et, comme chaque année, il a valorisé des joueurs du centre de formation : Moussa Diaby (Leverkusen, 15 millions), Christopher Nkunku (RB Leipzig, 13), Stanley Nsoki (Nice, 12,5), Timothy Weah (Lille, 10) et Arthur Zagré (Monaco, 10).  » Une politique à court terme « , disent les consultants.

Le noyau n’est pas du tout équilibré. Devant, c’est le luxe. Aux cinq vedettes – Neymar, Cavani, Mbappé, Icardi et Ángel di María, meilleur buteur avec 5 buts – il faut aujouter trois réservistes : Sarabia, Choupo-Moting et Draxler, que Tuchel a transformé (sans succès) en médian. Mais comment aligner tout ce monde sans poser des problèmes à l’équipe.

Car derrière, le club ne compte que quatre médians de formation : MarcoVerratti, Ander Herrera (arrivé gratuitement de Manchester United), Paredes et Gueye. Face au Real Madrid (3-0), celui-ci avait reçu le soutien de Marquinhos, un défenseur central. Résultat : le PSG n’a pas encaissé le moindre but en Ligue des Champions et seulement quatre en neuf matches de championnat. Mais quand toutes les stars seront de retour, la défense sera fragilisée, comme la saison dernière…

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