Les non-transferts improbables du championnat de Belgique
Le mercato d’hiver est terminé depuis une semaine. Et comme à chaque fois, l’on a eu notre lot de transferts avortés et de joueurs faisant faux bond à un club avec lequel tout semblait signé. Qui ont été les précédents Tolu Arokodare ou Harry Toffolo des précédents mercatos en Belgique ? Voici neuf transactions qui n’ont jamais été officialisées et qui sont finalement restées dans les conversations de buvette.
2015, Hervin Ongenda à Charleroi : L’espionnage de la fédération
A la recherche d’un milieu offensif après la perte de Neeskens Kebano, Charleroi se place, lors des dernières heures du mercato estival 2015, sur Hervin Ongenda, un titi parisien, qui est, en fait, un Kebano 2.0, possédant le même genre de profil que le Congolais. Technique, vif et provocateur, Ongenda est considéré comme un bon espoir par le club parisien et participe à une dizaine de rencontres de son club formateur où il est notamment aligné au côté de Cavani, Lavezzi ou Ibrahimovic. Cependant, le document de transfert des Zèbres n’est jamais signé par le joueur et ne signera donc jamais au Mambourg. Jusque-là, rien de bien étonnant. Seulement, plus tard, la Fédération belge (URBSFA) annonce l’arrivée en prêt du Franco-Congolais dans son récapitulatif des derniers transferts du championnat sans que les clubs concernés ne l’aient officialisé. Un imbroglio à la belge qui pousse le Sporting a communiqué sur Twitter : « Ongenda : Les négociations n’ont pas abouti, le projet de transfert non signé a été annulé. La fédération n’aurait pas dû le mentionner. »
Pierre-Yves Hendrickx, directeur administratif de Charleroi, déclarera même plus tard qu’il soupçonne l’Union Belge d’espionnage, étant donné que les données d’affiliation n’étaient que de simples brouillons. Le parisien finira par voyager anecdotiquement entre les Pays-Bas, la Roumanie et Chypre. HervOut.
2010, Emad Meteb au Standard : Meteb met le Standard dans la Moïse
C’est un CV impressionnant qui débarque en bord de Meuse au début de l’été 2010. Après une saison totalement ratée des Rouches -alors que tout le monde les voyait remporter un troisième titre consécutif- et orphelin de son trio magique Mbokani – De Camargo – Jovanovic, Luciano D’Onofrio attire à Liège un multiple vainqueur de la Ligue égyptienne, de la CAN et de la Ligue des Champions africaines. Avec 94 pions en 186 matches, Emad Meteb a tout du nouveau joyau de Sclessin et les fans Rouches s’extasient devant les compilations de l’ex-buteur de Al-Ahli. Malheureusement pour eux, Meteb fait la momie, disparait quelques jours après avoir été présenté et rentre sur les bords du Nil, prétextant diverses raisons toujours plus farfelues. D’abord car l’égyptien ne supporte pas l’éloignement de sa femme restée au pays, puis suite aux « gros problèmes au ventre » de son frère pour finir par être apparemment bloqué par l’armée, contraint de devoir effectuer son service militaire. En réalité, l’Egyptien joue à un double jeu, lui qui veut revaloriser son contrat dans son club du Caire. Finalement, le goléador égyptien casse son bail en principauté sans avoir porté le maillot Rouche et obtient ce qu’il voulait depuis le début : un nouveau contrat avec son club d’Al-Ahli. Lucien limitera la casse en récupérant, quelques mois plus tard, quelques dollars en guise de compensation pour clôturer définitivement l’affaire. Pour cette comédie, Meteb aurait pu recevoir un César. Logique pour un des fils de Cléopâtre.
2018, Aleksandar Mitrovic à Anderlecht : le faux-retour de l’enfant prodige
Le dernier jour du mercato est souvent synonyme de PanicBuy. Insatisfait de ses artilleurs, Herman Van Hoolsbeek nous sort un coup Hermanèsque : faire revenir le Serbe, ex-chouchou du Parc Astrid, pour dynamiter l’attaque bruxelloise. En manque de temps de jeu du côté de Newcastle, Mitrogoal voit d’un bon œil un retour dans le club qui l’aura vu grandir et inscrire 44 roses en 90 parties. Le Serbe souhaite à tout prix jouer pour conserver sa place dans le 11 de sa sélection en vue de la Coupe du Monde qui se profile. Alors que tous les médias annoncent le deal réglé, Anderlecht fait marche arrière et annule la transaction 2 heures avant le gong, effrayé à l’idée de sortir autant de cash pour une location. Aleksandar Mitrovic, qui avait pourtant refusé Bordeaux pour rejoindre Saint-Guidon, repart déçu des bureaux de Nerpeede et signe finalement dans les dernières minutes du mercato à Fulham, en Championship. Au final, Mitrovic inscrit plus de 100 goals depuis son arrivée chez les Cottagers et fait toujours partie des meilleurs Strikers de Premier League. Les Mauves se rabattront finalement un autre attaquant serbe venu d’Angleterre, Lazar Markovic, prêté par Liverpool. Celui-ci disputera 5 rencontres en tant que titulaire. T’as eu du flair Herman.
2019, Mbaye Diagne à Anderlecht : Diagne privilégie la LDC, Bruges aussi
Nouvelle situation Made in PanicBuy. Débutant la saison 19-20 sur un 2/15 et sans réel attaquant, les Mauves se mettent à la recherche d’un joueur de rectangle doté d’une grosse capacité de finition, eux qui sont à la peine offensivement. Ils jettent alors leur dévolu sur Mbaye Diagne, meilleur buteur du défunt championnat turc avec le Galatasaray. Les médias annoncent même que le deal est entériné et le Sénégalais va donc rejoindre la capitale sous forme d’un prêt avec option d’achat. Alors que tous les signes sont au vert pour le transfert de cette adepte de coupe de cheveux fantasque vers Anderlecht, Le Sporting se fait finalement … coiffer au poteau par le Club de Bruges qui raffle la mise en faisant signer le buteur au dernier moment ! Le Sénégalais aurait été séduit par le fait que les Brugeois disputent la Ligue des Champions, contrairement aux Bruxellois qui ne sont qualifiés pour aucune compétition européenne. La suite tout le monde la connait : Diagne inscrit quelques buts mais finit par se tirer une balle dans le pied après l’épisode du Penalty Gate face au Paris-Saint-Germain en Ligue des Champions qui le fera définitivement quitter le groupe pro des Blauw en Zwart en novembre. Il déclarera plus tard : « Clément n’a jamais voulu de moi, j’ai directement été banni. » Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en Venise du Nord, Diagne n’a jamais su filer le parfait amour avec Philippe Clément.
2017, Franko Andrijasevic au Standard : Longtemps en pôle, le Standard se fait griller par Gand sur la ligne d’arrivée
Auteur de 16 réalisations durant la saison 16-17, Franko Andrijasevic est, à ce moment-là, l’un des joueurs les plus courtisés de Croatie. Ce numéro 10 possède un profil atypique, combinant des qualités techniques et athlétiques. Il attire rapidement l’œil des décideurs liégeois qui se positionnent sur le médian dès le mois de mars 2017 et obtiennent même un accord verbal du meilleur joueur du championnat croate de l’année. C’est donc tout naturellement que Olivier Renard débute des négociations avec le club de Rijeka au début du mercato suivant afin d’embaucher celui qui s’apparente comme le successeur désigné de Ishak Belfodil, sur le départ. Après de longues négociations, Andrijasevic atterri finalement à Zaventem mais celui-ci prend finalement la direction de … Gand ! En effet, les Buffalos ont grillé leurs homologues liégeois le jour avant son départ pour la Belgique et Franko devient le transfert entrant le plus cher de l’histoire gantoise. Un statut particulier combiné à un salaire XXL que Andrijasevic aura du mal à assumer sur le terrain. Miné par les blessures, le croate n’apparait que 13 petites fois sous le maillot gantois, inscrit 2 goals et délivre 2 assists. Un beau flop vu les 4,5 millions investi par La Gantoise. Il finira par enchainer les prêts, notamment à Beveren, en ayant montré qu’une petite miette de son talent. Il signera ensuite en Chine en juillet 2021 dans l’anonymat la plus totale. Dans la lignée des Strupar, Rapaic, Perisic ou Weber, Andrijasevic pouvait s’inscrire dans la longue liste des réussites croates de Pro League. Le souci est qu’il a préféré suivre celle de Léon Benko …
2022, Patrick Berg au Standard: Le Norvégien glace le Standard
En manque de temps de jeu du côté de Lens, Patrick Berg cherche une porte de sortie. Cela tombe bien ! Ce box-to-box norvégien est le genre de joueur que recherche son compatriote, Ronny Deila, au Standard, qui apprécie beaucoup le profil du jeune milieu de terrain. La direction liégeoise débute secrètement les négociations avec les Sangs et Or et invite le joueur à venir observer ses futurs coéquipiers lors d’un déplacement à Courtrai à la fin du mois d’août, alors que le deal parait être en bonne voie. Malgré une victoire à l’arrivée, Berg fait mystérieusement volte-face et refuse de rejoindre les Rouches. Déçu du niveau de jeu affiché par Amallah, Donnum & Co ? La presse annonce une transaction finalement plus compliquée que prévu mais en interne, le milieu norvégien aurait été très surpris d’être placé au côté des décideurs liégeois Pierre Locht et Fergal Harkin, se trouvant donc sous le feu des projecteurs. Les supporters et la presse reconnaissent évidemment directement le joueur mais celui-ci, se sentant obligé de signer, finit par poser un lapin au Standard pour retourner dans son club formateur de Bodo Glimt. La Laponie, c’est en Norvège ?
2015, Lassana Diarra à Charleroi : Quand un ancien Galactique devait débarquer au Mambourg
Début 2015, l’ancien Madrilène Lassana Diarra était toujours sans club depuis la rupture de son contrat, l’été précédent, qui le liait au club russe du Lokomotiv Moscou. Et cela ne se bouscule pas sur le quai de gare pour obtenir les services du français. En effet, celui-ci, encore en litige avec le club moscovite suite à cette histoire de contrat, se voit recaler par tous les clubs, apeurés des éventuelles suites que ce deal particulier peut comporter. En février 2015, Diarra prend finalement la direction de Charleroi, alors en lice pour une qualification en Play-Offs 1. La réglementation belge permettant aux joueurs sans contrats de trouver un club jusqu’au 15 mars, le Sporting propose un contrat court-terme au milieu défensif afin de les renforcer en vue des Play-Offs. Ce contrat se base en réalité sous la seule condition d’avoir la garantie qu’aucune éventuelle sanction ne pourrait tomber sur le club zébré. Garantie qui n’a jamais pu arriver à temps sur le bureau de Mehdi Bayat, Diarra ne signera donc jamais à Charleroi. Le médian français se relancera par la suite à Marseille, Al-Jazira et au Paris-Saint-Germain, où il terminera sa carrière. Pour la petite histoire, Diarra a attaqué la Fifa et l’Union Belge pour lui avoir empêché d’effectuer son travail et donc, le salaire qui va avec. Lassana peut-être pas tort.
2009, Trésor Mputu au Standard : Un Trésor jamais qui ne s’est jamais retrouvé à Sclessin
Relativement méconnu sur le vieux continent, Trésor Mputu est pourtant un joueur célèbre en Afrique et plus particulièrement dans son pays, le Congo, où il est une véritable star. Fin techniquement et possédant un palmarès impressionnant, il attire vite la convoitise. En 2007, il est invité, à Londres, pour un test de quelques jours à Arsenal. Arsène Wenger est convaincu mais déclare que Mputu doit d’abord s’adapter à l’environnement européen, lui qui n’a encore jamais quitté le TP Mazembe. Le Standard, champion en titre, décide de faire le forcing dès le mercato estival 2007 puis 2008, en vain. En janvier 2009, les Liégeois reviennent à la charge et le joueur annonce lui-même, à la DH, qu’il a signé un contrat de 4 ans avec les Rouches. Il ajoute même : « Je suis certain de jouer pour le Standard dès le mois de janvier. (…) c’est moi qui décide de ma destination. » Le meilleur buteur de l’histoire de la Ligue des Champions africaine est donc chaud à l’idée de rejoindre la principauté contrairement aux dirigeants de Mazembe qui ont « d’autres priorités » et qui « verront s’ils ont le temps » de régler tout ça. Les fans du club congolais, également effrayé à l’idée de perdre leur capitaine, prennent l’habitude de se rendre à son domicile pour savoir où il est tout en menaçant de temps à autre sa femme… Il ne viendra jamais en bord de Meuse. Et si c’était ça la technique pour garder son meilleur joueur ?
2023 : Stelios Andreou au Stade de Reims: 40 secondes pour manquer un joueur au … Still particulier
Arrivé au début de la saison précédente en même temps qu’Edward Still, Stelios Andreou est un transfert demandé par le jeune coach anglo-belge. Jeune, bosseur et adroit techniquement, le jeune chypriote s’impose rapidement comme titulaire dans la défense à trois prônée par Still. Il s’y installera jusqu’à l’éviction d’Edward. Depuis l’arrivée de Felice Mazzù, il n’y a plus aucune trace de Stelios sur le terrain où il passe la majorité de son temps sur le banc de touche et même, maintenant, en tribune. Visiblement moins dans le cœur du nouveau coach que de son prédécesseur, Stelios cherche logiquement une porte de sortie en fin de mercato afin d’obtenir davantage de temps de jeu. Et cette porte s’ouvre à Reims où il est voulu par un autre Still, le désormais célèbre Will. Toujours invaincu, le club champenois cherche à compenser le départ d’Andrew Gravillon, parti prendre son Piémont du côté du Torino. Alors que toutes les parties s’accordent sur un prêt assorti d’une option d’achat, les documents signés arrivent à la Ligue française avec … 40 secondes de retard. Le joueur repart donc de Champagne bredouille. Après tout, la bière, ce n’est pas si mauvais.
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