Zéro carolo, contre-pressing rouche et cadeau buffalo: les leçons du week-end de Pro League
Retour tactique en trois temps sur le week-end de Jupiler Pro League. Charleroi a gardé ses filets inviolés pour la quatrième fois consécutive, le Standard a lessivé Westerlo et Gand remercie encore sa recrue hivernale Gift Emmanuel Orban.
La 28e journée de Jupiler Pro League, lancée par une défaite surprenante de Bruges face à Ostende qui fragilise la position de Scott Parker, a notamment salué une nouvelle clean-sheet pour Charleroi, une prestation majuscule du Standard et un but supplémentaire synonyme de victoire contre Anderlecht pour l’attaquant de La Gantoise Gift Orban. De quoi relancer le suspense dans la course à la quatrième place, alors qu’il ne reste plus que 540 minutes dans la phase classique.
Que penser du grand zéro des Carolos ?
Si Courtrai, Saint-Trond, Ostende et Seraing sont les quatre plus mauvaises attaques du championnat, la performance zébrée reste à souligner. Au stade des Éperons d’or, pour la quatrième fois consécutive, les Carolos ont gardé le zéro. Une bonne habitude chère à Felice Mazzù, toujours pointilleux sur l’organisation et l’intensité défensive de ses couleurs. Pourtant, avec 5,62 expected goals concédés lors de ces quatre sorties, les enfants du Pays Noir n’ont pas laissé moins d’opportunités à leurs adversaires que d’habitude. La moyenne de 1,4 expected goal concédé par match est équivalente à celle de la saison des Zèbres.
Où se trouve alors le vrai changement ? Sans doute quelque part entre le regain de forme d’Hervé Koffi et la maladresse d’adversaires qui n’ont pas les pires attaques du championnat pour rien. Le Burkinabé a « arrêté » 1,9 expected goal sur les 360 dernières minutes disputées par ses couleurs, et le reste des opportunités n’a pas nécessité l’intervention de ses gants.
Avec huit buts encaissés en onze sorties, le bilan défensif du Charleroi de Mazzù reste néanmoins brillant. Et sans doute la clé principale de la remontée des Zèbres au classement. Felice aime le répéter : une belle maison commence toujours par de solides fondations.
Comment le Standard a anéanti Westerlo
Lors de son arrivée à Sclessin, beaucoup de parallèles ont été dressés entre le style de Ronny Deila et celui de Jürgen Klopp. À l’époque, la comparaison se base essentiellement sur l’attitude, cette manière d’haranguer le public et de transmettre à ses couleurs une énergie positive hors-normes. Samedi soir, lors de la venue d’un Westerlo réputé redoutable en contre, c’est sur un autre aspect de la palette du coach allemand que le Norvégien a orienté la comparaison : le fameux gegenpressing.
À une période où le football est devenu une affaire de transitions, à créer ou à annihiler, la réaction après la perte du ballon est un moment-clé du jeu. Ce n’est pas un hasard si Genk et l’Union, les deux équipes qui le maîtrisent le mieux sur les pelouses de Pro League, occupent les deux premières places du classement. Pas un hasard non plus si Westerlo s’est retrouvé complètement éteint par un Standard qui a livré sa meilleure prestation de la saison lors de ces secondes capitales dans la gestion d’un match. Avec Gojko Cimirot et Steven Alzate à la manœuvre pour casser les passes verticales courtes des Campinois, et Noé Dussenne ou Bope Bokadi à la réception des tentatives de jeu long, les Rouches ont empêché la naissance de la moindre attaque des visiteurs. Une vraie leçon de contraception.
Si gérer les transitions adverses est la clé d’un parcours réussi dans le championnat belge, Ronny Deila semble avoir sous la main un trousseau capable de fermer les portes de sa moitié de terrain à une bonne partie des équipes de l’élite.
Gift Orban, le nouveau présent de la Pro League
En un peu moins de 500 minutes passées sous le maillot de La Gantoise, il a déjà marqué quatre fois. La preuve que Gift Emmanuel Orban est prêt à poursuivre la longue tradition des strikers nigérians qui font des prés belges leur jardin privé. Double buteur spectaculaire contre Westerlo, encore décisif pour la qualification contre Qarabag, le nouvel attaquant des Buffalos a remis ça en inscrivant le seul but du duel contre Anderlecht. Un crochet qui déboîte les hanches de Jan Vertonghen, un tir qui décolle vers le haut des filets, et un Vanhaezebrouck dithyrambique : « Ses actions et ses buts, c’est ce dont nous avions besoin. Il est dangereux à tout moment. »
Depuis la blessure de Tarik Tissoudali, Gand peinait effectivement à créer du danger individuel, se reposant presque uniquement sur ses mouvements collectifs pour menacer le but adverse. Si la mécanique gantoise est bien huilée, elle est également connue des opposants, qui savent généralement comment la gripper. Gift Orban ressemble à un bon remède contre l’immobilisme d’un jeu parfois trop prévisible. Parce qu’un coach a beau tracer tous les circuits possibles vers le but adverse, il faudra toujours quelqu’un capable de battre le record du tour pour s’inviter en haut de la grille.
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