Les coulisses tumultueuses du Cercle Bruges
Yves Vanderhaeghe reste – pour l’instant – le T1 du Cercle Bruges, mais début octobre, le coach a assisté au départ de son bras droit Thomas Buffel, remplacé par Miron Muslic. La nervosité se fait sentir chez Paul Mitchell, le directeur sportif de l’AS Monaco, qui a exigé certaines adaptations chez les Vert et Noir.
« On est sur une pente glissante et on doit arrêter la chute dès que possible », déclare avec beaucoup de sincérité le gardien de but Thomas Didillon (25 ans), après la défaite 0-3 contre l’Union Saint-Gilloise, lors de la dixième journée de championnat. « Encore une fois, on a joué 45 bonnes minutes, mais on a complètement sombré lorsqu’on a été menés au score », reconnaît-il après la plus lourde défaite de la saison de son équipe. Avant cela, le Cercle avait déjà perdu six matches de championnat, mais toujours par le plus petit écart. « Ça devient inquiétant », poursuit le Français. « Bien sûr, notre équipe est jeune et on paie cash les erreurs de jeunesse. Mais on n’apprend pas assez des bourdes qu’on commet chaque semaine. »
Bernd Storck et récemment Yves Vanderhaeghe ont sauvé les Vert et Noir d’une situation mal embarquée, contrairement aux hommes venus de Monaco.
Les ailes coupées
On a l’impression que l’ancien gardien anderlechtois a senti le vent tourner, car à peine trois jours plus tard, un communiqué de presse officiel tombait, annonçant une réorganisation du staff technique. La collaboration avec l’ancien international Thomas Buffel (quarante ans), engagé comme adjoint par Yves Vanderhaeghe depuis le 3 février et qui incarnait parfaitement les normes et les valeurs des Vert et Noir pour avoir porté leur maillot jadis, a pris fin prématurément après 21 matches à peine. Officiellement parce que le Flandrien ne pouvait plus combiner cet emploi à temps plein avec ses cours pour la licence pro (où il côtoie Vincent Kompany, Edward Still, le duo Timmy Simons– Davy De fauw, Carl Hoefkens et Mbaye Leye) et ses fonctions d’assistant auprès des U21 belges du sélectionneur Jacky Mathijssen.
Très calme et tout en contrôle, Buffel s’était pourtant montré le parfait bras droit de Vanderhaeghe, qui l’écoutait, mais était aussi ouvert au dialogue. En termes de caractère et de personnalité, il était tout le contraire du Tunisien Radhi Jaïdi (46 ans), qui avait été incorporé au staff technique une semaine après l’arrivée de Buffel, le 10 février, en tant qu’homme de confiance de Paul Mitchell (quarante ans). Dans le passé, les deux hommes avaient en effet travaillé ensemble avec succès à Southampton. L’ancien défenseur, fort de 105 sélections et passé par Birmingham City et Bolton Wanderers, était considéré comme assez dominant et très présent lorsqu’il s’agissait d’apporter certains réglages. Mais après 17 ans, Jaïdi n’a pas pu résister à l’appel de son club de jeunesse, l’Espérance Tunis, où il s’est vu offrir un contrat d’entraîneur principal le 4 août.
Avec le départ de Buffel, les ailes et la puissance sportive de Vanderhaeghe – qui garde un certain crédit auprès de ses propres supporters, contrairement au directeur technique mexicain Carlos Aviña – sont quelque peu rognées. À Monaco, et notamment chez le directeur sportif Mitchell, également un ancien chef de la cellule scouting de Tottenham et passé par les clubs Red Bull de Dietrich Mateschitz, l’agitation et la nervosité grandissent.
Le bon conseiller
Depuis que le club de la Principauté est devenu propriétaire du Cercle en mai 2017 et qu’il en tire les ficelles, l’AS Monaco a déjà injecté plus de cinquante millions d’euros dans l’entité brugeoise. L’exercice précédent s’est soldé par une perte de 1,6 million d’euros. Sans que le Cercle ne décolle sportivement. Après avoir été promu de D1B, il a terminé successivement à la treizième, quatorzième et seizième place. De plus, le président Vincent Goemaere s’est souvent révélé être de bon conseil dans le choix des entraîneurs, puisque l’Allemand Bernd Storck et récemment Yves Vanderhaeghe ont sauvé l’association d’une situation mal embarquée, contrairement aux hommes venus de la Côte d’Azur ( Fabien Mercadal, Laurent Guyot et Paul Clement).
Par rapport à la saison dernière, où il disposait de joueurs talentueux comme Jean Marcelin et Strahinja Pavlovic (Monaco), ou encore Iké Ugbo (prêté par Chelsea), Vanderhaeghe a beaucoup moins de qualité dans son groupe actuellement. La défense est composée de jeunes joueurs d’une vingtaine d’années ( Jesper Daland, Edgaras Utkus, Boris Popovic), et le plus âgé ( Senna Miangue) a souvent été pris en défaut. Pourtant, seul Zulte Waregem est parvenu à inscrire quatre buts, alors qu’au milieu de terrain, le Cercle cherche toujours la bonne formule. Le capitaine Charles Vanhoutte – qui, comme Robbe Decostere, Olivier Deman, Aske Sampers et Thibo Somers, est un produit de l’école des jeunes – a également perdu sa place de titulaire avant la trêve internationale, parce que Vanderhaeghe a refait confiance au duo monégasque Leonardo Lopes Da Silva– Franck Kanouté. En attaque, Rabbi Matondo, Waldo Rubio, Álex Millán et Kévin Denkey ne constituent pour l’instant pas une garantie de buts.
Avec l’ancien défenseur Jimmy De Wulf, de retour au bercail depuis 2014 et responsable à plein temps des Espoirs depuis 2020, et cet Autrichien aux racines bosniennes, mais inconnu au bataillon Miron Muslic (39 ans), Vanderhaeghe a certes obtenu deux nouveaux chiens de garde à ses côtés. Ancien attaquant, ce dernier a un peu le même profil que Jaïdi: très passionné et assez sûr de lui. À son actif, on retrouve seize matches en tant qu’entraîneur principal du FAC Vienne, club de D2 autrichienne, et dix à la tête du SV Ried, club de D1, entre janvier et mars 2021. Ce trio pourra-t-il trouver la bonne combinaison et sortir le Cercle de la zone dangereuse? À suivre, car l’avion se rapproche dangereusement du sol.
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