Les confidences de Virgil van Dijk: « Pour moi, Jaap Stam a toujours été le roi derrière »
Dans le magazine néerlandais Voetbal International, le capitaine des Oranje évoque ses souvenirs de Coupe du monde, ses idoles, son rôle en sélection ou les exigences de Louis van Gaal. Morceaux choisis.
Par Simon Zwartkruis
Virgil van Dijk s’installe dans un coin tranquille de sa maison de Liverpool. Derrière lui, un maillot des Reds à son nom est encadré, preuve tangible de ses cinq années dans le nord de l’Angleterre. Sur les rives de la Mersey, il a remporté le titre national anglais, la FA Cup, la Champions League et la Coupe du monde des clubs. Mais désormais, il est focalisé sur un autre objectif : son premier grand tournoi avec l’équipe nationale néerlandaise. Enfin.
Quelle est la première Coupe du monde dont tu gardes des souvenirs ?
VIRGIL VAN DIJK : En 98, je n’avais que sept ans, je n’en ai pas vraiment de souvenirs. Le premier tournoi auquel j’ai vraiment prêté attention a été la Coupe du monde 2002 au Japon et en Corée du Sud. Même si les Pays-Bas n’y ont pas participé. J’étais fan du Brésil à l’époque. Ils avaient tant de bons joueurs. Ils avaient du succès dans les plus grands clubs d’Europe. Et on les voyait toujours dans les belles publicités télévisées de Nike, etc. Ça m’a donné le sentiment que c’était l’équipe à suivre. J’étais un grand fan de Ronaldinho. Et de Ronaldo aussi. J’essayais de les imiter.
Quel joueur néerlandais a été une source d’inspiration pour toi ?
VAN DIJK : Jaap Stam. Je le regardais avec un intérêt particulier en tant que défenseur. Pour moi, Jaap a toujours été le roi derrière. J’ai aussi aimé toute la construction de sa carrière. Comme moi, il est passé par Willem II, puis étape par étape vers le sommet absolu. Mais c’est surtout son charisme qui m’impressionnait. Je pense que beaucoup d’attaquants se disaient avant le coup d’envoi qu’ils n’allaient pas approcher de lui. Il partait avec une longueur d’avance. Footballistiquement, ce n’était peut-être pas un joueur de classe mondiale, mais défensivement, il était incroyablement bon. Ce qui est amusant, c’est qu’il m’a toujours semblé mesurer trois mètres. Il me paraissait grand et fort quand je le voyais à la télévision. Jusqu’à ce que je le rencontre pour la première fois, il y a des années : j’étais stupéfait, je faisais une demi-tête de plus que lui !
Footballistiquement, Jaap Stam n’était peut-être pas un joueur de classe mondiale, mais défensivement, il était incroyablement bon.
Virgil van Dijk
Tu as aussi connu une construction progressive de ta carrière. Ça correspond à ton développement personnel ?
VAN DIJK : On peut dire ça, oui. Je crois que tout arrive pour une raison. Pour moi, ce sont toutes ces étapes qui m’ont permis d’atteindre le sommet. Il y a d’autres façons d’y parvenir, chacun le fait à sa manière. Mais pour moi, c’était l’itinéraire parfait. Également en termes de développement personnel et de celui de ma famille, dans différents endroits d’Europe. Et c’est loin d’être terminé. Jusqu’à présent, je suis extrêmement fier de tout ce qu’on a accompli.
Le fait d’avoir été nommé capitaine des Pays-Bas a été un moment important de ton évolution. As-tu été surpris lorsque Ronald Koeman te m’a annoncé il y a quatre ans et demi ?
VAN DIJK : Oui et non. Quand j’étais petit, je n’ai jamais pensé que je deviendrais un jour capitaine de l’équipe nationale néerlandaise. Ça me rend fier, je ne le prendrai jamais pour acquis et j’en profiterai toujours.Ça a toujours été comme ça. Être en équipe nationale, représenter son pays, le maillot orange, l’hymne national qui retentit ; chaque seconde est un plaisir. À cela s’ajoute la responsabilité du capitanat. Je suis le lien entre le groupe et l’entraîneur. Ça me pousse à donner le bon exemple. Les gars doivent pouvoir s’accrocher à moi. Mais, je n’avais pas prévu que je jouerais ce rôle avec les Oranje. Donc, dans cette perspective, c’était une surprise. D’un autre côté, je n’ai pas été surpris. Parce qu’à ce moment-là, j’étais une valeur sûre de Liverpool et des Pays-Bas. Et j’avais déjà travaillé avec Koeman à Southampton. Avec l’équipe nationale, on est entrés dans une nouvelle phase avec sa nomination et j’ai eu le sentiment d’être un maillon important.
Vos coéquipiers disent qu’ils se sentent en sécurité derrière vous dans le tunnel juste avant un match international.
VAN DIJK : J’aime entendre ça. Je ressens vraiment cette responsabilité. Je serai toujours là pour mes coéquipiers. Je les aiderai et les soutiendrai, quoi qu’il arrive. Je suis conscient que, en tant que capitaine, vous devez dégager quelque chose d’invincible. Je veux être un exemple en la matière.
Ces dernières années, l’équipe nationale est également de plus en plus un lieu où sont soulevées des questions sociales, du racisme à l’acceptation des LGBT en passant par le Qatar, organisateur controversé de la Coupe du monde. Comment décidez-vous des actions auxquelles vous adhérez et de celles auxquelles vous renoncez ?
VAN DIJK : Ce sont des décisions collectives. Rien n’est imposé. C’est toujours le fruit de discussions communes. Ces demandes arrivent d’abord au conseil des joueurs, dont je fais également partie. Ensuite, on en discute avec l’ensemble du groupe. Si un seul joueur ne soutient pas une certaine action, c’est la fin de l’histoire. Mais ce n’est pas encore arrivé.
Ne pourriez-vous pas vous exprimer plus clairement à propos Qatar ?
VAN DIJK : Comme tout le monde, on est évidemment choqués par toutes ces histoires et tous ces rapports. On essaye de faire notre part. Au Qatar, on va manifester notre soutien de différentes manières tous les joueurs sont entièrement d’accord avec ça. On va essayer de faire la différence à notre manière. Après, on laisse les directeurs de la Fédé néerlandaise faire leur travail. Avec d’autres associations et organisations, ils travaillent activement à améliorer la situation au Qatar. En tant que joueurs, on ne peut rien contre le fait qu’il y a douze ans, la Coupe du monde a été attribuée au Qatar. On peut toutefois attirer l’attention dans l’espoir que ça contribuera à améliorer la situation. Comme de dire qu’il devrait y avoir un fonds de compensation, et que le Qatar et la FIFA devraient s’en charger. Mais je pense que chacun doit pouvoir suivre ses propres sentiments, personne ne doit se sentir obligé.
Qu’attend généralement Louis van Gaal de son capitaine ?
VAN DIJK : On n’en a pas parlé très précisément, mais je sais qu’il attend de son capitaine qu’il fasse preuve de leadership. Il m’appelle le « grand influenceur ». Mais je ne me comporte pas différemment parce que je porte le brassard de capitaine. Je suis la même personne qu’à Liverpool, où je ne le porte pas. Dans les deux équipes, j’essaie d’aider et de motiver, de manière naturelle. C’est dans mon caractère de toute façon.
Étiez-vous au courant de son cancer de la prostate lorsqu’il a quitté de temps à autre le camp d’entraînement des Oranje pour se faire soigner à l’hôpital ce printemps ?
VAN DIJK : Je n’étais au courant de rien. Il n’a pas voulu imposer ce fardeau à ses joueurs et il ne veut pas susciter la pitié. Ce fut vraiment un choc lorsque j’ai appris sa maladie à la télévision. C’est fascinant de voir comment il gère ça. Il ne veut pas que les autres s’inquiètent, chacun doit continuer à vivre sa vie. Chaque fois qu’on se voit, on en parle pendant un moment, puis il reprend ses activités habituelles. C’est Louis van Gaal. C’est un homme spécial.
En septembre, lors d’une conférence de presse, Van Gaal a dit que tu avais une opinion contre laquelle il travaillait depuis très longtemps. Tu as rigolé. À quoi faisait-il référence ?
VAN DIJK : C’était une référence au début de notre collaboration. J’ai alors fait part de ma préférence pour le 4-3-3 et ça a fait grand bruit dans la presse. Mais si j’ai une opinion sur quelque chose, je ne vais pas la cacher, je vais l’expliquer. Même devant le sélectionneur national. Qu’on soit d’accord ou non. On peut alors en discuter. Et c’est exactement ce qu’on a fait. C’était un échange d’idées ouvert, honnête et respectueux. Je pense que c’est bien que les joueurs expriment leurs avis sur certaines choses aux entraîneurs. Van Gaal est aussi un entraîneur qui apprécie ça. Ça signifie qu’on est impliqués.
On peut battre nos adversaires de différentes manières. On peut aussi s’assurer qu’on est très difficiles à battre. Ce sont des facteurs particulièrement importants lors d’un tournoi.
Virgil van Dijk
Plus d’un an après, quel est pour vous le schéma idéal ?
VAN DIJK : On est passés au 3-4-3 et on est toujours invaincus sous Van Gaal. Il a donc bien travaillé. Tout le monde sait maintenant ce qui est nécessaire dans ce style de jeu et on a les joueurs qui conviennent. Pour l’instant, c’est donc bon.
Considères-tu les Pays-Bas comme un candidat au titre ?
VAN DIJK : C’est une question difficile. Je pense qu’on est une équipe du subtop qui peut atteindre le top à la Coupe du monde. Si on regarde la structure de notre groupe, en âge et en qualités, je pense qu’on ne peut que se renforcer. On voit souvent des équipes se développer au cours d’un tournoi. On a quelques attributs clés. On associe la qualité du football à notre forte unité. On peut battre nos adversaires de différentes manières. On peut aussi s’assurer qu’on est très difficiles à battre. Ce sont des facteurs particulièrement importants lors d’un tournoi. C’est à nous de faire remonter tout ça à la surface lors du Mondial.
Ce tournoi est-il encore plus important pour toi parce que c’est ton premier ?
VAN DIJK : Ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Qu’il s’agisse de mon premier, troisième ou quatrième tournoi : c’est une Coupe du monde. C’est un rêve d’enfant. Avec les meilleurs joueurs des Pays-Bas, on va se mesurer aux meilleurs joueurs du monde. Représenter son pays au plus haut niveau. J’attends ça avec impatience.
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