© Diego Crutzen

Le témoignage choc de Dimata, six mois après le footbelgate: « Je n’étais plus libre psychologiquement »

C’est l’histoire d’un jeune footballeur ballotté par Mons, le Standard, Ostende, Wolfsburg et Anderlecht. Le symbole d’un foot guidé par l’argent et par ses vautours. « J’ai beaucoup appris de ce parcours mais je ne pouvais pas le garder pour moi, il fallait que je le partage. » Entretien-confession.

Landry Dimataà propos…

…de la responsabilisation des joueurs : « Je ne veux plus que la situation que j’ai vécue arrive à d’autres jeunes, à d’autres joueurs. Car c’est inadmissible de signer des contrats au kilomètre. On te met en confiance, on te place dans une position où l’on te considère comme un gosse : t’as rien à faire, occupe toi seulement d’être sur le terrain. C’est une phrase que beaucoup de joueurs entendent de leur manager. Il faut arrêter tout ça. Les joueurs de foot doivent se comporter en adultes, en hommes d’affaires, ils ne peuvent plus se comporter comme des assistés. »

…des promesses de son ex-agent : « Je suis arrivé à Anderlecht en pensant – car c’est ce qu’on m’avait promis – que j’aurais le même contrat qu’à Wolfsburg. On m’a dit : signe, signe. Mais c’est pas du tout le cas. Et ça c’est Didier Frenay (son ex-agent, ndlr) qui m’a fait cette promesse. Et on me masque tout, la prolongation de contrat, tous les détails. (…) C’est mon passage à Wolfsburg qui m’a fait une première fois ouvrir les yeux. Il y avait de l’abus de confiance de personnes qui m’entouraient à l’époque. Ces personnes se sont fait avoir à leur tour. Aujourd’hui, j’ai pris le temps de lire les contrats, et celui qui était vraiment à la tête de l’organisation, c’était Didier Frenay. Je lui ai réclamé de l’argent, bien sûr, quand j’ai appris ce qu’il avait touché sur notre dos. Moi et Dodi, on s’est mis à table pour trouver une solution, mais il a botté en touche. Nous qui étions soi-disant ses fils…. Il a été dire par après qu’il avait donné de l’argent à ma mère alors qu’il ne l’a jamais vue. »

…des accointances club-agent : « J’ai très vite compris que si j’avais signé aussi vite, alors que je n’avais que quelques matches de D1 dans les jambes, c’est à cause de mon agent qui avait de très bons contacts avec le manager du club de Wolfsburg. Je ne suis pas un cas isolé. Plein de joueurs partent dans un club, non pas car ils en ont envie ou parce qu’il y a eu plan sportif mis en place, qu’on a regardé ton futur club, mais tout simplement parce que l’agent et le club s’entendent bien. Et c’est comme ça qu’ils font leurs affaires, qu’il y a des commissions, et des montages financiers. »

…du mélange foot-vie privée : « Ce que les managers font, pas tout le monde, c’est qu’ils sont prêts à tout pour avoir la confiance du joueur, certains vont utiliser des voitures, de l’argent, même des femmes. Ils vont utiliser certaines choses pour te mettre à l’aise. Ce qui t’intéresse pourtant, c’est de jouer, mais tu peux très vite leur donner ta confiance. (…) Tu restes complètement sous l’emprise de certains agents. Pour caricaturer : si tu veux aller aux toilettes, tu dois leur demander, si tu veux aller en voyage, tu dois leur poser la question. Limite, l’agent va venir avec toi en vacances. Il n’y a plus de vie privée. Le point c’est qu’il n’y a plus de distinction entre le terrain, le foot, la vie privée et les affaires, tout est embourbé, mélangé. Et c’est là que ça devient dangereux. (…) Mais, au fond de moi, je sentais que je n’étais plus moi-même. Quand je n’ai plus cette liberté, les gens qui me connaissent vont voir qu’il y a un problème avec moi. Je n’étais plus libre, même psychologiquement. C’est dû au mélange des genres. Le football, les agents qui deviennent ta famille. L’agent qui se dit être comme ton père, que je suis son fils, etc… »

Par Thomas Bricmont

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