Le spectacle de Luis Enrique sur Twitch : pourquoi le sélectionneur national espagnol s’est lancé dans le streaming

Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Certains le considèrent comme le meilleur entraîneur de cette Coupe du monde, mais le guide de la Roja semble avoir d’autres atouts.

Un jour, Luis Enrique a demandé à son fils pourquoi il passait tant d’heures derrière un écran d’ordinateur. Il s’est avéré qu’il regardait des « streamers » sur Twitch. C’est une plateforme sur laquelle chacun peut diffuser des émissions sur un sujet particulier via sa propre chaîne. « Peut-être que tu devrais le faire aussi un jour, papa, pour parler de l’équipe nationale espagnole », a plaisanté Enrique junior. La graine a été plantée dans la tête du sélectionneur espagnol et elle a fini par germer. Luis Enrique, qui admet volontiers qu’il n’y connaît pas grand-chose à la technologie, s’est donc lancé dans le « streaming » juste avant le coup d’envoi du tournoi mondial au Qatar.

Et le succès est déjà au rendez-vous puisque sa chaîne attire déjà quelque 150 000 personnes et compte environ 300 000 followers. Pendant son heure de streaming, l’entraîneur répond aux questions qui lui parviennent en direct. C’est une façon pour lui de se déconnecter des médias traditionnels et d’interagir directement avec les fans, « sans filtre ».

Lors des conférences de presse, les journalistes ont souvent affaire à un Enrique grincheux et grinçant et qui n’hésite pas à en remettre certains à leur place. Sur Twitch, l’homme apparaît sous un nouveau visage. Bavard, drôle et aimable. Il a même plaisanté sur son gendre Ferran Torres lorsqu’un supporter lui a demandé qui était son prolongement sur le terrain. Luis Enrique lui a rétorqué en riant : « C’est facile, Ferran Torres. Si je ne dis pas ça, ma fille va me couper la tête. »

Attirer l’attention sur lui pour permettre à son équipe de travailler sereinement

Que la chaîne de streaming de Luis Enrique soit si appréciée est une bonne chose pour son image et enlever de la pression sur son équipe. Il n’est évidemment pas contre le fait d’attirer l’attention pour que ses troupes puissent se concentrer sur la Coupe du monde en toute tranquillité.

Une mission qu’il réussit avec panache puisqu’à l’approche du coup d’envoi du Mondial qatari, la presse ibérique ne parlait pratiquement pas du forfait de dernière minute de José Luis Gayà ou de la forme physique inquiétante d’Ansu Fati. Seule l’émission de Luis Enrique sur Twitch attirait l’attention des médias de l’autre côté des Pyrénées.

« Mon prolongement sur le terrain ? C’est facile, Ferran Torres. Si je ne dis pas ça, ma fille va me couper la tête. » . (Photo by David Ramos/Getty Images)

Placer la lumière sur soi pour relâcher la pression autour de son équipe est une tactique éprouvée et maîtrisée par d’autres techniciens de renom comme José Mourinho. Luis Enrique le fait d’une manière différente, mais l’objectif poursuivi est le même.

Avec une moyenne d’âge de 25,3 ans, la Roja est la troisième sélection la plus jeune du tournoi, après le Ghana et les États-Unis. Et 20 des joueurs repris pour le Qatar sont des novices en Coupe du monde. C’est parce que son équipe manque d’expérience pour gérer ce contexte particulier et souvent stressant qu’il doit la protéger d’une manière ou d’une autre.

« Quand je les vois s’entraîner, j’oublie leur manque d’expérience », affirme pourtant le sélectionneur espagnol. « Regardez le cyclisme. Indurain a participé à son premier Tour de France à 24 ans, aujourd’hui c’est un jeune de 19 ans qui le gagne », poursuit un Enrique qui adore pratiquer le vélo et qui avait annoncé la liste des heureux élus pour le Qatar dans une vidéo où il enfourchait sa bécane pour gravir un col.

Le meilleur sélectionneur national de tous les temps

Le contrat de Luis Enrique, 52 ans, avec la fédération espagnole se terminera au terme de cette Coupe du monde. La tendance est à une prolongation de son mandat car il a aussi qualifié la Roja pour le Final Four de la Ligue des Nations qui se déroulera en juin 2023.

Cependant, sur Twitch, le sélectionneur n’a pas souhaité faire de commentaire quant à sa situation contractuelle. « Cela ne m’intéresse pas du tout, ni les personnes qui font partie de la sélection. L’objectif est de réaliser une bonne Coupe du monde et de tirer le meilleur parti de ce groupe. Après cela, nous aurons tout le temps de voir ce que nous avons réalisé et ce que nous voulons et pouvons faire dans le futur », s’est-il contenté de dire.

« Je pense que je suis le meilleur entraîneur national de l’histoire du football. Ce n’est pas vrai, mais je m’oblige à le penser », a-t-il plaisanté. « C’est un joli titre que je vous ai donné, les gars, hein. » En effet, de nombreux médias ont repris cette citation qui a permis de laisser l’équipe travailler sereinement. Mission accomplie, alors…

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