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Le SK Torhout joue depuis deux ans sans équipe première: Tout pour les jeunes

Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

En pleine pandémie, le SK Torhout a supprimé son équipe première pour se concentrer pleinement sur les jeunes. Le club flandrien s’appuie plus que jamais sur l’engagement des parents et d’autres bénévoles.

Le «Verloren Kost». C’est le nom du terrain et de la cantine du SK Torhout. Le club est situé un peu au-delà du centre de la ville, niché derrière une rangée de hêtres et coincé entre des champs et le Groene 62, une piste cyclable aménagée sur le tracé d’une ancienne ligne de chemin de fer. En ce samedi, le mercure franchit à grand-peine le zéro et pourtant, il y a foule pour encourager les équipes de jeunes du SK Torhout. Ce jour-là, les U7, les U9, les U11, les U12 et les U13 jouent à domicile.

La cantine bourdonne d’une joyeuse activité. Jean-Pierre est derrière une énorme marmite de soupe. La veille, il a enterré sa mère, mais il est quand même là. «Que ferais-je, sinon? Je ne vais quand même pas rester assis à la maison?» Marleen est également venue donner un coup de main. Son mari, Dirk, a entraîné les jeunes du SK pendant des années. Il est décédé il y a un certain temps et on a collé sa photo au mur.

Sofie, Els et Pieter sont au comptoir, avec un ordinateur portable. Ils sont membres du comité et de l’équipe «événements» du SK Torhout. Ils mettent la dernière main à l’organisation d’une fête pour les joueurs et leurs parents. Un peu plus loin, Thijs, l’entraîneur des U13, Ruben, le coordinateur des jeunes, et Joani, le correspondant qualifié, sont attablés. Dehors, l’entraîneur Joeri, le mari d’Els, est en train de délimiter le terrain pour le match des U11. Ce ne sont là que quelques-unes des personnes qui font tourner le SK Torhout, avec un dévouement remarquable et un cœur gros comme ça.

Accessibilité

Maarten Willaert présente ses excuses: il est arrivé avec cinq minutes de retard à la séance photos au Verloren Kost, qu’on appelle en abrégé le Kosto. Cet avocat de quarante ans, natif de Torhout, est président du club depuis septembre dernier. Son fils Douwe joue en U12. «On s’amuse beaucoup», explique-t-il. «La saison dernière, l’ancienne direction a voulu raccrocher et on n’a pas trouvé de successeurs immédiatement. La survie du club n’a tenu qu’à un fil.» Avec d’autres pères et mères engagés, Maarten est parvenu à former un nouveau comité et à assurer la pérennité du SK Torhout. «Un échec eût été regrettable car le SK occupe une place de choix dans le paysage sportif de Torhout. Chez nous, le plaisir passe en premier, avant les performances. L’aspect social est également très important.»

Les U12 du SK Torhout (en noir) affrontent les voisins du KVV Aartrijke.

Ruben Laplasse, un ancien joueur du club qui est coordinateur des jeunes depuis plus de trois ans, opine: «Ici, tout est placé sous le signe de la jeunesse, de l’amusement, de l’aspect familial. Le plaisir de jouer est au premier plan, pour les joueurs comme pour leurs parents, le long du terrain.»

Tout le monde est le bienvenu, peu importe le talent. «On essaie également de conserver des cotisations accessibles», poursuit Laplasse. «On a un tarif social en faveur des personnes qui sont moins à l’aise. Elles ne paient qu’un quart de la cotisation, si elles peuvent nous présenter une attestation. La ville de Torhout verse la différence. On a aussi une caisse sociale destinée aux joueurs qui n’habitent pas la commune tout en ayant droit au tarif social. Cette accessibilité est très importante à nos yeux.»

Sans équipe-fanion

En 2021, en plein pandémie, l’ancien comité a décidé de renoncer à l’équipe première et de se concentrer sur les jeunes. L’actuel président, Maarten Willaert, reste fidèle à cette philosophie. «Le SK Torhout se soucie avant tout des jeunes et de la santé financière du club. À certains moments, presque toutes les rentrées issues des catégories d’âge allaient à l’équipe-fanion. Ce n’était pas sain. On me demande souvent quand on va réaligner une équipe première, mais je pense que les bonnes années sont derrière nous et qu’il n’est plus possible d’injecter beaucoup d’argent dans une équipe représentative. Je pense que les séries provinciales inférieures vont revenir au vrai football, celui que pratiquent les joueurs par plaisir et pas pour gagner de l’argent. Dans les années 2000, le SK avait une direction qui équilibrait les comptes grâce à ses fonds, mais ce n’est pas notre objectif. En plus, quand le Kosto accueille plusieurs matches de jeunes le samedi, la recette de la cantine est plus élevée que si l’équipe-fanion jouait. Aligner une équipe première comporte un risque financier. Donc, ce n’est pas pour demain. Mais il ne faut jamais dire jamais.»

Le conseil d’administration du SK Torhout avec Ruben (coordinateur des jeunes), Joani, Sofie, Maarten (président), Els et Pieter.

Dans un avenir proche, le SK Torhout veut surtout reformer une section complète de jeunes. Actuellement, il n’y a pas de U15 ni de U17, suite au départ d’une série de joueurs et d’entraîneurs. «On espère combler ce manque d’ici quatre ans», annonce Laplasse. L’équipe première ne constitue pas non plus une priorité à ses yeux. «Si on en reforme une un jour, le SK conservera sa devise: tout pour les jeunes.»

Les parents de joueurs

Kristof Audenaert nous reçoit à son bureau, au deuxième étage de l’hôtel de ville. Après avoir servi du café, le jeune bourgmestre raconte qu’il est frappé par le nombre de parents qui s’engagent dans la vie des clubs à Torhout. «Quand la ville veut organiser un événement, elle sait qu’il ne doit pas avoir lieu un samedi, car les gens travaillent au jardin, font leurs courses ou sont au club de leurs enfants. Les parents des enfants de primaire sont souvent très impliqués dans les clubs. Le samedi est placé sous le signe des loisirs des enfants dans la plupart des familles.»

Il y a toujours eu des pères et des mères qui s’impliquaient dans le club de leur enfant, mais le phénomène est de plus en plus fréquent. «Par contre, l’engagement à vie, comme on l’a connu dans le passé, est de plus en plus rare», remarque Audenaert. «Quand les enfants renoncent à leur sport, il y a de fortes chances pour que les parents cessent aussi d’aider, mais ce n’est pas nécessairement un problème.»

Il en va de même au SK Torhout. Quatre des six comitards ont des enfants actifs au club. La moitié des entraîneurs ont commencé par coacher l’équipe de leur fils. «Actuellement, il est très difficile de trouver des entraîneurs en football régional», explique Ruben Laplasse. «Il n’est donc pas exceptionnel que des pères jouent les entraîneurs. Ils n’ont généralement pas de diplôme, mais ce n’est pas un problème: ils compensent par leur motivation et leur engagement.»

Une partie des entraîneurs de jeunes du SK Torhout.

Un passé turbulent

Dans les années 70 et 80, Torhout comptait trois clubs: le SK Torhout, le VK Torhout et le DK Torhout. Le DK a toujours été le petit dernier et a mis un terme à ses activités en 1999. Le SK (Sportkring), matricule 822, et le VK (Voetbalklub), matricule 110, ont évolué dans les séries nationales durant plusieurs saisons.

«Historiquement, le SK Torhout était le club des libéraux et des libre-penseurs, le VK celui des catholiques», explique l’actuel président du SK, Maarten Willaert. «De même qu’à Bruges, le Club est libéral, à l’origine, et le Cercle catholique. Quand j’étais petit, le SK et le VK évoluaient en promotion et ils étaient rivaux.»

Ils ont fusionné en 1992 pour former le Torhout 1992 KM, qui a repris le matricule 822 du SK. Neuf ans plus tard, en 2001, un désaccord au sein de la direction a incité une série de personnes à quitter le club et à fonder le New Sportkring Torhout 2001. Il s’est affilié à l’UB sous le matricule 9388 et a repris les anciennes couleurs du club, le noir et le blanc. En 2002, le nouveau club a poursuivi son existence sous le nom de SK Torhout.

Au début, les relations entre le KM et le SK ont été très difficiles. Le KM, qui se produit actuellement en deuxième nationale A, est devenu le porte-drapeau de la ville. Il travaille très professionnellement dès les équipes d’âge. L’ambiance est plus décontractée, plus familiale aussi, au SK. Il ne prend pas ombrage de l’absence d’un jeune à l’entraînement.

Les installations footballistiques de Torhout -le stade «De Velodroom», le centre sportif Benny Vansteelant et le «Verloren Kost» – appartiennent à la ville. Les deux clubs paient un loyer, mais ont souvent eu des différents quant à la répartition des terrains dans le passé.

Kristof Audenaert, bourgmestre de Torhout depuis 2016, se rappelle maintes poussées d’émotions. «Un moment donné, on a décidé d’apposer un premier terrain synthétique. Le KM et le SK ont dû négocier l’emplacement de ce terrain, puis on a décidé que le Velodroom constituait la meilleure option, mais il était alors sacro-saint aux yeux du KM alors qu’en fait, il appartenait à la ville. Le KM ne supportait pas l’idée que le SK puisse s’entraîner dans son stade.

Heureusement, les deux clubs entretiennent maintenant de bonnes relations. Avoir deux clubs de football qui marchent est important pour Torhout, malgré leurs différences de philosophie. Après tout, le football est le sport numéro un en Belgique.»

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