Guillaume Gautier
Le secret du Beerschot, promu en D1 sans avoir payé un transfert
De retour en D1 la saison prochaine, le Beerschot a reconstruit un noyau sans argent, avec un directeur sportif qui fait beaucoup parler de lui.
Le conte est celui d’un Petit Poucet, caché sous l’étoffe d’un géant. Parce que ceux qui n’auront pas suivi la deuxième division belge de près cette année se contenteront de souligner le triomphe de la logique pour saluer le retour du Beerschot au sein de l’élite. Un club historique, des supporters passionnés, un actionnaire étranger et un coach au passé de joueur de haut vol: l’histoire ressemble au refrain de ceux qui sortent chaque saison de la Challenger Pro League.
Pourtant, le Beerschot était loin d’obtenir les faveurs des pronostics en début de saison. Les suiveurs leur prédisaient plutôt une saison sans saveur, dont le principal objectif serait de s’éloigner rapidement de la relégation. Face à d’ambitieux mastodontes comme Zulte Waregem, Beveren ou Lommel, les Anversois n’avaient à proposer que la gloire de leur passé et le projet de leur avenir. Financièrement, la quête d’un attaquant se faisait, par exemple, avec un budget de 3.000 à 4.000 euros brut mensuels et sans le moindre euro à débourser en indemnité de transfert. Des sommes dérisoires au vu d’une concurrence capable d’aligner des montants à sept chiffres pour se renforcer dans la course à la montée. Pourtant, à 90 minutes du coup de sifflet final de la saison, les Rats sont les seuls à être assurés d’une promotion au sein de l’élite du football belge.
Généralement, les faiseurs de miracle se cherchent alors sur le banc de touche. Le Beerschot a eu la particularité de remporter le titre avec deux entraîneurs différents, le 3-4-3 audacieux et offensif de l’Autrichien Andreas Wieland laissant place à Dirk Kuyt, ancien international néerlandais et joueur de Liverpool au jeu bien plus pragmatique. La vérité, c’est que les deux coachs ont été mis dans la ouate par un homme resté bien à l’abri des projecteurs médiatiques, surtout au sud du pays: Gyorgy Csepregi.
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A la fin du mois d’août 2022, l’ancien joueur hongrois, passé par le Cercle, Roulers ou Knokke et resté en Belgique après sa carrière, a repris le poste de Sander Van Praet en tant que directeur technique du Beerschot. Ancien agent de joueurs, et notamment d’un Thibaud Verlinden bien installé dans la colonne vertébrale du onze anversois, Csepregi connaît le football et le marché. Des atouts précieux pour construire un noyau avec un budget de plus en plus réduit par le propriétaire, le groupe United World. Autre membre du groupe, le club français de Châteauroux ne pouvait ainsi recruter que des joueurs amateurs lors du dernier mercato de janvier. Avec une saison délicate comme conséquence logique. Et une admiration décuplée pour le travail réussi dans les couloirs du Kiel.
Au Beerschot, il faut remonter un an et demi dans le temps pour trouver la trace d’un transfert payant. L’ensemble du noyau a été construit avec 800.000 euros de transactions. Gyorgy Csepregi a donc fait la différence en ayant toujours un coup d’avance sur des profils inattendus, comme celui d’un Simion Michez sans avenir à Anderlecht mais précieux dans la chevauchée des Rats vers le titre.
Si le conte était une fable, sa morale serait sans doute la suivante: si les titres ne se gagnent pas toujours avec l’argent, c’est parce que les idées d’un bon directeur sportif peuvent valoir leur pesant d’or.
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