Le Roi Mehdi: l’histoire du nouveau boss du foot belge
D’un exil forcé lors de la révolution iranienne au sommet du football belge, le tout en moins de 40 ans. Mehdi Bayat est le nouveau Président de la Fédération. Entre omniprésence médiatique et relationnelle, diplomatie fine et gargantuesque, voyage ascensionnel à bord de l’Orient-Express de la politique du ballon rond.
Déambulant d’un stand à l’autre, en quête d’un dernier amuse-gueule pour se réchauffer le gosier entre deux gorgées alcoolisées, l’invité est forcément prestigieux. Au coeur de l’immense baie vitrée qui offre une vue de choix sur la pelouse la plus célèbre du Pays Noir, la guest-list ressemble à une bouillabaisse concoctée avec les plus gros poissons du football noir-jaune-rouge.
Un ancien coach champion de Belgique croise le plus gros salaire des prés nationaux, non loin de l’agent le plus influent du marché qui effleure du regard l’un de ses anciens clients favoris. Zèbres d’hier et d’aujourd’hui complètent un décor truffé de visages plus creusés par les années et moins connus des curieux. Leur siège au conseil d’administration de la Fédération offre un pouvoir confortable, qui se savoure à l’ombre des flashes.
La lumière est réservée au héros de la soirée. Mehdi Bayat reçoit à domicile pour fêter le terme de sa quatrième décennie d’existence, pour un anniversaire qui contraste avec ses habitudes. L’administrateur-délégué – que tout le monde appelle » président « , s’excusant ensuite poliment pour le lapsus – de Charleroi souffle généralement ses bougies quelques centaines de kilomètres plus au sud, en compagnie de son noyau zébré qu’il a l’habitude d’accompagner en stage.
La coutume est née alors que le commercial des années 2000 mêlait teint méditerranéen, chemise ouverte un ou deux boutons trop bas et catogan à mi-chemin entre Francis Lalanne et Karl Lagerfeld. Ni le temps qui augmente inexorablement la différence d’âge, ni celui qui réduit au fur et à mesure que l’agenda et les responsabilités gonflent, n’ont pu bouleverser la tradition.
» Mehdi, c’est un grand enfant du football « , dégaine Roman Ferber, ex-Carolo relancé à l’Union dans l’antichambre de l’élite. » Il aime sentir le foot, être proche de tout le monde. Même avant un match, il adore venir dans le vestiaire pour chauffer ses joueurs. » Quand le coup de sifflet final a retenti, la scène est devenue aussi récurrente que théâtrale. Pendant que la T4 du Mambour entonne des chants de victoire, l’homme fort du Sporting se fait désirer.
Au coeur du cercle formé par ses troupes, il attend que le vestiaire fasse monter les enchères. Fil rouge des premières années du projet carolo, Damien Marcq confirme : » Il est capable de venir et de t’annoncer une triple prime. Il nous l’a fait après des victoires contre Anderlecht ou Bruges. C’est un flambeur, et il aime bien se faire attendre à la fin des matches. Comme les stars. C’est son côté extravagant, mais aussi proche des joueurs. «
Confident du vestiaire lors de ses premiers pas dans le Pays Noir, avec une date de naissance qui l’aurait rendu plus crédible en tant que joueur que comme directeur commercial, Mehdi a tendu l’oreille pour écouter les problèmes de la vie en crampons. Le début d’une ascension qui s’est poursuivie au fil des ans, ajoutant progressivement aux chaussures qui s’enfoncent dans la pelouse celles qui glissent sur les tapis rouges.
Mehdi Bayat, la quarantaine à peine au stade de l’apéritif et un nom de famille qui donne de l’urticaire à une bonne partie du pays, vient de crever le plafond de la Maison de Verre pour s’asseoir sur le trône du football belge.
Par Guillaume Gautier et Nicolas Taiana
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