Le Maroc conquiert la Coupe du monde : le conte de fées en chiffres
La place du Maroc en demi-finale de la Coupe du monde peut être qualifié de véritable miracle. Il s’explique en très grande partie par la solidité défensive de Lions de l’Atlas plus à la peine sur le plan offensif.
Analysons les résultats obtenus par le Maroc au Qatar. Il a d’abord remporté un groupe qui comprenait la Belgique et la Croatie, vice-championne du monde, puis il a battu l’Espagne aux tirs au but avant de renvoyer le Portugal à la maison dans le sang, la sueur et les larmes grâce à une détente phénoménale et tête rageuse de Youssef En-Nesyri, désormais le meilleur buteur de l’histoire du Maroc en Coupe du monde.
La demi-finale est désormais le prochain obstacle des Lions de l’Atlas sur leur chemin vers un titre mondial qui serait absolument historique. Cette place dans le dernier carré est déjà inédite, puisque le Maroc est devenu le premier pays africain et arabe à se hisser à ce stade de la compétition. Les Lions de l’Atlas ont aussi atteint cet objectif d’une manière sans précédent. Par rapport au Cameroun de 1990, au Sénégal de 2002 et de Ghana en 2010, c’était la première fois qu’un sélectionneur national africain parvenait à emmener une nation du continent aussi loin dans une Coupe du monde. Tout le mérite en revient donc à Walid Regragui, qui n’a pourtant repris en main l’équipe nord-africaine que depuis le mois de septembre.
Depuis lors, les événements sont allés crescendo pour des Lions de l’Atlas qui n’ont perdu aucune des huit rencontres disputées sous la houlette de leur nouveau chef de meute. La défense marocaine s’est particulièrement montrée imperméable puisque son gardien n’a été repêché qu’un seul ballon au fond de ses filets au cours de cette période…. Un but contre son camp de Nayef Aguerd contre le Canada. Cependant, la statistique des « buts attendus » révèle une autre vérité puisque sans les prouesses de son dernier rempart Yassine Bounou, les Marocains auraient dû encaisser 4,74 buts.
En d’autres termes, la défense du Maroc se dresse telle une muraille. Lors des cinq rencontres jouées lors de cette Coupe du monde, l’arrière garde n’a concédé que neuf tirs cadrés. Seuls l’Uruguay, le Mexique et l’Équateur ont concédé moins d’opportunités franches dans le tournoi alors qu’ils ont été priés de plier bagage au terme du premier tour de compétition. On peut aussi effectuer un autre point de comparaison avec Kylian Mbappé. A lui seul, l’attaquant français a déjà cadré dix tentatives lors de ce Mondial au Qatar. Autre comparaison : Kylian Mbappé, à lui tout seul, a déjà tiré 10 fois entre les poteaux au Qatar.
Bounou, le meilleur gardien du tournoi ?
Pour être aussi performante défensivement, l’équipe marocaine peut s’appuyer sur des éléments de la trempe de Romain Saïss et Achraf Hakimi. Mais derrière eux, le gardien Yassine Bounou s’est déjà affirmé comme l’un des gardiens de but du tournoi. Lors des quatre matchs qu’il a disputés (il a manqué le duel contre les Belges en raison d’un souci apparu pendant les hymnes nationaux), il a gardé ses filets inviolés à trois reprises. Il est ainsi devenu le premier gardien africain à parvenir à cette performance dans l’histoire de la Coupe du monde. Au total, celui qui défend aussi les perches du FC Séville n’a dû réaliser que cinq arrêts dont une envolée impressionnante sur une tentative sortie du pied gauche de Joao Félix lors du quart de finale contre le Portugal.
Cela en dit long sur la défense incroyablement solide des Marocains. Cette dernière ne se laisse absolument pas bousculer, selon les statistiques. En effet, le Maroc se situe à 20,8 tacles en moyenne par rencontre. Seuls le Costa Rica et la Tunisie ont fait mieux pendant ce tournoi mondial au Qatar.
L’autre statistique frappante quand on analyse le Maroc est sans doute la suivante : les Lions de l’Atlas n’ont jamais dû courir après le score au cours de cette Coupe du monde, et ce, en ayant affronté des pays comme la Croatie, la Belgique, l’Espagne et le Portugal. Les autres demi-finalistes ne peuvent pas en dire autant. L’Argentine a couru 51 minutes derrière le score, la France 63 et la Croatie 120 minutes en tenant compte de la demi-finale contre l’Argentine.
Une attaque plus timide
Mais aussi performants défensivement que soient Bounou et compagnie, ils peinent nettement plus sur le plan offensif. Le Maroc n’a inscrit que cinq buts en autant de duels disputés et l’un d’entre eux a été signé par le défenseur central Saïss. Le fait que le pays d’Afrique du Nord l’ait emporté contre le Portugal, en quart de finale, peut presque être qualifié de miracle sur le plan statistique. En effet, les Lions de l’Atlas n’ont réussi que 15 passes dans la moitié de terrain des Portugais… A l’inverse, Bruno Fernandes et ses partenaires ont fait circuler le ballon 215 fois dans la moitié de terrain de leur tombeur. Et là où le Maroc récupérait le ballon en moyenne à 21 mètres de son propre but, le Portugal le faisait à 48 mètres, soit la ligne médiane.
Lors de cette Coupe du monde, les Marocains n’ont pas vraiment eu le pied sur le ballon. Leur possession moyenne n’est seulement de 31,6% et seul le Costa Rica a fait moins bien. Mais il faut aussi le dire, les Lions de l’Atlas ont déjoué les plans belges, espagnols et portugais, tous des pays qui aiment avoir un maximum de possession.
Bien sûr, si vous voulez marquer, vous devez aussi tirer beaucoup au but et c’est là que le bât blesse avec le Maroc. Avec seulement 7,8 tirs par match, le premier demi-finaliste africain de l’histoire fait tout juste mieux que le Qatar, l’Australie et le Costa Rica. Avec une moyenne de 309 passes par rencontre, le Maroc n’a pas beaucoup de possibilités de jeu. D’ailleurs, aucune autre nation présente au Qatar n’a fait moins bien. Alors, il suffit de dribbler, pense peut-être l’entraîneur national Regragui. Avec 7,2 dribbles par match, seuls quatre pays font mieux que la bande à Hakim Ziyech. Pourra-t-elle également dribbler la France ce mercredi soir ?
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