« Le jeu de Domenico Tedesco, c’est un bon mariage avec l’identité de la Belgique »

Notre journaliste Guillaume Gautier a analysé le jeu de Domenico Tedesco. Il répond à trois questions sur le nouveau sélectionneur des Diables.

  1. On présente souvent Domenico Tedesco comme un entraîneur laptop. L’est-il vraiment ?

C’est un entraîneur moderne, qui prend en compte un maximum de données à sa disposition pour préparer au mieux ses matches et ses joueurs. Est-ce que ça doit impliquer une étiquette de « coach data », souvent péjorative dans l’esprit de ceux qui l’emploient ? Je ne pense pas. Domenico Tedesco ne choisit pas son onze de base ou sa tactique en appuyant sur trois touches de son clavier. Par contre, il est évident qu’il s’appuie sur un maximum de ressources pour donner des bases objectives à son travail, comme le font la plupart des entraîneurs de la nouvelle génération. Remettre en question l’utilisation de la data dans le football actuel, comme elle est traitée et analysée au quotidien par la totalité des plus grands clubs au monde, c’est un débat absurde. Tous les bons entraîneurs, directement ou via des membres de leur staff, sont aujourd’hui des laptop coaches.

  • Entre Schalke, le Spartak et Leipzig, y a-t-il de grands points communs dans les idées de jeu de Domenico Tedesco ?

Il l’a déclaré lui-même, quand il a été interrogé sur son jeu à sa période à la tête de Leipzig : son idée, c’est qu’il faut s’adapter aux joueurs qu’il a entre les mains. Un fil rouge qui l’a fait évoluer d’un jeu de transition très musclé à Schalke vers un jeu de possession plus fluide à Moscou, par exemple. À Leipzig, il s’est un peu éloigné des principes très énergiques de la philosophie RedBull pour se rapprocher de ce qu’avait mis en place Julian Nagelsmann lors de son passage au club, à savoir un pressing moins systématiquement haut et une possession plus patiente et structurée.

Est-ce qu’on peut trouver des points communs entre ces trois expériences très différentes ? Je retiendrais l’usage très fréquent d’une base défensive à trois joueurs ; la capacité de mettre ses joueurs-clés dans de bonnes dispositions ; sa minutie défensive très proche de l’école italienne dans les moments d’organisation basse ou moyenne en zone ; et enfin sa lecture des matches souvent très juste avant, mais aussi après le coup d’envoi. Le meilleur exemple, c’est sans doute son match avec Schalke 04 face à l’Hoffenheim de Nagelsmann, où il change trois fois de système pour réagir aux adaptations faites par son adversaire et finalement s’imposer 2-1 en passant d’un 4-4-2 losange à un 3-4-3 puis un 5-2-1-2. À ce niveau-là, c’est un peu un caméléon, pour qui il est important que son équipe soit capable de s’adapter à tous les scénarios. Il est moins extrême dans ses idées que les coaches de l’école RedBull. Avec lui, le style se débat et se négocie. C’est un bon mariage avec l’identité de la Belgique, qui n’est affiliée à aucun style de jeu en particulier. Son idée majeure, c’est de trouver un plan qui augmente les chances pour son équipe de gagner chaque match. En ce sens, c’est un peu un pragmatique, sans pour autant être un frileux.

  • Quels seront ses grands défis à la tête des Diables rouges ?

Un peu comme il est parvenu à le faire avec Christopher Nkunku à Leipzig ou Leon Goretzka à Schalke, il faudra réussir à mettre dans les meilleures dispositions possibles son joueur-clé, à savoir Kevin De Bruyne. Tout ça en trouvant le bon équilibre entre une nouvelle génération intéressante et quelques anciens encore au-dessus du niveau de la relève à leur poste. L’exercice ne sera pas simple, il pourra s’appuyer sur les bases intéressantes installées par Roberto Martinez en possession du ballon, même si elles s’étaient étiolées avec le temps, mais devra surtout trouver un nouvel équilibre dans le jeu sans ballon et la hauteur de récupération, énorme chantier qu’on a pu constater de façon très claire sur les pelouses du Qatar.

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