Le grand bilan de la JPL (2/18) : l’Union, vertige et frissons
Ces prochains jours et prochaines semaines, nous allons dresser le bilan de la saison des 18 équipes de Pro League ainsi que leurs perspectives futures. Nous poursuivons ce tour de Belgique avec l’Union, le dauphin du FC Bruges qui a aussi terminé leader au terme de la phase classique. Retour sur une saison remplie de frissons, qui a longtemps permis aux supporter du Parc Duden de rêver à un épilogue de conte de fées.
Le résultat
Champion de D1B la saison dernière, l’Union a failli réussir une improbable passe de deux. Les Saint-Gillois ont confirmé, dans la foulée de Malines, d’OHL et du Beerschot, que les promus sont bien plus redoutables que prévu ces dernières années. Très longtemps et parfois largement en tête du championnat, rapidement qualifiés pour les play-offs, les pensionnaires du Parc Duden ont dépassé toutes les attentes, mais garderont sans doute éternellement le regret de ne pas avoir mené leur rêve jusqu’au bout.
Seulement battus à sept reprises cette saison, dont trois fois par les seuls champions brugeois, les Unionistes se sont payé le scalp du grand voisin mauve à quatre reprises, ont conclu la phase classique avec la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat, ne manquant que sur le fil la cerise à poser sur un impressionnant gâteau en tombant sur un Simon Mignolet de gala dans le sprint final. Plus qu’une euphorie prolongée, l’épopée ressemblait au statement d’un nouveau club qui compte sur l’échiquier national.
Le jeu
Taxé d’entraineur défensif pendant la majeure partie de son parcours au sein de l’élite, Felice Mazzù s’est-il offert une revanche éclatante en bouclant la saison bien au-delà des septante buts marqués ? Si son Union était avant tout solide, plus à l’aise quand elle pouvait se recroqueviller et laisser le ballon à l’adversaire, ce sont surtout ses mouvements offensifs qui ont marqué les esprits. Un côté gauche qui construit, en s’appuyant sur la technique de Loïc Lapoussin et le jeu dos au but du puissant Deniz Undav, et des courses à l’opposé, du sens aigu de la profondeur de Dante Vanzeir aux appels incessants de Bart Nieuwkoop. Les lignes de courses sont soignées et dévorées par un noyau aux airs de rassemblement de bolides. Les sprints en diagonale de Teddy Teuma et Lazare Amani ont perturbé l’essentiel des défenses du Royaume, sans même parler de la gestion de l’espace de Casper Nielsen, toujours au bon endroit avec un temps d’avance sur ses adversaires. L’Union, ce n’était peut-être pas un show de possession, mais c’était néanmoins un spectacle permanent de mouvements et de vertige.
Le joueur : Deniz Undav
Décisif à plus de trente reprises, Taureau d’or du championnat en ne donnant que rarement l’impression d’être égoïste, le buteur allemand a étalé une palette d’exception pour sa découverte de l’élite. Imprenable dos au jeu, omniprésent dans la surface adverse, Deniz Undav a l’assurance et le vice des attaquants qui font souffrir les défenseurs, au figuré et parfois au propre. Certains attaquants ne sont pas des buteurs, d’autres mettent des buts sans participer au jeu de leur équipe. Deniz Undav, lui, était tout à la fois cette saison.
Le jeune : Siebe Van der Heyden
Dans un pays en mal de défenseurs autant que de pieds gauches, Siebe Van der Heyden a tout du coup de coeur potentiel. Leader des célébrations après le coup de sifflet final, le défenseur passe les nonante minutes précédentes à étaler son registre : fiable et routinier défensivement, difficile à dribbler autant qu’à presser grâce à une belle technique à la relance, l’Unioniste est passé en quelques mois d’inconnu à Diable rouge. Le symbole d’une éclosion aussi tardive que fracassante.
Le chiffre : 8,71
Si on a beaucoup parlé de son duo d’attaquants, bon pour cinquante buts cette saison, l’Union a aussi brillé à l’autre bout du terrain, et pas seulement parce qu’Anthony Moris semblait être dans la forme de sa vie. Le trio arrière, emmené par un Christian Burgess devenu maître dans l’art d’anéantir les surnombres adverses, n’a laissé que des miettes aux idées offensives de ses concurrents. Avec 8,71 tirs concédés par rencontre, les Saint-Gillois sont la référence nationale en la matière.
Le futur
C’est l’histoire classique des inconnus qui vivent leur heure de gloire dans un club qui devient trop petit pour eux. Généralement, elle se poursuit par un exode massif une fois le rêve terminé. Malgré le soutien de ses riches propriétaires et les coups de pouce occasionnels de Brighton, l’Union ne devrait plus pouvoir compter sur Kaoru Mitoma et Deniz Undav, en route pour les Seagulls dès la reprise. Certains animateurs de la saison, Casper Nielsen en tête, pourraient également attirer les convoitises de clubs d’un standing supérieur.
L’Union pourra-t-elle conserver sa compétitivité malgré d’inévitables départs ? Le recrutement, irréprochable pour construire ce groupe, sera encore mis à rude épreuve pour permettre à Felice Mazzù de maintenir les Saint-Gillois dans le peloton de tête la saison prochaine. Du côté des dirigeants bruxellois, la volonté est évidemment d’éviter que cet exercice d’exception reste une anomalie dans le parcours unioniste, et de plutôt le voir comme l’impressionnante première pierre d’un projet bien décidé à se bâtir comme une nouvelle place forte nationale.
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