« Le foot féminin va devenir très important »
Le foot, c’est de la passion. Pour les femmes aussi. À intervalles réguliers, nous donnons la parole à l’une d’entre elles, branchée sur le sport. Cette semaine : Marie Verbeke (32), responsable de la communication au RSC Anderlecht.
« En principe, quand on a un nouveau boulot, on s’y fait petit à petit mais ici, vu les circonstances, ce n’était pas possible (elle sourit). Le nouveau rôle de Michael Verschueren, le licenciement de Hein Vanhaezebrouck, les arrivées de Pär Zetterberg et du nouveau directeur technique, Frank Arnesen… C’est beaucoup de choses en peu de temps.
Une attachée de presse doit surtout être là dans ces moments-là. Heureusement, je suis sur la même longueur d’ondes que la direction. Elle a compris que, dans les moments difficiles, mieux vaut continuer à communiquer pour garder une certaine emprise sur l’information. Car qu’on parle ou pas, les journaux rempliront des pages. De ce point de vue-là, Hein était très fort : il était toujours disponible pour la presse, et dans les deux langues, ce qui est très important ici. Cela enlevait de la pression aux joueurs.
Malgré une passe difficile au niveau sportif, les relations sont bonnes au sein du club. Je m’en suis aperçu dès l’entretien d’embauche. Je viens de la police ( Verbeke a été, pendant sept ans, attachée de presse de la zone de police de Bruxelles Sud, ndlr) et là, tout était plus hiérarchisé. Ici, à Neerpede, on se parle franchement et tout le monde s’appelle par son prénom. Je dis donc Marc et pas Monsieur Coucke.
Aujourd’hui, une fille qui joue au football, ça n’étonne plus personne. » Marie Verbeke
J’ai joué à Microob Veltem jusqu’à l’âge de 20 ans mais maintenant, je ne joue plus qu’en salle, le dimanche soir avec des amies, à Louvain. J’ai toujours été supportrice d’Anderlecht, même si je ne suis pas fanatique. On sent que ce club a une histoire. Même quand ça va moins bien, comme maintenant, nous restons le plus grand club. C’est pourquoi, dans nos bureaux, il y a beaucoup de références aux légendes du club : Paul Van Himst, Pär Zetterberg, Romelu Lukaku, ….
Pour les supporters aussi, ce passé compte beaucoup. Si nous annonçons sur les réseaux sociaux qu’ Enzo Scifo sera présent au stade, il y a beaucoup d’interaction. Pour ma part, je n’avais pas d’idole, j’avais juste une écharpe mauve et blanc au-dessus de mon lit. J’ai été une fois ramasseuse de balles lors de Belgique – Italie à l’Euro 2000. Ça m’a impressionnée : le Stade Roi Baudouin était plein et j’avais l’impression d’être le centre du monde.
Je pense que le foot féminin va devenir très important. Une fille qui joue au football, ça n’étonne plus personne. Maintenant, il faut rendre le produit plus attractif commercialement. Je me bats pour que notre équipe féminine attire davantage l’attention (nous sommes quand même championnes en titre) mais ce n’est pas moi qui vais grimper aux barricades. Ceci étant dit : trois des dix nommées pour le Soulier d’Or sont des joueuses d’Anderlecht. Vous ne voulez pas leur consacrer un sujet ? (elle sourit). »
Je ne sens pas que le monde du football me regarde différemment parce que je suis une femme. Je ne suis confrontée à cela que dans certains cas pratiques, comme lorsque je dois aller chercher un joueur ou l’entraîneur. Je ne peux pas entrer comme ça dans le vestiaire, hein ! La grande différence avec mon boulot à la police de Bruxelles, c’est qu’on ne doit pas faire beaucoup d’efforts pour alerter les médias. Ici, chaque communiqué de presse est repris.
Anderlecht est le seul club bilingue. Sur le plan commercial, c’est un énorme avantage mais cela engendre également plus de pression. À la police, j’ai eu la chance d’apprendre à gérer des informations négatives. J’ai dû tenir compte de la vie privée, du droit, des procédures, etc. En sport, c’est plus facile. À Anderlecht, je suis moins porte-parole car Marc et Michaël sont très accessibles pour les médias.
Ce job me permet de comprendre encore davantage combien le football est important pour beaucoup de gens, qui dépensent littéralement jusqu’à leur dernier euro pour acheter un ticket. Désormais, Anderlecht est aussi une grande partie de ma vie. Je contribue à faire monter la tension avant un match. Cela commence par la conférence de presse de l’entraîneur, des posts sur les réseaux sociaux… Et ça se termine avec les interviews d’après-match. Attachée de presse, c’est un job intense qu’on ne peut jamais vraiment mettre de côté. Mieux vaut donc aimer le football.
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