L’Union et le choix du poison: comment l’équipe de Karel Geraerts est devenue moins prévisible et plus dangereuse
Équipe en forme du moment dans le sillage du leader, la bande à Karel Geraerts bénéficie d’une panoplie qui la rend de moins en moins prévisible. Et toujours plus dangereuse.
En période de Soulier d’or, on oublie parfois que le football est un travail d’équipe. Sur le terrain, mais pas seulement. Alors qu’en début de saison, le départ de Felice Mazzù vers le voisin mauve pouvait faire craindre une perte de cet équilibre parfois si ténu qui permet les séries de victoires, l’Union est sortie plus forte d’un été mouvementé. Dans les déplacements comme dans les combinaisons, Karel Geraerts semble avoir rendu l’équipe moins caricaturale que sa version précédente, qui fonctionnait avec des circuits très marqués et des contre-attaques puissamment orchestrées. Pas seulement grâce à son travail tactique, mais aussi parce que ses dirigeants ont rempli son vestiaire de nouvelles têtes qui élargissent considérablement l’éventail des expériences potentielles. À l’heure de faire avaler son adversaire de travers, l’Union peut désormais choisir son poison.
Derrière, l’intelligence de jeu au-dessus de la moyenne de Christian Burgess permet de valider n’importe quel plan. Le Britannique n’est certainement pas le défenseur le plus rapide du championnat, mais sa lecture des trajectoires et sa faculté à être au bon endroit pour annihiler toute supériorité numérique potentielle de l’adversaire dans une zone dangereuse font des merveilles quand l’Union joue haut. En bloc bas, c’est avec encore plus de confort qu’il fait parler sa maîtrise des airs en compagnie de ses acolytes, souvent Ismaël Kandouss et Siebe Van der Heyden. Quel que soit le scénario que leur adversaire impose avec le ballon, les Saint-Gillois trouvent leur équilibre. Un préalable indispensable pour pouvoir choisir sans crainte la façon dont ils attaqueront.
Avec la balle, les départs de Kaoru Mitoma et Deniz Undav n’ont pas changé l’une des règles d’or de la saison dernière. Celle qui veut que de préférence, l’Union combine à gauche et court à droite. Pendant que Teddy Teuma s’associe aux qualités techniques de Simon Adingra ou Loïc Lapoussin, dans un triangle complété par les décrochages très bas du colossal Victor Boniface, les Unionistes attaquent l’espace libéré de l’autre côté du terrain et dans la profondeur grâce aux courses de Bart Nieuwkoop et Dante Vanzeir, remplacé par le profil très semblable de Yorbe Vertessen cet hiver pour encore pouvoir dévorer la profondeur.
Au-delà du plan initial, il y a donc eu les ajustements. Ceux qui ont rendu Teuma plus important avec le ballon, d’abord, l’installant plus souvent à la lisière de la surface adverse dans un système qui prenait parfois des airs de 3-4-2-1 quand Vanzeir se décalait sur le côté droit. Très présent dans les stats de son équipe, le capitaine maltais s’appuie sur la menace Lapoussin ou Adingra, généralement très hauts sur la gauche, pour trouver des zones plus larges pour respirer entre le couloir et l’axe du terrain. À ses côtés, les infiltrations de Lazare Amani et sa conduite de balle supersonique sont devenues un poison insoluble pour la plupart des équipes de l’élite.
Face à un tel panel de danger réparti sur toute la largeur du terrain, l’Union pouvait encore se heurter à des adversaires qui font le gros dos. Un amas de joueurs dans la surface capable de tenir le coup si l’organisation ne craque pas sur une phase arrêtée, souvent bien données et magistralement abordées par les grands gabarits, Burgess en tête. Dans ces cas-là, Geraerts ne s’est jamais privé pour faire appel à la dernière pièce du puzzle. Un Gustaf Nilsson qui tutoie les deux mètres et semble toujours savoir où se trouvent les filets. Supersub devenu buteur providentiel dans les joutes accrochées de janvier, le Suédois a gommé l’un des derniers points faibles de ses couleurs.
L’Union est-elle devenue imparable ? Il faut en tout cas remonter au 11 septembre dernier pour retrouver la trace d’une défaite saint-gilloise en compétitions domestiques. C’était contre Genk, passé devant au Parc Duden grâce à un but victorieux d’Ally Samatta au bout des arrêts de jeu. Depuis, entre la Coupe et le championnat, la bande à Karel a joué 18 fois, encaissé treize buts et gagné quinze matches. Les chiffres d’une équipe qui donne le vertige à celles qui la croisent sur le terrain. L’Union, elle, se contente d’aligner ses poisons. À l’adversaire de choisir sa meilleure chance de ne pas succomber. Souvent, en vain.
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