Le coup de blues de Chelsea : comment le club est pris en otage entre Abramovitch et les autorités britanniques
Depuis que Roman Abramovich a décidé de vendre Chelsea, le club connaît une grosse zone de turbulences et se retrouve pris entre deux feux sans certitude de pouvoir finir sa saison.
« Nous ne voulons pas qu’Abramovich s’enrichisse en vendant Chelsea. Il connaît Poutine, qui mène actuellement une guerre diabolique et barbare contre le peuple ukrainien. Notre gouvernement soutient le peuple ukrainien », déclarait Nadine Dorries, la ministre britannique des sports, qui ne souhaite manifestement pas que le propriétaire russe des Blues profite d’un éventuel bénéfice de la revente de son club de football.
Le gouvernement britannique a donc gelé toutes les avoir de Roman Abramovitch, y compris ceux de Chelsea. L’oligarque russe avait affirmé que les bénéfices d’une vente de Chelsea permettrait de soutenir les victimes de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. « J’ai demandé à mon équipe de créer une fondation caritative à laquelle sera reversé le produit net de la vente. La fondation bénéficiera à toutes les victimes de la guerre en Ukraine », avait déclaré le propriétaire de Chelsea.
Le ministre britannique de la Sécurité, Damian Hinds, s’est montré sceptique quant aux intentions d’Abramovitch. Selon lui, les recettes ne seront pas toutes versées aux familles ukrainiennes. Le produit net d’une vente peut être défini de différentes manières. Un porte-parole important a affirmé que l’argent sera remis à toutes les victimes de la guerre, quelle que soit leur origine. « Il se pourrait donc bien que cet argent aille aux citoyens russes et à leurs familles », a rapporté The Guardian.
Seulement les abonnés
Chelsea a obtenu une licence spéciale afin de pouvoir poursuivre sa gestion quotidienne, mais les conséquences de la décision du gouvernement britannique sont lourdes de conséquences pour le tenant du titre de la C1. Abramovich peut oublier une vente pour le moment. Tous les transferts et toutes les prolongations de contrat ont été mis en attente. Cela signifie que les défenseurs Antonio Rüdiger, César Azpilicueta et Andreas Christensen se rapprochent d’un départ l’été prochain.
En outre, la vente de billets et le merchandising ont été interrompus, ce qui signifie que seuls les abonnés peuvent assister aux matches. De même, les frais de déplacement ont été limités à 20 000 £.
Abramovitch a déjà fait ses adieux
Depuis qu’Abramovitch a annoncé le 26 février dernier qu’il se retirait de Chelsea, le club londonien a connu des hauts et des bas. Au départ, le Russe a déclaré qu’il resterait propriétaire et que « rien ne changerait ».
Quelques jours plus tard, Abramovitch a changé son fusil d’épaule. Dans une annonce officielle, il a déclaré qu’il allait vendre complètement le club. La raison de revirement ? Le milliardaire fait l’objet d’une pression croissante de la part du parlement britannique qui le menace de sanctions en raison de ses liens étroits avec Vladimir Poutine et le Kremlin.
En particulier, Keir Starmer, le leader du parti travailliste, qui a demandé de punir rapidement Abramovich. Lors d’une séance au Parlement, il a demandé au Premier ministre Boris Johnson pourquoi il n’avait pas encore convoqué le propriétaire de Chelsea sur le banc des accusés. Johnson a répondu de manière timide, en déclarant qu’il n’était pas approprié de commenter les cas individuels à ce stade.
Roman Abramovich a affirmé que la décision de vendre Chelsea était « incroyablement difficile ». « Je suis peiné de dire au revoir au club de cette façon », a-t-il dit. « Cependant, je pense que c’est dans l’intérêt du club. J’espère pouvoir me rendre à Stamford Bridge une dernière fois pour vous dire au revoir en personne. Ce fut un privilège de faire partie du Chelsea FC et je suis fier de toutes nos réalisations ensemble. Le Chelsea Football Club et ses supporters seront toujours dans mon coeur ».
Des sentiments mitigés
Parmi les fans de Chelsea, les sentiments étaient mitigés. Ils étaient tristes qu’Abramovitch veuille s’en aller après presque deux décennies de règne, mais ils éprouvaient aussi une forme de gratitude envers leur mécène. Après tout, c’est grâce au que Chelsea est passé du statut de club moyen anglais à l’un des plus performants au monde.
Cette gratitude a été exprimée de manière inappropriée le week-end dernier avant le déplacement à Burnley. Lors des applaudissements pour soutenir les victimes ukrainiennes avant le coup d’envoi de la rencontre, les fans de Chelsea ont scandé le nom d’Abramovitch.
Dans l’interview suivant le coup de sifflet final de ce duel, Thomas Tuchel, l’entraîneur de Chelsea, a condamné le comportement des supporters. « À ce moment-là, nous devions faire preuve de solidarité envers la situation en Ukraine. Ce n’était pas le moment pour d’autres messages »., a estimé le technicien allemand des Londoniens.
Un club qui a vécu largement au-dessus de ses moyens
Lorsqu’Abramovitch a acheté Chelsea en 2003, il était déterminé à écrire une success story dans le nord de Londres. Il a réussi son pari avec brio puisque près de deux décennies plus tard, les Blues possèdent un palmarès impressionnant. En 20 saisons, ils ont remporté cinq Premier League et la FA Cup. Sous le règne de l’oligarque russe, Chelsea a également remporté deux fois la Ligue des Champions.
Pour obtenir ces succès, le Russe a mis la main au portefeuille. Il a prêté plus de 1,5 milliards de livres pour réaliser des transferts de premier ordre et proposer des salaires monstrueux. Abramovitch ne demande pas le remboursement immédiat de cet argent, ce qui montre son attachement sincère à Chelsea.
Mais qu’en est-il de l’avenir de Chelsea sans l’oligarque russe ? Un initié du club a confié à The Athletic qu’il voit l’avenir du club londonien en noir. « Chelsea a vécu largement au-dessus de ses moyens comme en atteste l’immense dette accumulée envers Roman Abramovitch. Avec un nouveau propriétaire à sa tête, aussi riche soit-il, la politique de gestion ne sera sans doute pas la même. Le modèle du club doit changer et ce dernier doit devenir plus autonome. »
Business as usual
Difficile d’affirmer avec certitude à quoi ressemblera le futur de Chelsea. Après la victoire 1-3 sur la pelouse de Norwich, Thomas Tuchel parlait « des affaires courantes ».
« Parfois, ça aide d’avoir un calendrier fixe et d’avoir des certitudes. Cela vous apporte une structure et de la sécurité. Vous déjeunez ensemble, vous participez à des réunions. Bien sûr, nous avons ressenti l’agitation autour des sanctions qui vont frapper le club, mais nous avons accepté la situation grâce à notre passion et notre amour pour le sport que nous pratiquons.«
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