Le “Clasico” Anderlecht-Standard risque d’être le pire match de la saison: la preuve en chiffres
Le Standard attaque peu, Anderlecht attaque mal: un « Clasico » soporifique entre deux des clubs emblématiques du championnat est un scénario plus que probable.
Ceux qui aiment voir des buts ne sont pas les plus prompts à se poser devant un match du Standard d’Ivan Leko. Contestataire par rapport à la qualité offensive à sa disposition depuis son arrivée à Sclessin, le coach croate s’est en effet retranché derrière un plan plutôt minimaliste. Son Standard défend, presque sans arrêt, et ne fait pas vraiment autre chose. Après neuf journées de championnat, les Rouches ont donc la particularité d’être à la fois la pire attaque et la meilleure défense du championnat, avec cinq buts marqués et autant de buts encaissés. En plus, trois des roses liégeoises ont été plantées sur penalty. Même en termes d’occasions créées et concédées, le club des bords de Meuse est plutôt avare en spectacle: avec 8,2 expected goals créés et 11,1 concédés (NDLR: les expected goals sont la valeur accordée à une tentative au but, entre 0 et 1, en fonction de la probabilité de la voir finir au fond des filets), les spectateurs des matchs du Standard n’ont assisté qu’à une moyenne de 2,14 xG par rencontre. Seuls ceux qui ont assisté à tous les duels disputés par OHL (2xG par rencontre) ont moins souvent vibré à l’approche des filets, offensifs ou défensifs.
Dans tous les secteurs, les chiffres du Standard sont ceux d’une équipe allergique aux matchs ouverts. Personne n’a essayé moins souvent de dribbler que les 99 tentatives liégeoises cette saison, ou n’a un plus faible pourcentage de tirs cadrés que les 21% affichés par les Rouches. Ivan Leko, pourtant réputé pour son football offensif et son amour du ballon lors de ses passages à la tête de Saint-Trond, de Bruges puis de l’Antwerp, semble avoir radicalement modifié son approche: avec 39,1% de possession de balle, son Standard est l’équipe qui garde le moins souvent le ballon sur les pelouses belges cette saison. Les 3344 passes tentées en neuf rencontres (soit une moyenne de 371,6 par match) sont également le total le plus faible de l’élite nationale à l’approche du premier tiers de la phase classique.
Robuste défensivement avec ses 11,1 xG concédés qui le placent dans le top 6 des équipes qui concèdent le moins d’occasions du championnat, le Standard peut en outre compter sur la maladresse des attaquants adverses (ils n’ont enduré «que» 9,6 Post shot expected goals, valeur qui mesure la qualité de la destination de la frappe alors que les xG évaluent celle de son point de départ) et sur un Matthieu Epolo en état de grâce et déjà auteur de six clean-sheets en neuf sorties cette saison. Suffisant pour engranger douze points malgré une production offensive famélique, incarnée par un dernier chiffre: le Standard n’a touché que 830 fois le ballon dans le tiers offensif du terrain. C’est, une fois encore, le total le plus faible de Jupiler Pro League.
Anderlecht attaque plus, pas mieux
A l’autre extrémité de ce classement des ballons joués dans le tiers offensif du terrain, on trouve Anderlecht et ses 1793 ballons joués. Les Mauves se présentent avec l’allure d’une équipe plus dominante. Une image confirmée par une possession de balle moyenne située à 58% et donc sur le podium du championnat derrière Genk et Bruges, ou un total de 102 ballons passés vers le rectangle adverse (deuxième de JPL).
Pourtant, les neuf buts marqués par les Bruxellois n’en font que la onzième meilleure attaque de l’élite, à égalité avec leurs voisins de l’Union Saint-Gilloise. Si les pensionnaires du Parc Duden sont l’équipe la moins réaliste offensivement de Jupiler Pro League depuis le début de la saison (onzième meilleure attaque avec la quatrième meilleure production d’occasions), le Sporting n’est que huitième en termes de production offensive, et donc plus proche de son véritable nombre de buts inscrits.
Souvent, Anderlecht brille donc par une domination stérile. Les Mauves n’ont d’ailleurs tiré que 127 fois au but malgré leurs 1793 ballons touchés dans le tiers offensif, soit un rapport d’un tir pour 14,1 ballons joués dans la zone offensive du terrain. Cela fait d’eux l’équipe la moins menaçante du championnat quand elle se retrouve aux abords de la surface adverse, loin des autres formations à la possession importante que sont Genk (un tir pour 9 ballons joués dans le tiers offensif) ou Bruges (un tir pour 8,9 ballons).
Le «Clasico» de la dixième journée de championnat opposera donc l’une des équipes les moins offensives du championnat à l’une de celles dont les offensives sont les plus stériles. Des ingrédients loin de garantir un duel spectaculaire sur la pelouse du Lotto Park.
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