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Le casse-tête du dernier rempart néerlandais de Louis van Gaal
Depuis l’Euro 2021 et la blessure du vétéran Maarten Stekelenburg qui défendait les perches oranje, Louis van Gaal peine à trouver un numéro 1 puisqu’il a déjà titularisé quatre gardiens différents sans être convaincu par un en particulier. Le Pélican a même engagé un entraîneur issu du volleyball histoire d’apporter d’autres aptitudes à ses derniers remparts. Ce qui a fait une victime de marque dans le noyau néerlandais.
Si la question du numéro 1 entre les perches des Diables rouges ne se pose plus depuis déjà dix ans et l’émergence de Thibaut Courtois, devenu depuis lors le meilleur gardien du monde, elle est plus que jamais d’actualité chez nos voisins du nord qui ne savent pas encore avec certitude qui défendra les filets oranje pour la réception de la Belgique ce dimanche soir. Et encore moins, pour le prochain rendez-vous entre les meilleures nations du monde du côté du Qatar.
S’ils ont compté quelques gardiens de grande classe dans leur histoire, comme Jan Jongbloed, Hans van Breukelen ou le deuxième joueur le plus sélectionné du pays, Edwin van der Sar, leur tradition pour ce poste si spécifique n’est pas aussi ancrée que dans notre Royaume. Les Pays-Bas possèdent indéniablement plus de joueurs qui ont marqué l’histoire du foot que la Belgique, mais ceux-ci sont avant tout des éléments offensifs. De Johan Cruyff à Marco van Basten en passant par Dennis Bergkamp ou Ruud Gullit pour n’en citer que quelques uns d’une liste bien longue.
Lors du dernier Euro, c’est un vétéran de quasiment 40 ans, Maarten Stekelenburg, qui défendait le temple oranje. Un homme qui n’a pourtant pas toujours fait l’unanimité en équipe nationale. Voilà qui résume en partie le problème que nos voisins rencontrent à ce poste clé depuis près d’une décennie. Surtout que lors de la campagne qualificative, c’est un autre portier, Tim Krul, qui a défendu les cages pendant la majorité des rencontres. Stekelenburg a donc endossé les gants du numéro 1 juste avant l’Euro, profitant sans doute aussi de l’absence pour cause de covid de Jasper Cillessen. Le troisième gardien lors de ce championnat d’Europe était l’ancien de Genk, Marco Bizot, qui défend aujourd’hui les couleurs du Stade Brestois en Ligue 1.
Cillessen, meilleur gardien actuel d’Eredivisie
Maarten Stekelenburg s’est blessé à l’aine à la fin août de l’année 2021 et a été écarté des terrains jusqu’à avril dernier. Depuis lors, il n’a pas repris sa place à Amsterdam où il est désormais barré par Remko Pasveer, un homme à peine plus jeune et qui figure désormais dans la sélection de Louis van Gaal pour ces rencontres de Ligue des Nations. Pasveer n’a jamais été une valeur sûre dans la compétition néerlandaise malgré 272 duels en Eredivisie, un total relativement faible pour un joueur toujours actif à bientôt 39 ans. On ne recense que dix saisons sur une carrière de quasiment 20 ans où il a disputé plus de trente matches en une saison. Et deux d’entre elles l’ont été en Jupiler League, qui n’est pas notre championnat belge, mais la deuxième division néerlandaise.
Le désormais gardien numéro 1 de l’Ajax a le mérite de la longévité, surtout qu’il a aussi résisté au retour du Camerounais André Onana (désormais à l’Inter), pourtant titulaire indiscutable dans le club-phare des Pays-Bas avant une suspension pour dopage de neuf mois. Pourtant Pasveer a manqué onze rencontres d’Eredivisie lors de la saison écoulée à cause d’un doigt fracturé.
Alors que les chances de voir van Gaal désigner Pasveer comme titulaire lors des deux prochains duels paraissaient faibles, le Pélican a pris tout le monde de court en alignant le joueur de l’Ajax contre la Pologne ce jeudi. Cela ne garantit pas pour autant sa présence contre la Belgique, comme l’a d’ailleurs prouvé le rassemblement néerlandais au mois de juin pour les quatre premières rencontres de Ligue des Nations.
Les cages avaient été défendues à tour de rôle par Mark Flekken et Jasper Cillessen. LVG connaît ce dernier depuis longtemps puisqu’il était son titulaire lors du Mondial 2014, alors qu’il officiait pour la deuxième fois de sa longue carrière sur le banc des Pays-Bas.
Cillessen, aujourd’hui âgé de 33 ans, est revenu au pays cet été après six années passées en Espagne où il n’a même pas disputé 100 rencontres (90 au total dont 32 pour le Barça et 58 pour Valence). La dynamique de NEC, son club formateur, qu’il vient de retrouver n’est pas réjouissante avec une onzième place au classement. Cependant, après 7 journées, le Nijmegen Eendracht Combinatie est la meilleure défense de la compétition néerlandaise, à égalité avec l’Ajax, l’AZ et Twente. Cillessen n’est évidemment pas étranger à cela. Il affiche d’ailleurs une moyenne de 5,3 arrêts en six rencontres avec NEC. Trois sont effectués dans sa surface de réparation et 2,3 en dehors des seize mètres. Un seul autre gardien en Eredivisie égale ces stats actuellement: le Serbe Filip Stankovic de Volendam. Andries Noppert, appelé surprise de la dernière sélection compile pour sa 3,4 arrêts et Pasveer, seulement 2,3. Mais forcément, ce dernier évolue aussi au sein de l’équipe la plus forte de la compétition.
C’est pour cela que le numéro 1 contre la Pologne effectue, en contre-partie, plus de passes (34,9 par match) que Cillessen (30,2). Ce dernier n’occupe que la 13e place dans le championnat néerlandais, juste derrière Noppert (31,1). Le leader du classement est Michael Verrips, un ancien portier passé par Malines, qui effectue plus de 40 passes en moyenne. Son nombre d’arrêts par rencontre n’est que de 3,1, ce qui explique que Groningen se trouve à hauteur de NEC au classement général. Verrips se montre plus précis dans le jeu long que Noppert puisqu’il réussit en moyenne 9,6 passes longues pour 7,6 au portier d’Heerenveen. Ce dernier en rate 12,1 pour 11 au joueur de Groningen. Cillessen n’est pas spécialement le plus brillant avec ses pied puisqu’il réussit à peine 7 longues passes pour 11 ratées. Il joue généralement plus court, sans doute l’influence de l’Ajax et du Barça (11,3 passes en moyenne), mais en rate 0,5. Ce qui est nettement moins bon que Pasveer et ses 19,9 passes courtes réussies pour 0,1 ratées en moyenne.
Tous ces chiffres mis bout à bout lui confèrent une meilleure moyenne statistique que ses rivaux en Eredivisie. Ils démontrent aussi que Jasper Cillessen n’est pas revenu Outre-Moerdijk sans ambition et son retour est un véritable plus à l’image de celui d’un Simon Mignolet lorsqu’il a signé avec le FC Bruges en 2019.
En Bundesliga, Mark Flekken effectue moins d’arrêts par rencontre avec 3,7 « saves » en moyenne. Cela le place cependant au cinquième rang de ce classement, loin derrière un trio composé de Michael Riemann (Bochum, 6,3 arrêts par match), Yann Sommer (Borussia Mönchengladbach, 5,7) et Rafal Gikiewicz (Augsbourg, 5,3). Flekken devance cependant des gardiens de la trempe de Gregor Kobel (Borussia Dortmund), Manuel Neuer (Bayern Munich) ou de notre compatriote Koen Casteels (Wolfsburg).
Au niveau des passes, le portier des Breisgau-Brasilianer occupe le 7e rang de la compétition allemande avec 38,4 passes effectuées par match. Yann Sommer avec 53,6 passes est le plus actif, mais Flekken adresse en moyenne trois passes de plus que Manuel Neuer. Sur les ballons joués longs (11 en moyenne qui arrive à destination), le Néerlandais est même troisième dans les parages de Koen Casteels mais il en rate pratiquement le double. Il ne joue en revanche que 16 passes courtes par partie, loin des 34,7 d’un Sommer. On voit donc Flekken se distingue des ses concurrents en équipe néerlandaise par la plus grande qualité de son jeu long au pied.
Trois gardiens différents depuis l’Euro
Depuis son troisième retour sur le banc de la sélection néerlandaise, Louis van Gaal a titularisé quatre gardiens différents. C’est d’abord Justin Bijlow, le portier de Feyenoord, qui a bénéficié de ses faveurs et a été aligné à six reprises. Il a ensuite été opéré au pied au mois de mars dernier et n’a pas été appelé lors du rassemblement de juin. Même s’il est désormais opérationnel, cela n’a pas suffit pour être convoqué par LVG. Il paie plus que probablement sa mauvaise prestation au Montenegro, où les Oranje avaient vu leurs adversaires remonter un retard de deux buts. Sur le premier but, Bijlow rate quelque peu sa sortie et semble très lent à la détente sur l’égalisation. Le gardien a beau s’être rattrapé en club en aidant Feyenoord à se hisser en finale de la Conference League, cela ne suffit manifestement pas pour retrouver la confiance du Pélican.
En ce début de saison, le portier du club de Rotterdam s’est retourné à neuf reprises en 7 rencontres de championnat. Il n’est que le 18e gardien en termes d’arrêts effectués avec seulement 2,4 en moyenne par duel. Il ne donne aussi que 22 passes en moyenne depuis la reprise du nouvel exercice. Dixième gardien en moyenne de sa compétition, Bijlow ne présente pas les arguments dont Louis van Gaal a besoin aujourd’hui.
Cinq jours après cette funeste rencontre au Monténégro, c’est Cillessen qui se voit confier la garde du temple néerlandais contre la Norvège. En mars, Cillessen est blessé au mollet et c’est Mark Flekken, qui réalise alors une grande saison entre les perches de Fribourg dans le championnat d’Allemagne, qui est titularisé contre le Danemark que les Néerlandais battent 4-2. Il enchaînera ensuite avec la joute amicale contre l’Allemagne (1-1).
En juin, Jasper Cillessen est de retour dans le noyau et van Gaal décide que ses deux gardiens seront titularisés chacun lors de deux rencontres. Ils joueront une fois chacun contre le pays de Galles alors que le dernier rempart de NEC sera aligné lors de la large victoire contre la Belgique et celui de Fribourg lors du partage concédé contre la Pologne.
L’obsession des tirs au but de van Gaal
Si Louis van Gaal n’a pas encore trouvé son dernier rempart idéal, c’est sans doute parce qu’il recherche un profil bien spécifique. Et pour comprendre les critères exigés pour ce dernier, il faut se replonger dans le règne « brésilien » du Pélican. A l’époque, en 2014, c’est Jasper Cillessen, gardien indétrônable de l’Ajax, qui officie entre les perches Oranje. Il est doté de grandes qualités malgré ses 25 ans, sauf une, celle d’être efficace sur les pénalties et autres tirs au but.
Lors du quart de finale de l’édition brésilienne du Mondial, le sélectionneur néerlandais tente un pari fou désormais entré pour la postérité dans l’histoire de la compétition. Juste avant la séance de tirs au but contre le Costa Rica, il remplace Cillessen par Tim Krul, plus habile face aux tireurs se présentant aux onze mètres. Le gardien de Newcastle détourne deux tentatives des Ticos, devient le héros de la soirée et offre le dernier carré aux Oranje. Van Gaal a réussi ce pari qui lui trotte encore en tête huit ans plus tard.
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« Je suis à la recherche du meilleur gardien pour arrêter des penalties », expliquait Le Pélican lors de ce rassemblement. « Nous testons donc tous les gardiens de but car je suis toujours à la recherche des petits avantages et c’est pourquoi j’accorde une attention particulière à cette question. Nous avons vu par le passé que les tirs au but jouent un grand rôle en Coupe du monde », argumente van Gaal qui compte bien inscrire quatre derniers remparts dans sa liste des 26 pour le Qatar, pour autant que la FIFA lui permette de prendre autant de joueurs pour cette position. « Je ne suis pas encore sûr parce que la FIFA ne nous a pas donné de clarté sur cette question, mais je pense qu’il est logique de le faire », détaille le sélectionneur néerlandais.
Un spécialiste du volley engagé pour améliorer les tireurs et les gardiens sur les tirs au but
Pour préparer au mieux ses « quatre fantastiques » à ces fameux tirs au but qui jouent avec les nerfs de tant de joueurs, l’ex-entraineur de l’Ajax et Manchester United a embauché Peter Murphy, un ancien joueur et entraineur de volleyball, selon une révélation faite par le quotidien espagnol Marca. Il aura pour objectif d’améliorer l’exécution des tirs mais aussi la position et la technique d’arrêts des gardiens lors des pénalties. Et l’une des victimes de cette décision est paradoxalement Tim Krul. Le portier, qui évolue aujourd’hui à Norwich, ne sera plus sélectionné par Louis van Gaal à l’avenir et manquera donc la prochaine Coupe du monde. La raison ? Il a refusé de participé au test proposé par le staff néerlandais pour déterminer qui serait le meilleur pour affronter une éventuelle séance de tirs au but. « Tim m’a appelé pour me dire que ce test, il l’avait déjà en quelque sorte passé (Au mondial 2014, ndlr.). Je peux le comprendre, mais dans ce cas, il ne sera pas sélectionné. C’est dommage. Non, il n’ira pas au Qatar. C’est une conséquence de sa décision », a expliqué un LVG, toujours aussi inflexible dans ses décisions malgré le poids des années.
La mission de Peter Murphy concernera aussi les éventuels tireurs qui seront préparés à « embarrasser » leur adversaire. Van Gaal a compris tout l’aspect mental et psychologique d’une séance de tirs au but, ce qui explique l’intérêt de sa démarche. Il n’aura pas non plus manqué de remarquer que les finales du dernier Euro et de l’Europa League s’étaient jouées à la faveur de ces tirs aux onze mètres. Il aura sans doute constaté que les tireurs entrés en cours de jeu dans l’optique de cette séance si particulière n’auront pas spécialement répondu aux attentes. Un point de travail en plus pour le nouvel entraîneur spécifique ?
Il reste désormais encore un match contre la Belgique pour que Louis van Gaal décide du nom de celui qui défendra les perches oranje lors de la prochaine Coupe du monde. A moins que le Pélican ne surprenne son monde en désignant son numéro 1 en fonction de l’adversaire ou de l’éventualité d’une séance de tirs au but. A 71 ans, ce serait son dernier tour de malice avant de tirer sa révérence.
Trois gardiens différents sur les cinq derniers tournois internationaux ?
La Belgique a aligné Thibaut Courtois sur deux Coupes du monde (et bientôt trois) et deux Euros. La France compte sur les services d’Hugo Lloris depuis la Coupe du monde 2010. Ce sera son quatrième rendez-vous mondial en plus de trois championnats d’Europe pour celui qui défend les cages de Tottenham en club. L’Allemagne s’appuie, elle aussi, sur les talents de Manuel Neuer depuis la même période que Lloris.
Les Pays-Bas n’ont certes pas connu les mêmes calamités gantés que l’Angleterre avant que cette dernière ne mette la main sur un Jordan Pickford qui répond présent sans commettre trop d’erreurs grossières, à défaut d’époustoufler les observateurs par ses talents. Il n’empêche, depuis 2008, nos voisins du nord n’ont jamais eu un dernier rempart fixe pour défendre leurs cages. En 2008, Edwin van der Sar était le numéro 1 pour la dernière fois de sa carrière à rallonge.
Lors de la Coupe du monde en Afrique du sud et de l’Euro qui suivra, c’était Maarten Stekelenburg qui officiait entre les perches et les Oranje s’offraient une finale inattendue. Deux ans plus tard, au Brésil, c’est Jasper Cillessen qui était le numéro 1 de Louis van Gaal, même si Krul effectuait une pige pour les tirs au but en quart de finale. En 2016, les Néerlandais ne s’invitaient pas au tournoi européen, avant de connaître la même mésaventure en 2018. A cette époque, ni Cillessen, ni Stekelenburg n’étaient titulaires assurés dans leurs clubs respectifs du FC Barcelone et d’Everton. Et il faut admettre que les Pays-Bas n’avaient pas brillé défensivement lors de leurs rencontres qualificatives, peu aidés par des derniers remparts n’affichant pas le maximum de confiance.
Cette année, un nouveau nom pourrait revêtir le numéro 1 au Qatar.
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