L’avocat de Dejan Veljkovic se lâche sur le Footgate: « Mon client n’a pas à payer l’addition tout seul »
La semaine prochaine, la Chambre des mises en accusation d’Anvers se prononce sur le contrat passé en échange d’informations dans le dossier Mains Propres. De son côté, l’ancien agent Dejan Veljkovic a cloué la moitié du football belge au pilori.
Cinq ans de prison avec sursis, une amende de 80.000 euros, toujours avec sursis, et la confiscation de l’argent illégalement acquis. C’est la sanction qu’a négociée l’avocat Kris Luyckx avec le parquet fédéral en 2018, au nom de son client, Dejan Veljkovic. En échange, l’ancien agent s’engageait à révéler des éléments substantiels et complets dans le dossier Mains Propres, le scandale qui a mis à jour les malversations et le match-fixing sévissant au sein du football professionnel belge.
La semaine prochaine, et pour la première fois, un juge va se prononcer sur le memorandum, comme on appelle ce deal en jargon judiciaire. Les déclarations de Veljkovic n’auront de valeur qu’une fois confirmées par le juge. Luyckx semble aborder ce jugement avec sérénité : « Nous possédons un dossier solide, après 47 interrogatoires et les quelque 200 heures durant lesquelles nous avons assisté Veljkovic. »
Certaines personnes ou entités impliquées, comme la Fédération de football, pourraient réclamer de fortes sommes.
KRIS LUYCKX : Comme l’État belge et tous ceux qui s’estiment lésés. Mais il est aussi possible que des parties civiles ne soient pas exemptes de reproches. Il est donc difficile de dire que Veljkovic doit payer l’addition tout seul. Nous devons nous montrer disposés à accepter les indemnités que le tribunal décidera d’accorder. Mais nous pouvons encore contester beaucoup de choses avant d’en arriver là.
Vous donnez l’impression que la Fédération aurait mieux fait d’attendre la procédure pénale avant de lancer sa procédure disciplinaire.
LUYCKX : C’est sans doute ce que j’aurais fait.
Il aurait alors fallu attendre six ou sept ans et la plupart des personnes impliquées auraient quitté les clubs.
LUYCKX : La Fédération attend bien pour le volet financier. Les malversations qui vont être révélées sont moins tangibles, mais nettement plus conséquentes. Il s’agit de pure falsification de la compétition. Les clubs qui se sont livrés à ces pratiques n’avaient tout simplement pas assez d’argent pour évoluer à un certain niveau. Si on avait découvert une fraude de cette envergure dans le secteur du bâtiment, par exemple, ces sociétés auraient été fermées. Ça ne se passe pas en football. L’URBSFA ne fait rien du tout.
En cas de blanchiment d’argent, on pourrait par exemple refuser leur licence aux clubs fautifs. La Fédération peut toutefois estimer que les clubs doivent d’abord être condamnés. Les conditions d’octroi de la licence comportent des clauses.
LUYCKX : Les clubs qui introduisent un dossier doivent confirmer sa véracité en le signant. On va bientôt dévoiler que beaucoup de clubs avaient une comptabilité en noir. Vous pouvez donc en déduire que ces clubs, dans le passé, ont injustement obtenu leur licence. Nous avons les outils nécessaires, mais l’URBSFA est une association de clubs. Le chien voudra-t-il mordre la main qui le nourrit ?
Découvrez cette interview en intégralité dans notre magazine de la semaine, dispo dès demain en librairie.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici