L’arme secrète de l’Union : Nieuwkoop, le cours d’appels
Dans le sprint final pour le titre, focus sur un atout trop peu évoqué de chaque candidat au sacre. À l’opposé des circuits de passes préférés de l’Union, rencontre avec Bart Nieuwkoop.
Si le football des années vingt aime exiger l’omniprésence autant que la polyvalence, les gradins gardent toujours un faible pour les joueurs d’apparitions. On les reconnaît à leur air nonchalant, presque absent. Aux longs moments qu’ils passent sur la pelouse comme des promeneurs dominicaux, déconnectés et insouciants. Au murmure qui s’élève des tribunes quand ils reçoivent enfin la balle, parce qu’il devrait alors se passer quelque chose. Parce qu’ils ont les jambes agiles et les pieds dorés. C’est le temps de l’imprévisible. Celui où les ailiers sont comme des gardiens, souvent spectateurs puis soudain amenés à faire un miracle. Que la frappe trouve la lucarne ou les tribunes, ils disparaissent ensuite. Jusqu’à la prochaine fois. Bart Nieuwkoop n’apparait pas souvent. C’est sans doute son seul point commun avec cette race de joueurs à part.
Le Néerlandais de l’Union est un phénomène d’une autre espèce. L’activité incessante de ceux qui demandent sans cesse le ballon, et surtout l’énergie de recomposer sans cesse le numéro de ses coéquipiers malgré des appels auxquels on ne répond presque jamais. Invariablement, Nieuwkoop retourne dans les starting-blocks, comme s’il ne s’agissait que d’un faux-départ. Parce qu’à un moment, le ballon finira bien par arriver.
Si ce n’était pas le cas, comment expliquer que l’ancien de Feyenoord affiche aujourd’hui quatre buts et huit passes décisives, toutes compétitions confondues. Un bilan en cinquante apparitions qui améliore encore ses stats de la saison dernière, déjà impressionnantes pour un arrière latéral (quatre buts et trois passes décisives). La routine. Parce que si les recettes de l’Union ont changé quand Karel Geraerts a relayé Felice Mazzù sur le banc saint-gillois, certains ingrédients sont restés identiques.
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Aimanté par la confiance de Siebe Van der Heyden, mais surtout l’énergie de Teddy Teuma et l’exubérance technique de Loïc Lapoussin, le navire jaune et bleu penche systématiquement à babord lors de ses chorégraphies de possession. Attiré par le ballon et donc forcément magnétisé vers le flanc gauche, Victor Boniface ponctue l’histoire d’une équipe qui combine à gauche et court à droite. Et depuis que Dante Vanzeir a traversé l’Atlantique, généralement remplacé par un Simon Adingra qui aime plus le ballon que l’espace, il ne reste que Bart Nieuwkoop pour courir.
Le Batave est de ceux qu’on oublie facilement, surtout quand les bons pieds s’accumulent aux abords de la surface. Pourtant, son tableau de chasse national d’actions décisives arbore cette saison les scalps d’Anderlecht, de Bruges, du Standard, de Genk ou de l’Antwerp. L’incarnation d’un homme qui sait toujours frapper là où on l’attend le moins.
Bart Nieuwkoop n’a pas de grande palette technique, mais il a du flair. Celui de surgir au deuxième poteau quand les deux attaquants de l’Union ont aspiré la défense adverse hors de la zone. Celui d’être souvent assez lucide pour faire le bon choix, dans ces circonstances, entre une reprise et une remise. Un but ou une passe décisive. Généralement avec le bon goût de ne pas se tromper de cible.
Quand on affronte une équipe qui rassemble Adingra, Boniface, Lazare, Teuma et Lapoussin, personne ne s’inquiète vraiment quand Nieuwkoop a le ballon. Le Néerlandais le sait, et il préfère le laisser aux autres, pour le toucher dans les zones où il compte triple. Là, tout le monde devient inquiet, mais il est déjà trop tard.
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