L’arme secrète de l’Antwerp : Ekkelenkamp, le maestro silencieux
Dans le sprint final pour le titre, focus sur un atout trop peu évoqué de chaque candidat au sacre. Au Bosuil, Jurgen Ekkelenkamp est le plus discret des Bataves. Peut-être aussi le plus précieux.
Un Calvin Stengs qui déguste le carton jaune de trop, puis un Vincent Janssen qui serre les dents quand il quitte la pelouse. En plus de passer à côté de sa première balle de match à domicile, l’Antwerp devra faire sans ses deux Néerlandais les plus télégéniques pour son dernier déplacement de la saison. Heureusement, Mark van Bommel pourra toujours compter sur Jurgen Ekkelenkamp. Parce que si l’ancien de l’Ajax n’a pas la finition clinique de Janssen ou le sens du spectacle de Stengs, il est rapidement devenu un discret incontournable de ce onze rouge aux reflets orangés.
Ekkelenkamp a le teint presque blafard de ceux qui vivent hors de la lumière. Même quand il ouvre le score au Parc Duden, lors du premier match des play-offs, sa finition impeccable est occultée par le travail colossal de Jelle Bataille côté gauche. Le but tombe même aux oubliettes quand Mandela Keita se transforme en bulldozer pour doubler la mise. Le sacre en finale de la Coupe ne date alors que de quelques jours, mais qui se souvient encore de l’homme qui a poussé Dries Wouters à la faute sur le penalty qui offre l’ouverture du score à Janssen ? Jurgen Ekkelenkamp est de ceux qu’on ne voit nulle part, alors qu’ils sont partout.
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Plus que ses six buts et neuf passes décisives étalées entre la Coupe et le championnat, le cerveau batave de l’Antwerp brille par sa justesse dans le dernier tiers du terrain. Ses 62,5% de passes réussies vers la surface adverse résument la qualité de ses pieds, mais il faut ouvrir grands les yeux pour se régaler de celle de ses méninges. Sans être un expert du combat physique, l’enfant de l’Ajax brille sur les ballons qui rebondissent, parce qu’il semble toujours connaître l’endroit où ils finiront par s’amortir. Pas assez explosif pour dynamiter des défenseurs, Ekkelenkamp a appris à exister dans l’espace plutôt que dans le duel, s’isolant à merveille entre les lignes verticales du terrain, dans ces zones souvent libérées entre l’axe et les flancs.
C’est souvent là, dans les pieds du Batave, que la magie opère. Quand le Bosuil entre en ébullition pour la venue de l’Union, alors que beaucoup ont sans doute un peu les pieds qui tremblent, le cerveau de Jurgen Ekkelenkamp garde le contrôle. En chemin vers l’ouverture du score, alors qu’il a reçu le ballon relancé par Jean Butez une bonne cinquantaine de mètres plus bas, le milieu de terrain a la lucidité de ralentir face aux derniers résistants du bloc bas unioniste, apercevant la brèche dans laquelle il attend patiemment que Stengs s’engouffre. La lumière se partage entre la passe décisive du gaucher et la finition de son assassin de compatriote. Jurgen, lui, reste à l’ombre. Encore.
Au sein d’un Great Old qui s’est souvent distingué par la vitesse et la verticalité de ses reconversions cette saison, Jurgen Ekkelenkamp restera l’homme qui donne l’impression de voir au ralenti quand les jambes et les cœurs s’accélèrent. Le joueur des passes merveilleusement calibrées, des espaces comblés sans ballon et conquis en possession, le tout parsemé de quelques infiltrations qui valent des buts. Qui sait si dimanche, sur la pelouse de la Cegeka Arena, il ne se décidera finalement pas à prendre sa part de lumière ?
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