Maarten Vandevoordt joue la meilleure saison de sa jeune carrière © BELGA

L’arme secrète de Genk : l’année où Vandevoordt explose

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Dans le sprint final pour le titre, focus sur un atout trop peu évoqué de chaque candidat au sacre. Dans le Limbourg, Maarten Vandevoordt a franchi un palier.

Loin des années où le football était encore rudimentaire, à une époque où les gardiens enfilaient des gants plus adaptés au jardinage qu’à l’arrêt de frappes puissantes, les gants d’aujourd’hui ont des allures d’amortisseurs à ballons. Rien, par contre, n’est prévu dans l’équipement des derniers remparts pour amortir la pression. Celle qui pèse depuis quatre saisons sur les épaules de Maarten Vandevoordt prend la forme d’une étiquette. On peut y lire trois mots : « nouveau Thibaut Courtois ».

Le Trudonnaire, enfant prodige de l’école des gardiens du Racing Genk, coche trop de cases semblables à celles du parcours de la Pieuvre des Diables pour éviter le parallèle. Le problème, c’est qu’au jeu de la comparaison avec la créature de Bilzen, même des routiniers comme Petr Cech ou Keylor Navas ont fini étouffés par les tentacules. Que dire, alors, d’un jeune homme de 17 ans, propulsé aux portes de l’hiver 2019 sur les prés de la Ligue des Champions suite à la grave blessure de Danny Vukovic et aux prestations en dents de scie de Gaëtan Coucke.

Genk, à qui on reprochait de ne plus assez miser sur sa fructueuse académie, joue un all-in avec le jeune Maarten. Bombardé numéro un, le Limbourgeois encore fébrile apprend son métier sur le tas, avec des erreurs qui coûtent des buts et circulent sur tous les écrans du pays. Très vite, les suiveurs oublient son sens de l’anticipation d’exception loin de sa surface ou son aisance surnaturelle au pied pour ne retenir que ses relances ratées, ses sorties aériennes pas assez autoritaires ou ces coups francs qu’il encaisse à force de trop anticiper.

La hype retombe plus vite qu’il ne décolle. Critiqué pour avoir été trop porté aux nues – à ses dépens – le jeune gardien surprend presque toute la Belgique quand, au printemps dernier, Leipzig annonce sa future arrivée dans le club-phare de la galaxie RedBull. Les scouts aux taureaux rouges, considérés comme des références mondiales, auraient-ils vu quelque chose que la Pro League n’a pas décelé ?

Comme une rockstar qui aurait gardé sa meilleure chanson pour le rappel, Maarten Vandevoordt entame une tournée d’adieux – prévue sur deux saisons – d’exception. Dernier bouclier défensif du jeu à risques prôné par Wouter Vrancken, qui impose une défense haute et des espaces énormes parfois concédés à l’adversaire, le gardien se régale dans un jeu taillé pour ses qualités. En pleine confiance, il gomme ses faiblesses d’hier et devient même intransigeant quand ses couleurs, orphelines de Paul Onuachu, perdent de la confiance et augmentent leur fébrilité défensive. À 90 minutes de la fin de la saison, Vandevoordt est le gardien le plus sollicité de l’élite, avec 132 arrêts effectués depuis le début d’exercice.

Au classement des prevented goals, qui évaluent la différence entre la qualité des frappes concédées et les buts véritablement encaissés, le portier de Genk est le gardien le plus précieux de Pro League cette saison. Là où il encaissait légèrement plus qu’il ne le devait l’an dernier (-0,35 prevented goal), il a sauvé son Racing à maintes reprises avec 9,06 prevented goals depuis le mois de juillet. Un total qu’aucun autre gardien de l’élite n’atteint.

Précieux depuis le début des play-offs, avec des arrêts qui rapportent des points, Maarten Vandevoordt sera peut-être la clé du dernier match de la saison, en barrage vers les filets d’un Genk qui devra surtout penser à marquer pour rêver des lauriers.

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