Lapoussin solaire, Lang solitaire: les leçons du week-end de Pro League
Retour tactique en deux temps sur les enseignements du week-end de Jupiler Pro League.
Juste avant la trêve internationale, garante d’une dernière respiration avant le sprint final de la phase classique, la Pro League a encore ouvert la boîte à surprises. On pensait Bruges relancé après son succès contre le Standard, mais le Club de Rik De Mil a trébuché sur la pelouse d’un stade des Éperons d’or surchauffé ; on croyait l’Antwerp insubmersible depuis la reprise, mais le Great Old s’est fait piéger par les Carolos de Felice Mazzù, de retour dans la course au top 8. Bruges est le perdant du week-end, l’Union le grand gagnant, et on s’attarde sur deux des animateurs de deux clubs aux trajectoires bien différentes : Noa Lang et Loïc Lapoussin.
Noa Lang, trop grand pour la Pro League ?
On a de Noa Lang l’image d’un talent égoïste, d’un joueur qui préfère le ballon à ses coéquipiers et l’exploit individuel à l’euphorie collective. Pourtant, au-delà d’un langage corporel qui peut parfois sembler auto-centré, le Néerlandais délivre depuis plusieurs semaines des démonstrations de flair, malheureusement trop rarement récompensées par les autres armes de l’arsenal offensif brugeois. Entre corners déposés sur la tête d’Abakar Sylla, ballons délicieux dans la course de Tajon Buchanan ou centre caviardé vers Roman Yaremchuk, l’ancien Ajacide a étalé toute sa panoplie sur la pelouse du stade des Éperons d’or, avec 0,85 expected assist au coup de sifflet final mais pas une seule passe décisive à ajouter à son compteur. Cette saison, Lang n’affiche d’ailleurs que deux assists malgré ses 5,32 xA, et paie son manque de stats en disparaissant de la dernière sélection oranje.
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Les chiffres racontent bien moins d’égoïsme que l’étiquette. Le terrain aussi. Sur le côté gauche de l’attaque, s’il aime avant tout faire corps avec un ballon qu’il caresse jusqu’au moment où il choisit de le brusquer pour prendre l’adversaire de vitesse, Noa Lang n’oublie presque plus jamais de lever la tête, qu’il déborde le long de la ligne ou repique vers l’intérieur.
La panoplie est de plus en plus complète, toujours difficile à défendre, et fait du Batave un casse-tête pour Courtrai et ses prises en charge homme contre homme. Insuffisant pour faire gagner Bruges, mais bien assez pour que ceux qui regardent au-delà des feuilles de stats voient que Noa Lang est redevenu l’un des meilleurs joueurs du championnat.
Loïc Lapoussin, joueur infini
Parce qu’il fallait alors faire sans Bart Nieuwkoop, Karel Geraerts avait décidé de positionner Loïc Lapoussin sur le côté droit de son 3-5-2 lors de la précédente sortie unioniste au Parc Duden. C’était face à Eupen, et le dynamiteur malgache s’était très vite agacé d’une réalité qu’il a pourtant lui-même indirectement engendrée depuis deux saisons en étant sevré de ballons dans les pieds. Pourtant, si l’Union combine à gauche et court à droite, c’est avant tout parce que c’est par là qu’elle s’est habituée à associer Lapoussin avec Teddy Teuma et un attaquant solide dos au jeu, que ce soit Deniz Undav ou Victor Boniface. C’est dans ce jeu de combinaisons courtes et d’espaces réduits que l’ancien de Virton se sent chez lui, enfermé entre des corps adverses qu’il repousse en un coup de reins pour ouvrir de l’espace au reste de son équipe.
Quand il avait entre les mains la bombe Kaoru Mitoma, Felice Mazzù a dû finir par faire des choix. Difficile, pourtant, de se passer de son couteau suisso-malgache, capable de bien faire tant de choses. Alors, Lapoussin évoluait parfois au milieu de terrain, alternant chorégraphies collectives et pas de danse individuels pour faire des différences dans la zone du pré où les espaces sont normalement les plus rares, les respirations moins fréquentes.
Si Loïc Lapoussin s’épanouissait aussi au milieu, c’est parce qu’il est bien plus qu’un dribbleur. Le Malgache a le flair des meneurs de jeu, le coup de génie de ceux qu’on préfère voir près de la surface que collé à la ligne, parce qu’avec eux tout est possible. Face à Malines, son coup de canon à l’entrée de la surface était encore là pour le prouver : avec Lapoussin, tout peut arriver. Il faut seulement que le ballon parvienne jusqu’à ses pieds.
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