Sélection des Diables rouges : Tedesco face à l’ombre des anciens (analyse)
Witsel, Courtois et Alderweireld ont été au menu de la conférence de presse de Domenico Tedesco, bien plus que Koni De Winter.
Ils seront 25. Soit plus que jamais, depuis que Domenico Tedesco a pris la tête des Diables rouges il y a un an. Pourtant, dans l’imposant hall d’accueil du musée Hergé de Louvain-la-Neuve, les noms qui ont fait voyager le micro de chaise de journaliste en chaise de journaliste étaient surtout ceux que le sélectionneur n’avait pas cités.
Si c’est par défaut que la Belgique s’est mise à vivre sans Kevin De Bruyne depuis le mois de mars 2023, date de sa dernière apparition chez les Diables avec une démonstration amicale sur le sol allemand, trois autres glorieux anciens ont fait siffler les oreilles du coach. Prolongé jusqu’en 2026, Domenico Tedesco a pris sa rafale habituelle de questions au sujet de Thibaut Courtois. De retour à l’entrainement avec le Real Madrid, annoncé « de retour à la fin du mois de mars » par son coach Carlo Ancelotti, le gardien belge sera probablement en forme quand l’Euro pointera le bout de son nez.
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Si la blessure n’était évidemment pas diplomatique, son coup de sifflet final remet inévitablement la question relationnelle sur la table. Tedesco l’a bottée en touche à plusieurs reprises, remettant la balle entre les gants d’un Thibaut Courtois qui a bien fait comprendre que si l’avenir des Diables se faisait avec l’entraîneur italo-allemand, il serait certainement sans lui.
Cette semaine encore, le gardien du Real a liké sur les réseaux sociaux une interview d’Axel Witsel par Proximus Pickx. Le Liégeois s’y dit déçu par les explications trop brèves et, à ses yeux, insatisfaisantes de Tedesco pour justifier son absence du premier rassemblement de la nouvelle ère diabolique, en mars 2023. Depuis, Witsel vit une nouvelle jeunesse au sein de la rigoureuse défense à trois de l’Atlético de Madrid, tombeuse de l’Inter en huitièmes de finale de Ligue des Champions à la veille de l’annonce de la liste des Diables.
Appelé par une bonne partie des suiveurs et consultants pour intégrer la défense à quatre de la Belgique, pas toujours sereine lors des qualifications, le Madrilène ne l’a pas été par Tedesco. Pas plus que Toby Alderweireld, lui aussi toujours irréprochable – sur le terrain du moins – avec l’Antwerp. « On doit permettre à nos jeunes joueurs de faire des erreurs pour progresser, et leur faire sentir qu’on leur fait confiance, justifie le sélectionneur. En défense, ils sentent notre confiance. »
Tant pis si ceux qui tiraient à boulets rouges sur le vieillissement de la génération dorée réclament aujourd’hui le retour en grâce de plusieurs de ses cadres. Tedesco décide, de son côté, de miser sur le rajeunissement des troupes. Parmi la liste des 26 joueurs emmenés à l’Euro 2021 par Roberto Martinez, ils ne sont en effet que neuf à figurer dans les 25 noms de ce rassemblement de mars. Si Yannick Carrasco et Kevin De Bruyne en auraient sans doute fait partie sans leur blessure, le changement de règne est évident. Celui de style l’est tout autant.
Dans une Belgique qui court, pas de place pour trop de jambes vieillissantes. C’est probablement ce raisonnement qui écarte aussi Thorgan Hazard, nom dégainé par un journaliste à la fin de cette conférence de presse où on a plus parlé des absents que des présents. « Thorgan joue une saison fantastique mais à cette position, on a beaucoup de bons joueurs et la concurrence est très élevée », rétorque Tedesco avant d’égrener une liste d’ailiers aux airs de bal de promo, tant la jeunesse est au rendez-vous. Le sélectionneur est tourné vers le futur et la Fédération semble le suivre, avec un contrat prolongé avant la grande échéance européenne de l’été.
Cela veut-il dire que les anciens sont écartés ? Le retour inattendu de Thomas Meunier, là où beaucoup attendaient l’Unioniste Alessio Castro Montes, semble prouver le contraire. La différence avec Alderweireld ou Witsel, c’est que le latéral n’a jamais annoncé sa retraite internationale, avant ou après l’arrivée de Tedesco. Au contraire. « Même si je n’y vais pas durant trois ans et qu’on vient me rechercher, je serais le plus heureux des hommes. Ce n’est pas quelque chose qui se refuse », avait expliqué Meunier à la RTBF à la fin de l’année dernière. « L’équipe nationale, ce n’est pas à la carte. On joue pour sa patrie, cela ne doit pas être une histoire d’ego. »
Dans la foulée des 25 noms égrenés par Domenico Tedesco, on a pourtant beaucoup parlé de noms propres à Louvain-la-Neuve. Svilar, Courtois, De Bruyne, Alderweireld et Witsel : tous sont arrivés sur la table avant Koni De Winter, unique nouvelle tête de la sélection. Autant de témoins d’une Belgique qui, même pas deux ans après les avoir houspillés, semble commencer à souffrir du divorce brutal avec sa génération dorée. Tedesco a choisi d’avancer sans eux, préférant parler des joueurs présents considérant que les absents ont toujours tort. Son problème potentiel, c’est peut-être que les absents sont toujours forts.
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