L’Allemagne est surfaite
Une défense instable, pas d’idées au milieu de terrain, pas d’incisivité en attaque : l’Allemagne est encore tombée de son piédestal lors de la Coupe du monde.
Non, Hansi Flick ne pense pas à démissionner. Il l’a réaffirmé jeudi soir, après l’élimination.
Il attend avec impatience l’EURO de 2024 dans son pays ; en fin de compte, dit-il, l’équipe nationale allemande a suffisamment de potentiel. Voilà qui caractérise le sélectionneur national : Flick prêche le positivisme, il aime consulter ses assistants, il associe les joueurs à ses idées, il a fait disparaître au cours de ses quinze mois de mandat l’atmosphère quelque peu paralysante qui régnait au sein de la Mannschaft sous Joachim Löw. Sa façon de jouer exige intensité, variation, initiative, esthétique. Mais pas seulement pour la beauté du geste, il s’agit de marquer des buts.
C’est ce qu’il a dit avant la Coupe du monde et tout le monde a semblé suivre son discours. Parce que Flick vend bien son message, il assume ses responsabilités à l’extérieur lorsque quelque chose ne va pas, bien qu’au sein du vestiaire il parle un langage clair. Ce n’est pas un innovateur, il est plutôt conservateur dans ses choix et peu audacieux, mais l’optimisme du groupe était élevé. “Hansi Flick est l’entraîneur idéal pour les grands tournois », a ainsi déclaré le gardien de but Manuel Neuer. Et d’ajouter : « La défense sera la clé du succès. Et surtout, nous avons un attaquant qui n’a pas besoin de beaucoup d’occasions pour marquer ».
Soit précisément les points problématiques de l’équipe allemande. La défense ne dégageait pas de certitudes, le manque de fraîcheur en attaque sautait aux yeux. De manière révélatrice, lors du deuxième match contre l’Espagne, Flick a fait entrer le parafait inconnu sur le plan international, Niclas Füllkrug. L’attaquant de 29 ans du Werder Brême jouait encore en deuxième Bundesliga la saison dernière. Füllkrug a cependant offert l’égalisation qui a permis à l’Allemagne de rester dans la course au huitièmes de finale.
Mais après la surprenante victoire du Japon contre l’Espagne, la porte s’est refermée pour de bon. Comme en 2018, l’Allemagne est éliminée dès le premier tour de la Coupe du monde. Il apparaît maintenant que l’équipe est fortement surestimée. Le quadruple champion du monde est incapable d’imposer sa volonté contre des équipes qui se replient, il est incapable de déchirer les défenses par des actions fluides. Le fait que lors du match contre le Costa Rica, Jamal Musiala, l’un des rares éclairs dans la grisaille, ait été constamment sollicité est révélateur de cette impuissance. Le milieu de terrain du Bayern Munich est talentueux et créatif, mais il a à peine 19 ans.
En réalité, le déclin de l’équipe nationale allemande a déjà commencé après le titre mondial remporté en 2014. Il y a trop peu d’arrivée de nouveaux talents, il y a quelques manquements dans la formation, des réformes sont nécessaires. À cet égard, le directeur sportif Oliver Bierhoff, 18 ans à la Fédération, est désormais discuté. La réalité, c’est que le statut qu’avait l’Allemagne s’est estompé. Il y a tout simplement trop peu de talents. En outre, au Qatar, il s’est avéré qu’il n’y avait pas assez d’envie dans l’équipe, que l’attitude laissait parfois à désirer, qu’il n’y avait pas d’harmonie, pas de leader et pas de hiérarchie claire dans l’équipe. Et il y a eu des frictions. Comme c’est apparu clairement après le match contre le Japon lorsqu’Ilkay Gündogan, à propos d’un des buts encaisés, a parlé de « but le plus facile jamais marqué en Coupe du monde ». Ce faisant, il pointait du doigt l’alignement de la défense.
Hansi Flick n’a pas livré de bon travail lors de cette Coupe du monde. Ses remplacements étaient discutables et il a fait des interventions malheureuses, notamment lorsqu’il a repositionné le solide milieu défensif Josha Kimmich au poste d’arrière droit. Avec Bierhoff, Flick est attendu au siège de la Fédération allemande la semaine prochaine pour une réunion de crise. Le président fédéral Bernd Neuendorf souhaite entendre une analyse sportive claire et, surtout, des perspectives d’avenir. L’EURO en Allemagne commence dans 18 mois. Personne ne sait comment Flick va changer de cap d’ici là.
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