La Super Ligue ne peut pas être bloquée par l’UEFA et la FIFA, tranche la justice européenne : une nouvelle version à 64 équipes présentée
La Super Ligue, projet de compétition footballistique porté à l’origine par douze clubs européens, avait été bloquée par les fédérations internationale et européenne de football. La Cour de Justice de L’Union européenne vient de leur donner tort.
La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a prononcé un arrêt estimant que le veto sur cette compétition ne respectait pas le droit européen. « Les règles de la FIFA et de l’UEFA sur l’autorisation préalable des compétitions de football interclubs violent le droit de l’Union« , car « elles sont contraires au droit de la concurrence et à la libre prestation des services » a publié la CJUE dans un communiqué, jeudi.
La European Superleague Company, société montée afin de bâtir la Super Ligue, avait saisi le tribunal de commerce de Madrid en Espagne d’une action contre la FIFA et l’UEFA. La Cour avait ensuite été interrogée par ledit tribunal, qui avait des doutes quant à la position de monopole de la FIFA et de l’UEFA sur le marché des compétitions footballistiques et l’exploitation des droits médiatiques, jugée contraire au droit de l’Union européenne par la European Superleague Company.
La CJUE a constaté que ces activités étaient d’ordre économique et qu’elles devaient « respecter les règles de concurrence ainsi que les libertés de circulation« . Elle a ensuite jugé que « la FIFA et l’UEFA se trouvaient en situation d’abus de position dominante » car leurs pouvoirs n’étaient pas encadrés par des critères en assurant « le caractère transparent, objectif, non discriminatoire et proportionné ».
Pas d’avis sur cette compétition précise
Cependant, elle ne s’est pas prononcée en faveur de l’autorisation nécessaire du projet précis de Super Ligue. « La Cour étant interrogée, de façon générale, sur les règles de la FIFA et de l’UEFA, elle ne prend pas position, dans son arrêt, sur ce projet spécifique. » Si la CJUE a relevé l’abus de pouvoir de la FIFA et de l’UEFA, elle laisse le loisir au tribunal de commerce de Madrid de statuer sur la question selon ses compétences. Elle ne tranche pas le litige national, qui appartient à la juridiction, mais émet seulement une interprétation du droit de l’Union.
Le 18 avril 2021, douze clubs européens (AC Milan, Arsenal, Atlético de Madrid, Chelsea FC, FC Barcelone, Inter Milan, Juventus, Liverpool, Manchester City, Manchester United, Real Madrid et Tottenham) avaient lancé la Super Ligue, une compétition privée vouée à supplanter la Ligue des Champions et les autres compétitions chapeautées, notamment, par la confédération européenne de football, l’UEFA, et la fédération internationale, la FIFA.
La déclaration avait provoqué l’émoi dans le monde du football qui s’était levé d’un seul homme, ainsi que de nombreux responsables politiques et autres intéressés.
La FIFA et l’UEFA s’étaient fermement opposées à l’organisation de la Super Ligue, la confédération européenne menaçant notamment d’exclure les clubs impliqués dans ses compétitions. Le projet avait alors été suspendu après que plusieurs clubs anglais avaient annoncé vouloir s’en retirer.
De nouveaux plans avaient suivi, avec des modifications impliquant plus de clubs et effaçant l’aspect exclusif et fermé de la Super Ligue.
Une compétition ouverte à 64 clubs
Une nouvelle version de la Super Ligue a été présentée par A22 à l’occasion d’une conférence de presse. Bern Reichart, CEO du promoteur de la compétition, a dévoilé le projet quelques heures après l’arrêt publié par la CJUE.
La compétition, au contraire de sa première mouture, ne compterait pas de membres permanents. Les participants ne seraient choisis « au mérite, dans un système compatible avec les ligues domestiques ». Un total de 64 clubs seraient divisés en trois divisions, elles-mêmes subdivisées en groupes de 8 équipes.
Une première phase verrait les équipes s’affronter en matches aller-retour avant une seconde phase à élimination directe entre les meilleures d’entre elles pour désigner les vainqueurs de chacune des trois divisions.
Il a également été question d’une Super Ligue féminine organisée avec un système similaire, mais avec 32 clubs. La conférence de presse a mis l’accent sur l’importance de la promotion du football féminin. L’un des autres éléments mis en avant a été la volonté de créer une communauté de spectateurs qui pourraient suivre l’ensemble des matches gratuitement. Bern Reichart a refusé de citer le nom de clubs qui seraient impliqués dans l’organisation du projet.
La banque JPMorgan, qui était supposée soutenir financièrement le projet original à hauteur de 4 milliards, n’a pas non plus été citée, tandis que le conférencier a tendu la main aux « potentiels investisseurs ».