© Koen Bauters

La red flame de la Fiorentina

Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

Le football, c’est de la passion. Cela vaut aussi pour les femmes. À intervalles réguliers, nous donnerons la parole à l’une d’entre elles, passionnée par le sport. Cette semaine, place à Heleen Jaques (30 ans), joueuse des Red Flames, analyste sur la chaîne flamande Sporza et active aujourd’hui à la Fiorentina.

Heleen Jaques : « Ces dernières années, le football est devenu très populaire chez les filles. Le nombre d’affiliées a quasiment triplé. J’ai assisté à la finale de la coupe chez les U16 : j’ai vu beaucoup de talent, c’était beaucoup plus technique et beaucoup plus rapide que lorsque je jouais moi-même chez les jeunes. Anderlecht a une très bonne génération en devenir. Si toutes ces jeunes pousses sont bien guidées, l’avenir du football belge s’annonce radieux. »

« J’ai commencé à Torhout, où j’ai joué avec les garçons jusqu’à 16 ans. C’est mon professeur de gymnastique à l’école qui m’a conseillé Saint-Trond. C’est ainsi que j’ai atterri en première division. Je n’étais pas la joueuse la plus talentueuse mais j’étais très persévérante. Souvent, on m’a dit que je n’y arriverais pas. J’ai un jeu assez viril. Je le dois à mon père, qui a insisté pour que je conserve cette virilité. Je devais faire sentir ma présence sur le terrain. En jouant avec les garçons, j’ai appris à être dure. Mon frère aîné était un sale joueur (elle rit).  »

« Entre 16 et 18 ans, j’ai douté. Avais-je envie de continuer le football ? Mais c’était plus lié à mes études qu’aux préjugés. Je ne faisais guère attention aux remarques selon lesquelles ‘toutes les joueuses de football seraient lesbiennes’. Je pense que ce genre de remarque s’entend de moins en moins. Avec les Red Flames, surtout, nous avons conscience d’avoir un rôle d’exemple à jouer. Nous essayons de nous montrer sous notre aspect le plus féminin. »

« J’ai souvent changé de club ( Torhout, KRC Zuid-West, STVV, Herforder SC, Turbine Potsdam, Club Bruges, Anderlecht, ndlr). Je suis d’avis qu’il vaut mieux ne pas rester plus de trois ans dans le même club. Sinon, on devient trop amies. Cela doit rester un défi. Cet été, je suis partie à la Fiorentina. Le club italien s’était déjà intéressé à moi l’an passé, tout comme l’Atlético Madrid, mais je venais d’acheter une maison avec Mario ( Ballegeer, son compagnon qui a officié comme analyste video au Club Bruges jusqu’il y a peu,ndlr) et je voulais avoir des garanties pour le Championnat d’Europe. »

« Je trouve que ma première expérience européenne, à Herforder SC, a été une réussite, Potsdam, par après, s’est révélé un choix moins heureux. Je sentais pourtant que j’avais le niveau, mais l’entraîneur, un septuagénaire de l’ex-Allemagne de l’Est, ne jurait que par l’ancien régime. Il nous est arrivé d’avoir trois entraînements par jour durant neuf semaines d’affilée. Mes muscles n’ont pas tenu le coup. Au début j’ai beaucoup joué, jusqu’en janvier. Mais je souffre d’asthme à l’effort. Lorsqu’il fait très froid, j’éprouve des difficultés à respirer et j’ai des accès de toux. Je voulais rentrer en Belgique pour me faire examiner, mais l’entraîneur m’a dit : ‘Alors, tu connais ta place à ton retour’. Après cela, je n’ai plus joué qu’un seul match.  »

« Comme analyste, je place la barre moins haut. Car c’est finalement un job accessoire. J’ai travaillé toute ma vie pour devenir joueuse de football professionnelle. J’analyse énormément le jeu. Beaucoup de gens suivent le ballon, mais on apprend beaucoup plus en observant les espaces où le ballon ne se trouve pas. Je suis curieuse de voir si ce que j’aurai appris comme analyste me servira dans mes prestations comme joueuse. »

« Je m’entends très bien avec Imke Courtois. C’est elle qui a glissé mon nom à Sporza. Cela reflète son ouverture d’esprit et sa spontanéité. Je comprends qu’elle arrête à 30 ans, elle veut encore découvrir tellement d’autres choses dans la vie. Moi, je suis focalisée sur le football. Aussi longtemps que je peux jouer, je me donnerai à fond. Ces deux dernières années à Anderlecht, j’ai pu pratiquer mon métier à temps plein. À la Fiorentina, c’est le cas aussi. Je ne pourrai pas faire beaucoup d’économies, mais je gagnerai assez pour vivre. Dans le football féminin, il n’existe pas vraiment de références pour savoir ce que l’on peut exiger comme salaire. On ignore ce que les clubs sont capables de donner. Dans mon nouvel environnement italien, je veux me jauger une dernière fois. Nous jouerons la Ligue des Champions et nous voulons remporter un trophée national en Italie. »

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